29 mai 2023, 15:45

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 68

Blogger : Clément
par Clément


Une fois encore, la soixante-huitième quand même, vos trois ambassadeurs du côté obscur de la force ont embarqué pour un aller simple au cœur des ténèbres pour vous ramener le meilleur, ou tout du moins le plus vil du metal qui sent fort ! Alors oubliez tracas et turpitudes du quotidien : enfilez votre plus beau cuir, chaussez vos fidèles Rangers, installez-vous confortablement et, surtout, ne prévenez pas les voisins... De toute manière cela ne sert à rien puisqu'ils vous détestent déjà ! Et ils ont raison, les bougres, une fois encore, au vu du programme toujours aussi bruyant que ces trois-là leur ont réservé, hin hin...
 

NEFARIOUS MASH : « In Memory Of Your Hopes » (Autoproduction)

NEFARIOUS MASH fait partie de ces groupes indescriptibles, avant-gardistes et qui se placent en dehors de tout cadre musical. Pourtant, il se dégage de son black metal un côté complètement addictif, fascinant, dont on a du mal à préciser les tenants et les aboutissants.
Le one-man band grenoblois nous assène en 9 titres, une bonne dose de hargne, de brutalité dissonante, de vocaux extrêmes mais aussi une richesse rythmique et un déferlement de riffs tonitruants sans limites de créativité. Les morceaux de « In Memory Of Your Hopes » sont intenses, frénétiques, mélangeant de vrais passages extrêmes aux influences de musique contemporaine et de jazz dont la tête pensante de NEFARIOUS MASH, Eddy Jaber, est familier.
A l'écoute de ce premier album, on peut tour à tour ressentir de la nostalgie, de la colère, de la tristesse, de la détresse même, en tout cas, la musique proposée questionne la condition humaine et remet en cause sa légitimité. Mention spéciale aux titres "Sin Of Intelligence" pour son aura particulière et "Mourning Of Emancipation" pour sa modernité et ses vocaux déchirants. Alors ne cherchez pas à comprendre, laissez-vous transporter et vous serez séduit par ce qui semble pourtant a priori insaisissable.
(Aude Paquot)


​WEGFEREND : « En Autremonde - Chapitre Second » (Mors Ultima Ratio)

Après un premier volet de 4 titres sorti en octobre 2019, le groupe de folk français WEGFEREND revient cette année avec la suite d' « En Autremonde ». Cette fois-ci, ce sont 7 nouveaux morceaux aussi mystiques qu'enivrants que nous délivre le trio toulousain.
Au programme, des guitares acoustiques, des tambours, des flûtes et une voix féminine de toute beauté. On se retrouve alors plongé dans un autre espace-temps, entre récits d'anciennes croyances et évocation d'un monde d'émotions, on se laisse facilement saisir par l'harmonie des paysages imaginés.
Qu'il s'agisse d'un rêve chamanique ou d'une impression furtive, l'ensemble de l'album nous transporte littéralement grâce à des rythmes marqués, des mélodies enchanteresses et, surtout, une atmosphère de sérénité mélancolique dont on s'imprègne volontiers. « En Autremonde-Chapitre Second » est un mélange délicieux entre ambiance médiévale, univers celtique et folk fantastique. Les différents instruments utilisés apportent une vraie profondeur poétique et le dernier morceau éponyme, avec la présence du violoncelle, referme l'écoute sur une touche orientale qui ouvre encore les horizons d'une musique traditionnelle mais sans frontières.
Pour les amateurs de dark folk de qualité ou tout simplement pour celles et ceux qui veulent se plonger dans d'autres temps et d'autres lieux.
(Aude Paquot)


MILLIGAN : « Play Me » (Autoproduction)

William Stanley Milligan, surnommé Billy, demeure un cas unique dans la psychiatrie et la criminologie du monde moderne.
Né en 1955 aux States, accusé de plusieurs viols atroces commis dans l'Etat de l'Ohio, il sera finalement jugé contre toute attente non responsable à cause de troubles mentaux graves.
Le diagnostic des experts conclut en effet à l'époque à un trouble dissociatif de la personnalité sévère. "Des personnalités", devrait-on dire, puisque 24 individus cohabitaient en lui en même temps jusqu'à sa mort en 2014 (un record !), 10 au caractère sociable et 14 au comportement totalement immoral.
Voici donc en quelques mots l'origine du nom choisi par ce jeune groupe tchèque de death metal dont « Play Me » représente l'entrée officielle dans le metal.
10 titres au caractère sociable aussi dans la mesure où le résultat est très nettement supérieur à ce qu'on peut tolérer habituellement pour des débutants.
L'intensité prend à la gorge dès le début ("Fox In The Chicken"), les compositions tiennent carrément la route ("Die on a Diet") même si certains passages traînent un peu en longueur.
A l'image de Billy Milligan, ce groupe possède un talent latent pour marquer l'histoire, celle du metal.
(Crapulax)


