15 septembre 2023, 17:46

MERCYLESS

Interview Max Otero

Blogger : Clément
par Clément


C'est ce vendredi 15 septembre que sort chez Dolorem Records la réédition de « Unholy Chapters (The Merciless Years) », une compilation paru en 2017 et qui retrace les débuts discographiques de MERCYLESS. Une belle opportuinté de se replonger dans les toutes premières années d'existence de ce pilier du death metal français à travers ses trois cultissimes démos. Remastérisées avec soin aux Conkrete Studios, ces dernières constituent le témoignage d'une époque lointaine où l'amour et la passion du thrash sauvage cotoyait celle d'un death brut de décoffrage : celle de la fin des années 80. Et pour commenter cette sortie, illustrée avec grande classe par un Chris Moyen une nouvelle fois inspiré, Max Otero (guitare et grunt) a passé un moment avec HARD FORCE pour en livrer tous les secrets...
 

Max, dans quel état d’esprit te sens-tu avec la sortie de ces « Unholy Chapters » qui retracent les tout débuts discographiques de MERCYLESS ?
Je suis très content de voir cette compilation sortir avec un packaging magnifique, un superbe digibook et 18 pages qui retracent l'intégralité de nos textes, qui effectivement nous ramène vers nos tous débuts... avec une pointe de nostalgie bien nécessaire en ce moment !

Reprenons les choses dans l’ordre, tout d’abord MERCYLESS c’est une histoire qui démarre du côté de Mulhouse, quelque part en 1987...
Oui, c'est l'histoire de quatre gars qui se réunissent avec l'envie de faire de la musique à l'image de leurs idoles... et de partager cette passion avec leurs potes (rires). Pour être honnête, au départ nous ne savions pas trop où nous souhaitions aller mais ce qui était sûr en revanche c'est que nous voulions envoyer du riff, et du lourd ! Quant au déclic, il tombe lui aussi sous le sens puisqu'il s'agissait simplement d'acheter une guitare et la suite... vous la connaissez !

A cette époque, vous utilisez encore le patronyme "MERCILESS" ainsi que sur vos deux premières démos. Comment s’est passée la confrontation avec le MERCILESS suédois, qui s’est formé une année plus tôt ?
Ah oui c'est exact, cette fameuse histoire (rires). Nous savions à ce moment-là qu'il y avait déjà un MERCILESS suédois qui existait mais nous ne nous sommes pas posés beaucoup plus de questions sur ce sujet et nous avons donc continué naturellement de tracer nore route... jusqu'au jour ou un certain Euronymous, patron du label qui sortait leur premier album nous a menacé de poursuites par fax. Mais cela n'a pas eu plus d'incidence que cela puisque nous sommes de vraies têtes de mules et que nous ne voulions en aucun cas changer notre patronyme ! C'est finalement notre label de l'époque qui a eu l'idée de changer le nom de groupe en y mettant un "Y" au lieu d'un "I". Ce n'était pas l'idée du siècle mais bon, cela fait partie de l'histoire ! Mais honnêtement, je ne voulais rien changer...

Votre première démo, « Immortal Harmonies », paraît un an plus tard et celle-ci est purement orientée thrash metal. Il faut dire qu’à l’époque, les KREATOR, DARK ANGEL ou encore DESTRUCTION sont en plein dans leur période la plus fougueuse. En quoi ces formations vous ont-elles influencé ? 
Oui, nous étions effectivement à fond dans les sons de DARK ANGEL, SLAYER, DEATHROW, VENOM à cette époque. Ce sont ces groupes qui nous ont influencés à nos débuts car ils corespondaient complètement à la musique que nous voulions jouer. Et ce que nous aimions par dessus tout était la manière dont ils composaient ces riffs malsains avec une voix d'outre-tombe et ce style rapide, sans aucune cooncession ! Cette démo avait un objectif très simple... faire découvrir notre style et nous faire connaître au maximum ! C'est aussi simple que cela (rires)...

« Visions From The Past » déboule en 1989 avec, cette fois, des intonations plus death qui amorcent le MERCYLESS que nous connaîtrons à la sortie du premier album. Te souviens-tu de ce qui vous a permis, à l’époque, de passer à la vitesse supérieure ? 
Cette demo était plus approfondie sur le fond comme sur la forme. Elle était plus technique et sur celle-ci, nous commencions d'ailleurs à trouver notre propre style. Nous avons passé un stade avec « Visions from the Past »  car nous maîtrisions mieux nos instruments et nous avons passé un peu plus de temps en studio. Relativisons car cela signifiait passer de trois jours... à la place de deux ! De la même façon, nous avons amélioré la qualité des textes qui retranscrivaient les travers de notre société et les aberrations des croyances religieuses ! Pour tout te dire, cette demo est vraiment un point culminant de notre histoire...

