26 août 2023, 17:29

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 71

Blogger : Clément
par Clément


Savourer les petits bonheurs de l’été pour les touristes de passage sur les côtes de l’Hexagone consiste en un exercice assez simple : se délecter du dernier Pink ou Taylor Swift confortablement installé sur le sable chaud dans un transat moelleux,  verre de rosé pamplemousse dans une main et crème solaire dans l’autre. Après tout, quoi de mieux pour profiter des joies d’une existence paisible qu’un délicat moment de tranquillité ? Sauf que nos trois mandataires du côté obscur de l’Hard Force, Aude, Crapulax et Clem, grimés en pandas tristes, ne l’entendent pas de cette mauvaise oreille. Et c'est avec joie et cruauté qu'ils terrorisent une fois de plus, avec cette sélection en béton armé, ces pauvres innocents en chaussettes-sandalettes qui n'en demandaient pas tant. Grunt !


END REIGN : « The Way Of All Flesh Is Decay » (Relapse Records)

Soyons clairs, lorsque l’on réunit sur un disque la fine fleur des plus furieux protagonistes de la scène grind/hardcore/punk pour unir leurs diaboliques talents, cela promet un sabbat dans les règles de l’art. Imaginez plutôt : cinq musiciens au curriculum vitæ à faire pâlir Satan et ses ouailles, passés par PIG DESTROYER, LOCK UP, MISERY INDEX, ALL OUT WAR, INTEGRITY ou encore NOISEM, qui se retrouvent pour en foutre plein les esgourdes au tarif première classe.
Et qui annoncent la couleur dès les premières secondes du bien-nommé "Desolate Fog" et son ambiance de fin du monde ou sur les parpaings que sont "Chaos Masked As Order" et "House Of Thieves" : oui, la recette ici prodiguée est infaillible. D’autant qu’il est aidé dans sa quête par une section rythmique remontée comme jamais qui modèle riffs dissonants et brulots hardcore-metal, le vocaliste Mike Score livrant quant à lui avec ses tripes et son larynx une prestation impressionnante.
Et le bougre se voit ici secondé par quelques prestigieux collègues de passage : Dwid Hellion (INTEGRITY) et Dylan Walker (FULL OF HELL) qui ajoutent un zeste de folie à l‘ensemble déjà bien barré. Quant au préposé aux manettes, Len Carmichael, celui-ci enrobe le tout avec un son sauvage, puissant réalisé dans les forges de son Landmine Studio. Un son qui mettra d’ailleurs à genoux les derniers récalcitrants qui devront bien reconnaître que cet album est... imparable.
(Clément)


OUTBURST : « Hellfire » (Polymorphe Records)

Changement de registre ici avec le tout premier EP des Marseillais OUTBURST. Pas né de la dernière pluie, le désormais quintet (le batteur Lucas Thomas a rejoint le groupe l’année dernière) signe ici son grand retour discographique puisque sa dernière démo, « Thrashback », est sortie en... 2006 !
Il faut dire aussi que le groupe a connu plusieurs splits et remaniements de personnel tout du long de sa carrière démarrée en 1986, à une époque où le metal des grands anciens accouchait de certains de ses meilleurs albums (SLAYER, METALLICA, MEGADETH ou VOIVOD pour n’en citer que quelques-uns). Et aujourd’hui, OUTBURST semble plus motivé que jamais avec ce line-up stable et, surtout, son thrash débridé qui renvoie à la belle époque de la Bay Area avec ce soupçon de modernité qui lui colle à merveille. Un soupçon matérialisé par une production musclée et bien actuelle, signée Sébastien Camhi, qui illustre à merveille comment faire du neuf avec du vieux.
Cerise sur le gâteau, deux batteurs croisent leurs baguettes d'acier sur cet EP, et pas des moindres puisqu'il s'agit de Franky Costanza et Kevin Paradis. Le résultat est sans appel, à la hauteur des espoirs suscités, et s’inscrit dans ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de thrash hexagonal : cocorico !
(Clément)


ASPHODELUS : « Sculpting From Time » (Hammerheart Records)

