Arpentant un chemin musical fort d’une expérience de 3 décennies, il était évident que MASS HYSTERIA serait un jour autre chose que simplement un grand groupe accouchant d’un nouvel album. Déjà parce que le style de nos furieux adorés est bien établi et reconnu depuis de nombreux albums, mais aussi connaissant leur volonté indéfectible de convertir les masses à leur positivité musicale hystérique, il était donc certain qu’un jour viendrait une nouvelle étape de leur épopée. Voici « Tenace - Part. 1 ».
"Tenace" résonne pour hisser haut l’étendard de la symbolique de MASS HYSTERIA. Sur des samples electro-indus sans doute issus des travaux de Georgio Moroder pour Metropolis, Raphael explose son kit au point que l’on devrait le rebaptiser Martial. La basse de Jamie ronfle fort et les guitares franchissent le mur du bruit. Mouss fait claquer son slam classieux comme jamais. Mots forts contre maux universels, appel à lutter, toujours et encore. Les chiens de la casse appelés à passer à l’action, passés en mode loups avec autour du cou un "pass". Ça démarre fort, ça démarre comme du MASS HYSTERIA. Mouss s’exprime sur ses ressentis, rimes fortes à l’appui, nous interpelle avec "Allégorie dans la Brume". Le rythme s’est encore accéléré, expression de l’urgence des temps modernes où MASS HYSTERIA se refuse à être un Charlot. Les guitares de Fred et Yann, réels guerriers du riff, déchirent le silence des ombres. Le morceau est allégorie à lui seul, celle du metal et des sens en fusion, la batterie devient machine qui se révolte, comme un écho "terminatoresque". Le réveil des masses silencieuses. Plus médiator que médiateur. L’urgence est de plus en plus pressante pour la basse-cour défiant les monarques.
"Mass Veritas", nous l’écoutons depuis quelques semaines. Efficace de puissance, lancinant dans ses refrains, pamphlet de l’à-propos en guerre contre les propos des adorateurs du magot. De l’optimisme dans la colère, évidemment. Plus uniquement positif à bloc, l’énervement est monté à bord pour un appel au réveil des masses. "Le Triomphe du Réel" assène un metal qui s’accélère, qui swingue avec les machines exaltées, les riffs déferlent, lâchés tels des fauves "saigneurs" de la fosse. Il y a réellement un agencement cohérent dans l’enchaînement sur cet album, comme si la réflexion s’était faite musique. MASS HYSTERIA nous amène à contempler "L’Art des Tranchées", un morceau qui tranche dans le lard avec son art de l’authenticité, son expression de la passion pour notre genre musical de prédilection. Et toujours omniprésents, ces samples obsédants et la texture prégnante des textes. MASS HYSTERIA est metal dans l’âme et dans le geste, révolté et résistant dans son message, une entité toujours et "Encore sous Pression".
Cette première partie s’achève par un coup d’éclat. Comme pour revendiquer son appartenance à la culture française populaire (honnêtement, qui en doutait ?), MASS HYSTERIA provoque "Le Grand Réveil" qui voit s’allier le style metal de MASS au classique de Fréhel "Où sont tous mes Amants ?". Quelle émotion, larme à l’œil, j’entends l’accordéon de mon grand-père qui enchantait les fronts populaires accompagné par les riffs des hurleurs de rue d’aujourd’hui. Un hymne à la vie, un appel à la résilience. Magnifique.
MASS HYSTERIA écrit un nouveau chapitre de son évangile, avec de l’encre gorgée d’une force sonore authentique. L’attente va être longue jusqu’à la 2e partie. L'Humain est dans la machine, s'efforçant de relier la main au cerveau avec un cœur musical, tel un néo-Fritz Lang, 100 ans après.