 

Votre troisème démo, « Vomiting Nausea », est la dernière brique qui constitue l’édifice MERCYLESS avant son premier album...
En effet, et sur celle-ci tu peux ressentir cette passion que nous avions pour l'évolution du thrash vers le death metal des tous débuts... Cette passion pour la scène extrême dans laquelle nous avons plongé les deux pieds dedans et qui nous guide encore aujourd'hui, après toutes ces années ! Effectivement, cette démo et surtout le morceau "Without Christ" sur la compilation « Brutale Génération » ont tous les deux été essentiels dans l'histoire de MERCYLESS puisque c'est grâce à eux que nous avons pu decrocher une signature avec un label !

Pour refermer ce chapitre et évoquer la sortie de « Abject Offerings » paru en 1992, te souviens-tu de l’état de la scène death metal française à cette époque ? J’ai vu que vous aviez cotoyé MASSACRA quelques années avant. Qu’en était-il de vos relations avec les « gros » groupes de l’époque comme LOUDBLAST ou AGRESSOR ?
Nous avons partagé la scène avec AGRESSOR, LOUDBLAST, MASSACRA, DEATH POWER, MISANTHROPE, CATACOMB, MUTILATED et nous embrassions tous les mêmes affinités pour le metal extrême. Comme cela marquait les debuts de la scène death metal française, inutile de te préciser que l'entraide faisait partie de notre ADN avec tous ces groupes ! Nous avons très vite développé de bonnes relations avec chacun d'entre eux sans exception car nous partions tous du même principe : faire vivre notre passion avec ceux et celles qui en avaient envie !

En parlant de cette époque, la fin des années 80 et la sortie de ces démos… fais-tu référence à ces échanges de cassette, ces envois de courriers entre fans aux quatre coins du monde qui constituaient alors les seuls moyens de communiquer sa passion ?
Oh que oui (rires). Cela constituait d'ailleurs l'essence même de cette scène. Tout s'est construit par les échanges et le "tape trading" car la presse, en général, n'aidait pas a faire connaître ce style de musique trop agressif pour ses chères oreilles ! Donc l'underground, comme d'habitude, s'est mis en place pour combler ce manque et partager cette passion aux fans les plus déterminés ! Crois moi : à cette epoque, nous attendions de pied ferme chaque jour le facteur avec nos courriers remplis de cassettes et de fanzines en tout genre !

A l’heure où le "remastering" de disques ou démos plus anciens fait toujours débat au sein de la communauté metal, qu’est-ce qui a fait que tu as confié ces démos entre les mains d’El Mobo ? N’avais-tu pas peur d’y perdre un peu de "ton âme" ?
Franchement, pour nous le but était juste de redonner un poil de dynamique et de volume au son d'origine car il ne faut pas oublier que tout cela à été enregistré dans les années 80 dans des conditions rudimentaires. Après, pour te dire la vérité je suis aussi pour conserver le son d'origine car c'est un témoignage important de la carrière d'un groupe et cette nostalgie permet de garder l'âme intacte du son et de l'esprit de cette epoque ! C'était plus le label (Xenokorp à ce moment-là) qui à voulu rendre le travail effectué plus attractif. Ce qui ne constitue rien de bien grave non plus par rapport aux enregistrements d'origine... car cela a été fait de manière respectueuse.

Chris Moyen est à la manœuvre sur l’artwork de cette compilation et il a une fois de plus fait un travail formidable...
Oui et justement, pour cette compilation, seul le travail de Chris Moyen pouvait donner du relief au produit fini ! Underground, noir et blanc avec une tête de bouc malfaisante : c'est un très bon travail comme nous l'avions envisagé (rires). Nous sommes aussi là pour valoriser cet artiste français qui a su donner ses lettres de noblesses a ce style comme d'autres à l'instar de Dan Seagrave, Ed Repka...

Avez-vous prévu de jouer certains de ces morceaux sur scène pour rendre hommage à cette période ? 
Oui, nous y avons pensé bien sûr et pour tout te dire, c'est même dans les tuyaux... nous verrons d'ailleurs pour réaliser une set-list sur mesure avec ce genre de morceaux pour nos prochains concerts. Nous sommes actuellement sur la préparation de l'enregistrement de notre nouvel album en novembre et les dates vont suivre ainsi qu'une tournée donc, préparez-vous !

Max, si tu devais résumer cette sortie en quelques mots, comment t’y prendrais-tu ?
« Unholy Chapters (The Merciless Years) » : c'est l'histoire du death metal à l'ancienne qui a commencé il y a bien longtemps avec des groupes comme MERCYLESS et cette compilation est un temoignage direct et sans concession d'une époque désormais révolue : STAY EVIL !

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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