5 juillet 2023, 23:59

SOULFLY + S.U.P.

@ Lille (Le Splendid)


Après avoir affiché complet pour la venue d’ARCH ENEMY, le Splendid réédite cette belle performance en accueillant SOULFLY, accompagné en première partie des locaux de S.U.P.. Si les Lillois formaient avec VOIVOD une affiche cohérente le 15 juin au Black Lab, leur mariage avec les Brésiliens a de quoi étonner. Les uns parlent au cerveau, les autres au cœur, les uns brillent des lueurs glacées de l’acier, les autres brûlent des flammes du bûcher.


Après un "Imago" aérien en intro, la musique de S.U.P., aussitôt, ressemble aux lames damassées où de subtils entrelacs, pareils aux complexes connexions du système nerveux, dessinent des chemins aussi angoissants qu’envoûtants, aussi inquiétants (la froide lourdeur de "Chronophobia", les vocaux effrayants de "Pseudoponic Phantasm" ou de "Attramentous Sea", tous deux tirés de « Octa », l’excellent dernier album du groupe), que délicats quand percent des mélodies et des accents jaillis des années new ou dark wave ("Excision").
Le brio de l’interprétation, malgré l’absence du bassiste Frédéric Fievez, hospitalisé, et dont les parties sont jouées par des bandes pas toujours très audibles, est renforcé par la qualité des lights, quand, par exemple, Ludovic Loez est noyé dans le rouge alors que ses acolytes restent dans un blanc aveuglant. S.U.P. a offert une plongée en un univers aussi beau qu’hostile, une apnée de 40 minutes en des eaux fascinantes.


Changement d’ambiance avec l’arrivée de SOULFLY ! Devant un backdrop à l’effigie inquiétante de « Totem », le dernier album du groupe, Max et son équipe – son fils Zyon à la batterie, Mike DeLeon, le nouveau guitariste live, et Mike Leon à la basse – débutent leur brasero par l’efficace "Back To The Primitive". Le charismatique chanteur, engoncée dans une superbe veste cloutée patchée MOTÖRHEAD et IMMORTAL dans le dos, se saisit avec conviction de son micro au pied "ceinture de balles", pour inciter la foule à jumper.
Durant plus d’une heure l’icône et ses fidèles ne cesseront de communier dans une frénésie de sauts qui atteint son apogée sur le bien nommé "Jumpdafuckup" final. La fosse se transforme vite en une fournaise endiablée au rythme des incontournables tirés de « Soulfly », bombes neo-metal ("No", "Bleed", "No Hope = No Fear", "Eye For An Eye") toujours aussi efficaces, surtout quand "Porrada" s’ajoute à "Fire" pour ce medley traditionnel. Les sons tribaux indissociables de SOULFLY sont bien présents, comme sur le récent, violent et réussi "Superstition". Les riffs thrash bien troussés ("Filth Upon Filth") sont eux aussi au rendez-vous.


Derrière ses fûts décorés de lianes, Zyon, même s’il égare quelques baguettes tant il transpire, signe une prestation spectaculaire, ponctuée de gestes amples. Aux côtés du leader, les deux Mike, décontractés, rivalisent d’énergie ; la complicité entre les musiciens est évidente et précieuse surtout en ce jour où les Cavalera ont appris le décès de Vania, la mère de Max. "Tribe" s’orne ainsi, à la lumière des écrans de portable, du "Get Up, Stand Up" de Bob Marley en son hommage. Juste après, cri de colère, les quatre s’attaquent à "Wasting Away", brûlot sans concession du répertoire de NAILBOMB, puis se lancent dans le monumental "Refuse/Resist" de SEPULTURA. Rien à dire, SOULFLY a mis le feu : chapeau bas !


Photos © Sébastien Feutry - Portfolio : SOULFLY / SUP

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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