
« Blood Fire Death ». Trois mots qui résonnent comme un appel, un hymne pour les fans de metal de tout bord. Ce chef d’œuvre du mythique BATHORY, enfanté par Quorthon en 1988, reste assurément l’un des albums les plus symboliques résumant à merveille le talent de cette scène suédoise si influente. Et, du haut de ses 616 pages, ce joli bébé édité par Camion Blanc qu'est Blood, Fire, Death: l'Histoire du Metal Suédois, revient avec précision sur les grands moments du metal suédois et la place de ses acteurs principaux. Il tente aussi, avec un certain doigté, d’analyser les raisons pour lesquelles la Suède a été et est toujours le foyer d’expressions culturelles et musicales uniques. Mission bien accomplie, inutile d’entretenir le suspense plus longtemps.
Il faut dire que ses deux auteurs ne sont pas nés de la dernière pluie. Ika Johannesson est une journaliste musicale reconnue dans son pays, notamment par le biais de la revue culturelle alternative Sex mais aussi pour ses apparitions sur les ondes et la lucarne de Sveriges Television. Quant à Jon Jefferson Klingberg, après avoir fait ses armes au sein de formations underground dans les années 80 et 90 comme WHALE ou CELEBORN, il officie toujours dans DOCENTERNA et la scène metal de son pays n’a aucun secret pour lui. Cerise sur le gâteau, le livre bénéficie d’un travail de traduction impeccable signé Angélique Merklen, qui avait déjà officié avec brio sur la retranscription du superbe et touffu Black Metal: L’évolution du Culte de Dayal Patterson. De la belle ouvrage ma bonne dame...
Et il y a bel et bien ici de quoi satisfaire le lecteur avide d’histoire, Blood, Fire, Death: l'Histoire du Metal Suédois proposant avant tout de savoureuses tranches de vie des principaux protagonistes de cette scène foisonnante. C’est d’ailleurs en compagnie des jumeaux Gustavsson, à l’origine de la création de NIFELHEIM en 1990, que l’on plonge tête la première dans ce monde fascinant. Le livre, dont la couverture est illustrée par une photo de Per "Hellbutcher" Gustavsson, revient sur les grands moments de ce groupe fer de lance du black/thrash ainsi que la notoriété acquise par les deux frères grâce à leur impressionnante collection d’objets liés à IRON MAIDEN, héritant au passage du surnom de "Hard Rock Brothers" dans les médias. Une notoriété pas toujours évidente à gérer comme ils l’expliquent ici sans détour. BATHORY, et notamment la relation entre son géniteur Ace Thomas Börje Forsberg alias "Quorthon" et son père, Börje, sont également au menu. Tout comme ce retour sur la vie cabossée de Per Yngve Ohlin, affublé du surnom prémonitoire "Dead", acteur-clé des débuts des Norvégiens MAYHEM et accessoirement protagoniste d’un des albums live les plus célèbres en matière de black metal : « The Dawn Of The Black Hearts ». Un chapitre qui revient aussi sur les liens du chanteur originaire de Stockholm avec d'autres célèbres protagonistes de la scène norvégienne tels Øystein Aarseth (MAYHEM) et Varg Vikernes (BURZUM). Ce dernier se voit d'ailleurs au centre d'une affaire sordide avec Christofer Johnsson (THERION) qu’il considérait comme un traître à la cause du metal extrême. Une affaire qui reposait sur des menaces proférées puis mises à exécution par Varg via une adolescente manipulée sans le moindre remord...
Autre personnage incontournable qui bénéficie également d’une large couverture dans l’ouvrage : Jon Nödtveidt, fondateur de l’emblématique DISSECTION. Une interview d'une vingtaine de pages, la toute dernière réalisée un mois avant le suicide de Jon, permet également d’en savoir un peu plus sur ses motivations musicales et spirituelles au sein du groupe. Les deux grandes périodes de DISSECTION sont également... disséquées dans ces pages. La première, qui a vu naître deux chefs d’œuvre inestimables : « The Somberlain » et « Storm Of The Light’s Bane » dans les années 90. Puis la seconde, à la sortie de prison de Jon en 2004 et celle de « Reinkaos » deux ans plus tard. D’autres poids-lourds bénéficient eux aussi d’une longue exposition en ces pages : le tourmenté Niklas Kvarforth, créateur de ce monstre de noirceur qu’est SHINING et le trio maléfique WATAIN, dont Erik Danielsson est le vil leader. Ou encore cet étrange personnage, IT, à la manœuvre derrière l’odieux ABRUPTUM.
Mais l’ouvrage, et c’est sa force, ne se concentre pas que sur le black metal. Il invite aux réjouissances les membres passés et actuels d’ENTOMBED et son prolongement ENTOMBED A.D. né en 2014 lors de la scission du groupe en deux entités distinctes. Le groupe de heavy metal HEAVY LOAD qui a pointé le bout du nez à la fin des années 70 est aussi de la partie tout comme Oscar Dronjak et son célèbre HAMMERFALL, qu’il mène à la baguette depuis 1993 sans faiblir ! L’histoire des labels No Fashion, une référence absolue pour tout amateur de black/death qui se respecte, et de son grand frère House Of Kicks ainsi qu’un focus sur la place des femmes au sein de la scène metal extrême viennent compléter cet ouvrage exhaustif, qui offre, n’en jetez plus la coupe est pleine, plusieurs comptes-rendus de concerts mais aussi de nombreux clichés retraçant l’histoire de cette scène à travers les yeux de ses principaux protagonistes.
Vous l'aurez compris, Blood, Fire, Death: l'Histoire du Metal Suédois , aux éditions Camion Blanc, est un ouvrage incontournable pour tout fan de metal au sens large, curieux d’en savoir plus sur ce qui fait le sel de cette scène incontournable. Länge Leve Sverige !...