Après un premier EP en 2016 et un album en 2019, le groupe ASPHODELUS, originaire de Finlande, revient cette année avec « Sculpting From Time » de toute beauté. Le quatuor évolue dans un doom death mélodique qui vous transporte avec des rythmes mid-tempo, des guitares envoûtantes et des vocaux déchirants. Dès le premier morceau "Waterside", on est plongé dans une atmosphère prenante, avec des riffs oniriques et des passages éthérés, veloutés même.
L’univers est sombre et énigmatique mais l’ensemble renvoie à une grande sérénité dont on se laisse saisir à chaque instant. Jusqu’à l’excellent ultime titre, "Sculpting From Time", on navigue au gré de 45 minutes de vents et marées, sur un océan dominé par le chant des sirènes, attiré par la profondeur des abysses mais enivré par l’appel du large. Mention spéciale à "World Of Hollow", tout en progressivité, son rythme lent, ses mélodies, son chant clair qui se transforment peu à peu en growls et riffs heavy pour finir tout en doom torturé, magnifique.
Si vous ne connaissiez pas ASPHODELUS, il est temps de le découvrir avec cet album fédérateur, riche et maîtrisé.
(Aude Paquot)


BEYOND THE PERMAFROST : « Fallen From The Throne » (Naturmacht Productions)

Voilà un nouveau groupe bien sympathique chez Naturmacht Productions, qui vient en plus du plus beau pays du monde, objectivement parlant : la France. BEYOND THE PERMAFROST est un duo qui nous sert sur un plateau d’argent un black metal old-school glacial et sans fioritures avec un premier album qui devrait ravir les fans d’une musique cinglante comme le blizzard.
Les sept titres de « Fallen From The Throne » sont assénés à grands coups de hache gelée avec des guitares tranchantes, des vocaux gutturaux et des rythmes plus ou moins blastés. On est vite saisi par un univers hostile, féroce, comme piégé dans la glace mais les yeux levés vers un cosmos infini, nous rappelant notre condition humaine futile. Pourtant, il est décelable dans la musique de BEYOND THE PERMAFROST, une beauté impalpable et un côté majestueux galvanisant. Si l’atmosphère mise en place est sombre, on se sent en terrain familier.
Grâce sûrement à cette influence black metal des années 90 qui assure des bases solides et profondes. Il est fort à parier que « Fallen From The Throne » ne restera pas sans successeur et qu’il trouvera un public friand d’horizons gelés à perte de vue.
(Aude Paquot)


ANXIETY COLLAPSE : « Slavering Ghoul EP »  (Autoproduction)

Projet studio hongrois underground et sans prétention composé d'un batteur et d'un multi-instrumentiste, ANXIETY COLLAPSE est le genre de formation d'exception qui parvient à convaincre en l'espace de 5 titres seulement, emballage inclus.
Par sa façon d'introduire son bruyant propos d'abord, sorte de partie de piano suave au milieu du couloir d'un asile d'aliénés en crise ("Anxiety Collapse") qui va parcourir cet EP et qui tient du cauchemar éveillé.
Par ses inclinaisons death thrash assez old-school également (cf. le délicieux son de casserole de la batterie) et par cette voix sub-spatiale trafiquée entendue jadis dans NOCTURNUS (avec son style unique mêlant metal et science-fiction qui n'a jamais été suivi par personne et on se demande encore bien pourquoi).
Par ses soli très particuliers ensuite ("Slavering Ghoul", "The King Of Babylone") et par sa reprise très personnelle enfin du classique germanique "Tormentor" de KREATOR sur leur premier album qui ne nous rajeunit pas (« Endless Pain » en 1985).
En résumé voilà un travail relativement bien soigné, en tout cas largement plus que la moyenne.
(Crapulax)


DOZER : «  Drifting In The Endless Void » (Blues Funeral Recordings)

Le monde du stoner peut bien s'extasier sur la sortie du nouvel album de QUEENS OF THE STONE AGE, la vraie sensation de l'année pourrait bien être la sixième réalisation de DOZER, sortie en avril dernier.
La formation suédoise qui, jusque-là, jouissait d'un relatif succès d'estime auprès des amateurs du genre n'avait jamais suscité un enthousiasme débordant. « Drifting In The Endless Void » risque de faire pencher la balance définitivement du bon côté tant DOZER montre des signes d'excellence.
Plutôt que d'accoucher des 13-15 titres commercialement requis, le groupe préfère balancer 7 bombes atomiques : à la puissance lancinante des guitares sur "Mutation/Transformation" succède un "Ex-Human, Now Beast" au refrain destructeur. Puis "Dust For Blood" aux merveilleux relents de KING GIZZARD s'enchaîne quant à lui avec l'hypnotique "Andromeda".
Les vocaux dans leur globalité (chœurs, chant) à l'évidence constituent le point fort de l'album, particulièrement sur le planant "Missing 13" qui clôture magistralement ce nouveau chapitre dans la vie de DOZER.
Un grand album de stoner pour le moins inattendu. On doit faire notre mea culpa : voilà une injustice de réparée.
(Crapulax)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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