Avec ce troisième et étincelant joyau "qui combine noirceur et force de vivre à la fois" dixit Florian Claude (LUEUR TROUBLE, NUAGES ÉLECTRONIQUES), la mystérieuse formation infuse majestueusement son extatique dualité artistique en chaque atome imperceptible de notre submersible esprit. Par la renaissance indéfectible d'un black metal des plus atmosphériques et stratosphériques nous ayant été donné de (re)découvrir durant la décennie déchue, LOTH nous revient frénétiquement après « Loth » (2016) et « Apocryphe » (2017), deux albums de chevet à posséder en une graisseuse urgence qualifiée. En cet état léthargique provoqué par une douleur auditive ancrée en chaque parcelle de ténèbres sanctifiées, l'instaurée entité en quintet incarné comptant des membres de DEAD FOR A MINUTE, OI BOYS et LE SEUL ELEMENT, ne transfigure aucunement ni loi misanthropique ni foi œcuménique du style si académique.
Pour mémoire, sachez que le fan-club mondial officiel "Dungeons Of Darkness", en une triste dynastie révolue, d'un certain BURZUM était bel et bien dirigé d'une main de fer par un illustre activiste messin, décédé depuis fort longtemps d'ailleurs. En cette influence glaciale, émanante et spectrale chère au groupe, vous retrouverez immanquablement tout au long de ce troisième disque « 616 » l'essence cathartique du terrifiant « Det Som Engang Var » (1993) qui fête son funeste trentième anniversaire discographique dans un anonymat tout aussi comparable que celui du trentième de la mort d'Euronymous (10/08/1993), père spirituel du true norwegian black metal (acronyme TNBM en hommage à la scène élitiste de l'époque originelle) et leader charismatique de MAYHEM. Véritable boîte de Pandore instrumentale interne au groupe messin, elle renferme insidieusement un exaltant spleen ambiant aux atmosphères individuelles exacerbées à outrance.
Transpirant impieusement en une plainte vindicative brodée d'une complainte subversive ingénieusement déclamée, cette œuvre complexe tant influencée par DRUKH, GAEREA que part WYRD et ULTHA, renferme sombrement une minutieuse production savamment orchestrée. De manière intimiste et rigoriste, elle s'entrevoit mélancoliquement en un florilège primitif, osseux et vindicatif de titres tel que "La Douleur Tombée du Ciel" "La Vie avant la Mort", et "Cœur Caligula", viscéralement embaumés de foldingues vicissitudes cradingues dédiées implicitement au mouvement punk à plus que de raison et en toutes proportions gardées. En une force acoustique par moments éparses et historiquement régentée au travers le prisme dompté de cette enterrée province Lothringen, le groupe prend les armes et défend son honneur d'indépendance sobrement proclamé à travers l'héritage conté de cette contre-culture magnifiée.
Proposant une subtile réponse permissive envers une futile dictature invasive où dure réfutation de l'expression pure persiste farouchement, LOTH se distingue humblement par sa puissante restauration des deux uniques et iniques fondamentaux sémantiques du black metal originel : impétueux et tortueux. Ce troisième album préfigure comme la quintessence palpable de l'évolution coupable de leur style si reconnaissable et réconfortable en période de blues méconnaissable à souhait. Soutenir ce raffiné chef d'œuvre au fiel inséminé de résistance sublimée revêt symboliquement un acte militant rassasié en un infini vœu de succès au cœur résolument (sur)vivant à Metz, capitale de l'accueillante et fascinante Lorraine. Mourir ou choisir, c'est selon le degré de votre dévotion mâture envers l'art obscur brillamment sculpté, interprété et délivré ici pour longtemps et probablement dédiée à jamais à Stefan Kozak (RIP), leader discret d'AZERLATH, MYSTIC FOREST, EIKENSKADEN et THE SKADEN, premières et défuntes formations black metal de la cité, anciennement capitale du royaume d'Austrasie par ailleurs.
