Nous avions laissé MOONREICH en 2019 avec l’EP « Wormgod » sur lequel le groupe s’était notamment fendu d’une superbe reprise, sombre et passionnée, du "Broken" de DEPECHE MODE. Quatre ans plus tard, les Parisiens sont de retour avec un cinquième album qui refuse l'immobilisme, explosant au passage les recoins malfamés du black/death maléfique dans lequel il évoluait il y a de cela encore quelques années. Pas si éloigné de ses petits camarades de REGARDE LES HOMMES TOMBER, le groupe emprunte comme lui des chemins de traverse qui confèrent à « Amer » une volonté de ne pas être enfermé dans une case bien définie. Et c’est tant mieux.
Les riffs cohabitent ainsi en harmonie avec une section rythmique qui balance mélodie meurtrière sur riff d'acier. "Where We Sink" et "Astral Jaws" portent à ce titre MOONREICH à son firmament créatif, mêlant avec un certain doigté ce sens du break qui tue et du parpaing bien lourd lâché sans ménagement. L’exécution de l’ensemble est limpide même dans les passages plus speed : les mélodies se montrent omniprésentes, distillées çà et là avec classe, calées entre deux assauts rythmiques fracassants. Mais c’est à mon sens sur le finisher "The Cave Of Superstition" qu’il sort le grand jeu en sortant un déluge de riffs taille patron qui fait la nique aux rythmiques, vertigineuses, gorgées de dissonances maléfiques. Les sombres ambiances matérialisent à merveille le côté plus "progressif" du disque, des structures plus complexes et abouties qui font mouche à chaque fois. Et ce qui prédomine finalement à l’écoute du nouvel album de MOONREICH... c’est la maîtrise. Une maîtrise logique au vu de l’évolution qu’a entamé le groupe depuis ses débuts, quelque part en 2008, mais alors sans ligne directrice bien précise. La bande à Weddir a affiné depuis son style pour s’inscrire dans une mouvance plus sombre, jonglant entre envolées brutales et parties plus calmes, rythmiques écrasantes qui croisent le feu avec des blasts savoureux. La recette fonctionne ici à merveille et installe le groupe aux côtés des formations tricolores qui comptent en matière de metal extrême.
Ajoutez à cela un artwork de toute beauté signé Came Roy de Rat, une production façonnée à quatre mains par Weddir et Andrew Guillotin ainsi qu’un mixage et mastering modelé par les doigts de fées de Frédéric Gervais, et vous aurez entre les mains une petite pépite. Pépite qui sera amenée, à n’en point douter, à marquer cette année 2023 comme il se doit. Nous en reparlerons dans quelques mois lorsqu’il sera temps de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur...