10 septembre 2023, 23:59

RAISMES FEST 2023

@ Raismes (Château de la Princesse)

Quand le Raismes Fest approche, la question qui se pose est celle de la météo. Il faut dire que début septembre du côté de Valenciennes, le temps est plutôt incertain et ne pas avoir de pluie est toujours une victoire qui, ces dernières années, s’installe comme une constante même si les soirées restent fraîches. Mais cette fois-ci, c’est carrément la canicule puisque c’est un grand soleil qui est annoncé sur les deux jours et une température dépassant les 30 degrés. C’est donc sous une chaleur inhabituelle et un soleil de plomb que nous arrivons sur le site accueillis par les arbres centenaires de l’enceinte du château qui vont rapidement se révéler bien utiles.

Il est 12h30 quand CLEYTONE fait son entrée sur scène. Ce quatuor lillois de heavy rock existe depuis huit ans environ et compte à son actif un premier EP éponyme sorti en 2016 et un album, « Outatime » en 2018. S’il vient de sortir son nouvel EP « What a Time To Be Alive », CLEYTONE doit sa présence à sa victoire lors du dernier Ch’ti Rock Festival, qui sert comme chaque année de tremplin au Raismes Fest. Si le démarrage est un peu approximatif, l’ensemble de la prestation est entaché d’une section rythmique trop forte et des guitares réglées trop dans les aigus, le groupe a proposé une prestation honorable pour le public très clairsemé de ce début de week-end, mais néanmoins déjà à l’écoute.


Il revient aux Calaisiens ZOE de poursuivre cette première journée, l’occasion d’un bon dans le passé puisque leur première participation remonte à 13 ans. Si à l’époque, il faisait la promotion de leur second album, cette année ils sont là pour défendre « Back Into The Light » sorti en 2020. Malheureusement, le début de leur prestation livre un son médiocre avec notamment trop de charleston et des problèmes techniques les obligeant à s'arrêter pendant environ dix minutes le temps de résoudre la situation. Heureusement, le reste de leur set bénéficie d’un son correct et le quatuor a su ne pas se déconcentrer à cause de cet incident et délivrer une seconde partie qui fait honneur à leur stoner.

Le Raismes Fest ne couvre plus depuis longtemps l'ensemble du spectre du heavy metal et du hard rock, mais il n'en demeure pas moins éclectique. La preuve en est avec les Andalous THE ELECTRIC ALLEY, qui nous proposent une ambiance différente avec leur hard rock des années soixante-dix, se distinguant ainsi des deux précédentes. Le quatuor est venu les mains dans les poches, car le matériel et les instruments qu'ils utilisent ont été intégralement prêtés par le Raismes Fest. Il est facile d'imaginer que leur venue en 2016 a laissé une impression durable, car l'organisation s'est démenée pour leur fournir l'ensemble du matériel nécessaire pour les 50 minutes qui leur ont été imparties. Formé en 2012 et comptant à son actif quatre albums, le groupe est venu défendre son dernier album en date, « Apache », sorti l'année dernière. Il s'agit en fait d'une séance de rattrapage, car le groupe avait été remplacé à l'époque par RED BEANS AND PEPPER SAUCE. Bien que la prestation du groupe ait été agréable et n'ait pas souffert de problèmes techniques, le son n'était malheureusement pas encore à son meilleur niveau. On peut regretter un chant trop aigu et dominant la partie instrumentale. Cependant, les quatre musiciens ont su capter l'attention du public en mettant en avant leur dernier album et en proposant une sympathique reprise de "Cowboy Song" de THIN LIZZY avant de conclure avec la chanson-titre de leur précédent album, "Get Electrified!"


Il peut être surprenant de découvrir un jeune groupe formé en 2019 aussi bien placé sur l'affiche et bénéficiant de 50 minutes de concert. Malgré son unique album éponyme sorti en novembre 2021, LITTLE ODETTA n'est pas pour autant novice, car le quintet est composé de musiciens expérimentés qui maîtrisent manifestement l'héritage du rock dynamique des années 60 et 70. Le concert débute avec "Make Up Your Mind", qui est également la première piste de l'album, marquant ainsi l'entrée remarquée d'Audrey Lurie. Bien que les quatre autres musiciens, Lucas Itié (guitare), Fabien Rault (batterie), Aurélien Herson-Macarel (basse) et Florian Chignon (claviers), ne soient pas en reste, c'est la chanteuse qui guide le groupe avec sa voix et sa présence. Avec brio, ils enchaînent les titres, la plupart étant évidemment issus de leur unique album, auxquels s'ajoute une magnifique reprise de "It's a Man's Man's World" de James Brown. En apothéose, Audrey se lance dans une longue et remarquée balade au milieu du public. Indéniablement, LITTLE ODETTA est la sensation de cette première journée et se classe finalement parmi les meilleures performances, même si au départ ils n'étaient pas favoris.


