Quatrième album pour le one-man band français SÜHNOPFER, « Nous Sommes d’Hier » est un joyau de black metal épique et mélodique. Les sept titres de l’album (dont une reprise de Michel Polnareff tout de même) nous plongent dans presque une heure d’émotions blastées, de riffs aux sonorités médiévales, de thèmes teintés d’atavisme. Si dès le premier morceau, "D.S.F.R.", on se retrouve en immersion dans le baroque, c’est notamment grâce à l’utilisation d’un thème initialement composé par Marc-Antoine Charpentier, qui donne une intensité grandiloquente à un black metal rapide et acéré. Ce marquage XVII-XVIIIe siècle se retrouve sur "Derniers Sacrements" où, cette fois, c’est le "Requiem en Do Mineur de Cherubini" qui est utilisé.
Sur la suite de l’album, Ardraos, unique compositeur et musicien, fait la part belle à des riffs tranchants, des rythmes ultra-rapides et des hurlements d’outre-tombe pénétrants. Ce qui n’est jamais décevant, c’est le côté osé, l’indépendance artistique, l’insolence provocatrice de SÜHNOPFER, qui se joue de toutes les normes du metal extrême. Mais les règles sont faites pour être enfreintes, non ?
"Sermon sur le Trépassement" arbore par exemple des chœurs masculins imposants initiés par l’anticonformiste Vindsval (BLUT AUS NORD) qui donnent un côté solennel à un morceau complètement addictif malgré une brutalité marquée. Au contraire, "Pays d’Allen" est beaucoup plus folk, plus médiéval aussi avec un black metal extrême mais mélodique.
Le clou du spectacle arrive avec la reprise inattendue dans le monde du black metal de Michel Polnareff avec "Le Bal des Laze" qui vient clôturer un album des plus détonants. SÜHNOPFER en fait un titre aussi surprenant que cohérent. Bien joué. Avec « Nous Sommes d’Hier », SÜHNOPFER prouve à nouveau que le black metal, si conventionnel par ailleurs, a tout à y gagner en adoptant une ligne de conduite qui va au-delà des sentiers battus. Avec des accents baroques, de la variété française et de l’ingéniosité, il est possible de créer des mélodies extrêmes et même glaciales. Il faut simplement oser. Ardraos ose.