MENACE : « Open Fire » (Razorbleed Records)

En philosophie, on définit le génie par un ensemble de plusieurs critères conjugués : son caractère précoce, sa grande productivité, son originalité et son style étudié en école.
Appliqué aux groupes de musique contemporaine et sans entrer dans les détails, on peut dire que des formations comme AC/DC, BLACK SABBATH ou, plus récemment RAMMSTEIN au succès commercial incontestable, copiées dans le monde entier au vu de la pléthore de clones, rassemblent des critères suffisants pour être considérés comme géniaux eux aussi. C'est également le cas de DEATH ! La preuve : une de ses nombreuses copies carbone, MENACE, qui poursuit l'héritage plus de vingt ans après la mort de son leader Chuck Schuldiner.
Les Grecs se révèlent techniquement à la hauteur et très proches du modèle original ("Narcissist", "Existential Slavery" ou "Uncensored Truth" qui clôture l'album), ce qui n'est déjà pas un mince exploit en soi !
Sans être équivalente, la voix du guitariste/chanteur Stelios Kartsonis utilise les mêmes intonations, ce qui renforce l'impression de similitude. Cela divisera sans doute les fans mais bon, faut se rendre à l'évidence : c'est MENACE ou la réécoute des albums de DEATH pour la 200e fois !
(Crapulax)


FEN & DE ARMA : « Towards The Shores Of The End » (Nordvis Produktion)

Initialement sorti sur le label suédois Nordvis en 2011 et sold-out depuis bien longtemps, ce split CD entre deux formations de black metal atmosphérique bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle édition fort réussie. A mettre à son actif : un passage aux studios Necromorbus sous la houlette du producteur Tore Stjerna pour un remastering respectueux et un nouvel artwork, superbe, signé par Khaos Diktator Design (à la manœuvre sur les derniers LOCK UP, NORDJEVEL ou DEVOURMENT).
Et toujours ce doigté si délicat proposé par le trio londonien FEN pour trousser des ambiances sombres et intimistes qui évoquent les premiers efforts d’ALCEST. La patte black metal est néanmoins plus présente que chez ce dernier et le groupe délivre ici 4 titres emprunts d’une profonde nostalgie. Superbe.
DE ARMA, side project d’A. Patterson (ARMAGEDDA), n’est pas en reste quand il s’agit de délivrer des riffs hypnotiques, pleins de solennité et de désespoir et le duo suédois fait mouche à chaque coup. Que ce soit sur les raclement de gorge ou les envolées claires, le chant est ici impeccable d’autant qu’il complété par une section rythmique bougrement efficace.
Poignant et majestueux, ce split de 52 minutes, sold-out depuis bien longtemps, est un petit bijou qui se doit d’être mis au plus vite entre toutes les esgourdes exigeantes...
(Clément)


VOCIFERIAN : « L’Os qui Germe » (Meuse Music)

Changement de registre avec VOCIFERIAN, œuvre d’une seule âme tourmentée qui ne prend pas de gants, à moins qu’ils ne soient cloutés, sur « L’Os qui Germe » (alias ostéomyélite pour les passionnés de bactériologie). Adrien Weber, alias Lord Genocide, fait une nouvelle fois la part belle pendant une trentaine de minutes aux vocalises douloureuses, rythmiques belliqueuses et autres dissonances lugubres.
Le programme est ici redoutable, portant en chacun de trois ses actes noirs une maturité dans la composition ainsi qu'une recherche du riff qui fait mouche toutes deux évidentes. Et dès les premières minutes de "Ecorce des Astres [Li Neûre Poye]", la froideur et la folie de l’ensemble confèrent à la musique de VOCIFERIAN quelque chose de décalé et d’intriguant qui ne peut pas laisser de marbre.
Loin d’être évident à apprivoiser, et c’est tant mieux, le black metal dispensé ici s’accompagne également d’un épilogue tout en nuances qui offrira un moment de répit à l’auditeur après cette plongée en eaux troubles redoutable.
Limité à 300 exemplaires, ce disque au format digisleeve agrémenté d’un artwork remarquable filera son lot de sensations fortes à ceux qui oseront poser leurs esgourdes dessus !
(Clément)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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1 commentaire

User
Johannes Richter
le 01 juin 2023 à 10:18
Clément, merci pour VOCIFERIAN, tres interessant!
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