Avec GANAFOUL et Ray Wilson, c'est un voyage dans le passé. Tout d'abord, du côté national avec GANAFOUL, dont les plus anciens se souviennent certainement d'eux en tant qu'un des groupes de la scène rock française dominée à l'époque par TRUST et TELEPHONE. Après la sortie de leur quatrième album, le seul en français en 1981, « T'as Bien Failli Crever », le groupe semble, après trois décennies, être une sorte de présage. En effet, pendant trente ans, à l'exception d'un regain d'intérêt récent, le groupe a fait des apparitions sporadiques. Sur scène, GANAFOUL est loin de proposer un concert énergique, mais nous assistons néanmoins à une solide performance de blues-rock qui met en valeur son répertoire anglophone issu de ses trois premiers albums sortis au cours de la seconde moitié des années 70.

Ensuite, c'est au tour de Ray Wilson, principalement connu pour son passage au sein du cultissime GENESIS entre 1996 et 2000, d'animer la scène du festival. Contrairement à GANAFOUL, Ray Wilson a une longue carrière jalonnée de nombreux albums. Malheureusement, sa prestation est une sorte de syndrome de Stockholm musical. Nous avons assisté à une belle interprétation d'un cover-band dédié à GENESIS. Bien qu'il soit incontestable que son passage au sein du groupe légendaire ait contribué à le mettre en lumière, il est dommage de le voir continuer à exister sous son emprise, reléguant ainsi son propre répertoire au second plan.


En début de soirée, nous revenons à une musique plus contemporaine, avec trois groupes scandinaves qui se succèdent. Ce sont d'abord les Suédois ECLIPSE qui ont l'honneur de relancer la machine. Actuellement en tournée avec leurs compatriotes H.E.A.T, ils viennent nous présenter leur dernier album en date, récemment sorti, « Megalomanium ». Heureusement, bien que le son reste un peu trop aigu, il est néanmoins correct, permettant au groupe de redynamiser cette journée. Si leur performance ainsi que leur musique restent, somme toute, assez communes, les fans apprécient à juste titre leur prestation. Cela permet de rattraper le souvenir décevant de leur précédent passage en 2018. En mettant en avant leurs quatre derniers albums, ECLIPSE a su se présenter sous son meilleur jour.

Alors que la nuit est maintenant tombée sur Raismes et que la traditionnelle fraîcheur est cette année remplacée par une chaleur moite, ce ne sont pas les Danois DIZZY MIZZ LIZZY qui vont rafraîchir l'atmosphère. Autant dire que le quatuor a littéralement enflammé Raismes. En mettant en avant leur dernier album en date, « Alter Echo » (2020), dont sept titres sont extraits, ils ont offert un set de rock progressif énergique. Avec un son impeccable, bien meilleur que celui de la journée, DIZZY MIZZ LIZZY a livré la performance la plus convaincante de la journée. Sachant que le groupe se fait plutôt rare en France, car il s'agit seulement de leur deuxième concert depuis celui à Paris en 2017, cette prestation est une chance et restera un souvenir inoubliable.


Perchés sur un petit nuage après cette prestation, il revient aux Suédois H.E.A.T. de clôturer cette première journée. Même si leur nom est plutôt en phase avec la température qui règne sur le site, la barre est haute. Certes, il s'agit d'un groupe dynamique et démonstratif qui devrait être capable de relever le défi. Même si les fans de H.E.A.T considèrent à juste titre que c'est une excellente prestation à laquelle ils ont assisté, il est difficile de se remobiliser. Si le groupe réussit son entrée en scène, en particulier le chanteur qui rappelle inévitablement Bruce Dickinson, après une ouverture démoniaque en forme de cas de force majeure et un enchaînement sur "Rock Your Body" prometteur, la suite devient vite répétitive, laissant retomber le soufflé au point de rendre la prestation qui illuminait la nuit étoilée de Raismes quelque peu ennuyeuse.


