15 septembre 2023, 17:47

SHINING

Interview Niklas Kvarforth

Profitant de la sortie du nouvel album de SHINING et d’un peu de temps "libre" de la tête pensante du groupe, Niklas Kvarforth, HARD FORCE s’est entretenu avec le chanteur emblématique à propos du sobrement intitulé « Shining », de sa conception et de son inspiration. Si les six nouveaux titres qui composent l’album sont d’une grande noirceur, l’entretien, lui, est on ne peut plus limpide.
 

Salut Niklas ! Merci de prendre le temps de répondre à quelques questions à propos du nouvel album de SHINING...
Pas de problème. Merci de soutenir le groupe.

Ton onzième album, « Shining », vient de sortir et bien plus que de la musique, on dirait que tu le considères comme ton enfant. Est-ce un album très personnel dont tu es fier ?
Chaque mélodie, chanson et parole que j'ai écrites depuis que j'ai créé le groupe en 1996 proviennent soit du désir, de la faim ou d'un traumatisme forcé, donc naturellement chaque album pourrait plus ou moins être considéré comme ma progéniture. Et oui, je suis immensément fier de ce que non seulement moi mais aussi le groupe dans son ensemble, avons réussi à engendrer cette fois-ci. Espérons que nos auditeurs ressentent la même chose que nous, une fois qu’ils auront été exposés à l’album dans son intégralité.

Le titre « Shining » est-il symbolique du fait que cet album fait partie de toi, pour ainsi dire ?
Non, la raison pour laquelle j'ai décidé de nommer l'album simplement « Shining », c'est parce qu’il est, du moins pour moi personnellement, le nouveau départ d'une version raffinée du groupe, une renaissance si tu veux, ou une fin définitive aussi. Il y a des tonnes d'obstacles à surmonter avant que nous puissions dire avec certitude que ce que nous avons planifié, et sur lequel nous avons travaillé à huis clos pendant notre "pause", ou peu importe comment nous devrions l'appeler, fonctionnera non seulement en théorie, mais aussi en pratique.
 

"J'ai été entouré par la mort tout au long de ma petite enfance, ainsi que par la violence, la folie et un profond chagrin"


Comme d'habitude, la musique de SHINING est très brutale et agressive mais cet album sonne encore plus sombre, plus profond et peut-être plus intimiste que les précédents. Est-ce un prolongement de tes pensées intérieures, une manière de libérer ta colère, ta douleur ou simplement tes questionnements ?
Disons simplement que ces quatre dernières années ont été une telle lutte non seulement pour SHINING, mais aussi pour moi personnellement que naturellement, cette noirceur se reflète également dans le nouvel album. Tous les albums de SHINING sont plus ou moins la somme de toute l’oppression et de l’obscurité vécues et souvent invoquées ou évoquées entre un album et le suivant.

Quelles sont tes principales influences musicalement parlant ? SHINING est un groupe de black metal mais pas seulement car il mélange de nombreuses influences de styles variés.
BURZUM, CELTIC FROST et John Carpenter sont les seuls dont l'obscurité impénétrable est toujours là, quelque part dans l'ombre, me guidant dans mon processus, que je le veuille ou non. Mais pour être honnête avec toi, j’écoute rarement de la musique, je m’inspire davantage des arts visuels. Les films, les peintures et mes observations du monde sont ce qui me fait généralement écrire, essentiellement en interprétant ces images qui me parlent, puis en les remodelant en une expression auditive ou en mots/prose.

Quel est ton rapport à la mort, un sujet récurrent dans tes chansons ?
J'ai été entouré par la mort tout au long de ma petite enfance, ainsi que par la violence, la folie et un profond chagrin. Un chagrin qui, jusqu’à ce jour, s’accentue chaque année qui passe. On pourrait dire que la mort est la seule constante que j'ai dans ma vie, tous ceux que j'ai côtoyés pendant plus d'un an de ma vie sont tous, à très peu d'exceptions près, morts. Ma famille aussi. En tant qu'enfant, cette constante m'a rendu extrêmement curieux non seulement de la mort elle-même, mais aussi de la douleur physique et psychologique, essayant peut-être de faire face au chagrin susmentionné. La curiosité s'est transformée en admiration. L'admiration s'est transformée en obsession. Et l’obsession s’est transformée en ce qui ne peut être décrit que comme une histoire d’amour intense, une histoire qui s’est finalement transformée en culte.


​Le son de SHINING est unique et c'est ta marque de fabrique. Est-ce que tu es fier d’avoir réussi à rester fidèle à ce que tu as toujours été depuis plus de 20 ans maintenant ?
Je le suis oui. SHINING est l'œuvre de ma vie, mon héritage et je ne me vois pas dans un autre contexte sans que ma création soit là d'une manière ou d'une autre. Sans SHINING, je ne tâtonne que dans un vide inéluctable.

