
Deuxième volet de la trilogie en cours, « Disharmonium - Nahab » continue avec brio ce qui avait été entamé l’an passé avec « Disharmonium - Endreamable Abysses », à savoir l’exploration d’un univers lovecraftien sombre, cauchemardesque et chaotique. Le one-man band de l’inspiré Vindsval nous apporte des sonorités d’outre abysses et des dissonances cataclysmiques emmenées par des ambiances à la fois lugubres et transcendantes.
Il est toujours difficile de catégoriser BLUT AUS NORD tant son art va au-delà des critères d’un genre ou d’un autre mais peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Et avec « Disharmonium - Nahab », on se confronte rapidement à l’ivresse des profondeurs tant la déferlante de riffs et le tumulte des rythmes nous entraînent dans un triangle des Bermudes musical. Les onze titres de l’album se déroulent tels la bande son d’un film haletant ou d’un cauchemar terrifiant. La musique de BLUT AUS NORD ne s’écoute pas, elle se vit, elle s’expérimente, elle se dévoile au fur et à mesure des écoutes et on pourrait même dire qu’elle ne se commente pas. Elle est impalpable, insondable et pourtant, elle pénètre notre âme pour mieux la hanter, minute après minute.
Un morceau comme "The Black Vortex" est complètement hypnotique avec des riffs dissonants et répétitifs, des rythmes blastés, des vocaux caverneux horrifiques. Pourtant les guitares se veulent plus mélodiques et atmosphériques sur "Nameless Rites" par exemple et "The Ultimate Void Of Chaos" se veut presque chamanique. Les trois opus "Hideous Dream" confèrent à créer et maintenir une ambiance des plus sordides et mystérieuses dans laquelle on se complait. Mais si par hasard on tente de s’en échapper, on est de toute façon rapidement rattrapé par une attirance sordide vers les titres suivants, aussi intrigants que riches. Et au sortir des quarante-cinq minutes d’écoute, on se demande comment on a fait pour endurer ce dark-black metal avant-gardiste sans queue ni tête, et en même temps, on retourne avec culpabilité et délectation vers le premier titre, l’intro qui nous a fait plonger il y a donc presque une heure de cela. Pas sûr que Vindsval ne glisse pas quelques substances addictives dans sa musique qui provoquent le manque en nous lorsque nous nous éloignons trop loin des profondeurs de l’extrême.
Aussi indescriptible que la musique de BLUT AUS NORD soit, « Disharmonium - Nahab » fait indubitablement partie de ces albums qui donnent des frissons, qui nous rendent vivant. Elle n’est pas fédératrice, elle n’est pas universellement accessible mais elle reste inexplicablement séductrice.