Les visuels sont bien sûr très importants dans SHINING et la pochette du nouvel album est quelque peu... sanglante. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
C'est amusant, je suis le travail de Maxime Taccardi depuis au moins une décennie, voire plus, et quand je l'ai contacté, j'ai découvert qu'il avait en fait réalisé les illustrations d'un autre album sur lequel j'avais chanté avec un groupe appelé DIABOLICUM. Quoi qu'il en soit, Taccardi a commencé par peindre des portraits de tous les nouveaux membres, suivis de la couverture qui est en fait une peinture de moi-même et d'une belle image de Rorschach, le tout peint avec son propre sang. Quand tu y penses, c'est en fait un peu étrange que nous n'ayons pas commencé cette collaboration plus tôt, tu ne trouves pas ? 

Si en effet ! Et est-ce que tu lui as donné des pistes de ce que tu voulais pour la pochette ?
En fait, j'ai réalisé toutes les illustrations et mises en page des 5 premiers albums, puis Erik Danielsson a pris le relais. Cependant, je suis toujours impliqué dans le processus et je suis toujours très clair sur ce que je veux réaliser visuellement, à une exception près, et c'est la vidéo que Claudio Marino a réalisée pour le premier single, "Allt För Döden". Nous avons réfléchi à des idées, mais je lui ai laissé les mains libres pour faire ce qu'il voulait car j'ai une confiance totale en lui depuis qu'il a réalisé le documentaire Cold Void sur mes "défauts" mentaux il y a quelques années. Le meilleur réalisateur avec lequel j’ai travaillé !

En parlant de visuels, tu collabores avec la marque française de vêtements Hate Couture.  Comment en es-tu arrivé à travailler avec Alex Martinez ? Qu’aimes-tu dans ce qu’il propose ? Il semble que ce qu’il fait correspond parfaitement à ce que tu souhaites transmettre...
Nous avions un ami commun qui est décédé et nous nous sommes rencontrés pour la première fois à ses funérailles. Puis un jour en 2021, je lui ai écrit pour lui demander s’il serait intéressé par une collaboration et cela l’a vraiment enthousiasmé ! Depuis, lui et moi travaillons ensemble sur de nombreux projets et il s'est montré loyal, digne de confiance et professionnel dès le premier jour. J'adore sa marque, je suis fier d’être soutenu par son entreprise et nous partageons tous les deux de nombreux intérêts communs et un humour similaire, et donc SHINING et Hate Couture ne sont rien de moins qu'une combinaison parfaite.

Plus généralement, quelle est ta relation avec la France ?
Je crois que la France est en fait l'un de nos principaux marchés, et il y a toujours un lien très spécial entre nous et le public français. J'espère que nous serons de retour en France pour jouer avec SHINING lorsque nous commencerons à proposer ce cauchemar sur scène l'année prochaine.

Il y a six chansons sur « Shining », comme sur tous les albums de SHINING. C’est une tradition de longue date... Est-ce important pour tout le concept de SHINING ?
Non, c’est juste la façon dont j’écris involontairement un album. Mais je comprends ce que tu veux dire, un album de SHINING avec plus ou moins de six chansons semblerait... bizarre.

La cinquième chanson est instrumentale et jouée au piano et elle permet à l'auditeur de se détendre un peu. Est-ce pour préparer les fans au dernier chapitre brutal de l'album, d'une durée de 10 minutes, même s'il se termine très calmement ?
Je pense que tu as raison, le morceau fonctionne véritablement comme une sorte de moment peut-être nécessaire où l'on peut reprendre son souffle avant la monotonie brutale qui s'ensuit.

De nouveaux musiciens jouent pour cet album. Ils viennent de différents groupes. Comment les as-tu choisis pour travailler sur « Shining » ?
Une fois que j'ai été déterminé à enregistrer un nouvel album, j'ai aussi su que je ne pouvais pas recommencer à travailler avec des gens moins expérimentés que moi comme par le passé. Car ce faisant, l'avenir de SHINING était encore et encore mis en péril. Et à vrai dire, je ne peux tout simplement pas me revoir dans une telle situation sans tuer quelqu'un ou sans avoir une crise cardiaque. Une fois cela compris, rassembler Nicholas Barker, Charles Hedger et Alex Impaler a été un processus rapide.

Au fait, comment va Nicholas Barker ? As-tu des nouvelles de sa santé ? (Rappelons qu’il souffre d’insuffisance rénale qui nécessite des soins hospitaliers)
Malheureusement non, mais je pense qu'elle s'améliore lentement mais régulièrement. Ceci, et mon incarcération actuelle, nous empêchent évidemment de jouer en live pour le moment, mais, a priori, nous pourrons jouer avec la nouvelle formation et le nouvel album l'année prochaine.

Merci encore pour ce moment... et ta musique !
Merci pour cet entretien ! Comme certains l'ignorent peut-être, nous sommes en train de co-éditer « Shining » sur notre propre label, The Sinister Initiative, sur lequel nous avons également réédité « Lots Of Girls Gonna Get Hurt » (avec 4 titres bonus) en CD/Vinyle et « VII / Född Förlorare » en Digipak et Gatefold Vinyl également. Nous avons un tas de nouveautés et de surprises à venir, alors n'hésitez pas à y jeter un œil. Merci encore et on se croisera à nouveau l'année prochaine !
Shininglegions.com
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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