En ce deuxième jour toujours aussi chaud et ensoleillé, ce sont les Nordistes BLACK HAZARD qui entament leur set avec une vingtaine de minutes de retard sur l'horaire à cause d'un problème de surchauffe de la table de mixage. Second vainqueur du tremplin Ch'ti Rock Festival, c'est l'occasion pour eux de nous présenter leur premier album qui est sur le point de sortir. À l'exception du batteur qui s'éclate derrière ses fûts, les autres musiciens sont assez statiques. Toutefois, l'ensemble est musicalement plaisant, et la voix rauque du chanteur donne de la puissance à la prestation. La nouvelle console offre aussi un son de bien meilleure qualité, ce qui est de bonne augure.


Actuellement en tournée avec ELECTRIC MARY, THE MERCURY RIOTS enchaîne pour nous présenter sept titres de leur répertoire. Ce jeune groupe qui nous vient de Los Angeles n'a à son actif qu'un EP 5 titres sorti en 2022 et quelques singles. Malgré cette extrême jeunesse, nous avons affaire à des musiciens chevronnés qui maîtrisent la scène. Ce n'est guère surprenant lorsque l'on sait que les musiciens opèrent dans WARNER DRIVE et BULLETS AND OCTANE. Malheureusement trop court, THE MERCURY RIOTS est clairement la première sensation de cette seconde journée.

Avec MOHO/VIVI, c'est un retour aux sources, une association de deux grands noms comme COVERDALE/PAGE ou plus récemment SMITH/KOTZEN, mais françaises celle-ci puisqu'ils ont tous deux officié dans le légendaire TRUST. Si leur récente réunion a produit l'album « Kommando » (2022), seuls trois titres en sont joués, préférant faire la part belle aux reprises de TRUST. Au fond et heureusement, en dehors de la chanson hommage au fondateur d'AC/DC, "Malcolm", leur performance n'est guère convaincante et rappelle une époque où le rock français était principalement une forme musclée de variété française.


Le moment est venu de découvrir le metal progressif de THRESHOLD. Le groupe, au sein duquel Glynn Morgan est revenu derrière le micro, fait le choix de mettre en avant les deux derniers albums de sa longue discographie. Le set se termine avec "Small Dark Lines", une sorte d'hommage à la mémoire d'Andrew McDermott, ancien chanteur du groupe décédé en 2011. On oublie ainsi la longue période durant laquelle Damian Wilson a officié. C'est dommage, mais ce qui est encore plus regrettable, ce sont les problèmes techniques qui ont saboté la prestation. Au début, la guitare était inaudible, il y avait trop de basses, et le concert a été interrompu à deux reprises en raison de l'ordinateur qui surchauffait. Peut-être que sans tous ces problèmes, nous aurions pu passer un bon moment, mais le fait est qu'une fois les problèmes résolus, la prestation n'a pas convaincu.

Le temps commence à paraître un peu long, et la chaleur risque d'inciter le public à la sieste si cela continue. Il revient donc à Robert Jon & THE WRECK et son rock sudiste de relever le défi de remobiliser le public. C'est ce qu'ils ne manquent pas de faire en mettant en avant leur dernier album « Ride Into The Light », sorti en août dernier, dont trois titres sont extraits. Il en est de même pour l'album « Last Light On The Highway », sorti en pleine pandémie, qui n'a guère pu défendre ses chances à l'époque. Côté prestation, le groupe a une réelle présence scénique et une capacité d'improvisation qui se révèle lorsque survient un nouveau problème technique avec l'ampli de Robert Jon, qui rend l'âme. Le groupe réussit alors à combler l'événement au point de le faire passer presque inaperçu. Toutefois, même si les compositions et l'interprétation restent de bonne qualité, l'ensemble est tout de même en deçà de ce que peuvent offrir LYNYRD SKYNYRD ou BLACKFOOT.


Ensuite, ELECTRIC MARY prend la scène après une attente semblable à celle de son prédécesseur, car cela fait déjà plusieurs années qu'ils sont annoncés en vain. Mais, cette année est la bonne. Pendant 80 minutes, Rusty et sa bande proposent un set énergique qui remobilise le public en ce début de soirée. Le set propose les derniers singles "3 Days Gone" (2022) et "The Dealer" (2023), mais ce sont principalement de vieux morceaux qui sont interprétés. Pas moins de 6 titres de « Down To The Bone" » (2008) sont joués. Si la particularité d'ELECTRIC MARY est de ne pas sonner comme un groupe australien, cette prestation assez heavy manque toutefois du petit plus qui aurait pu la transcender et en faire un réel temps fort de cette journée. Il est probable que les fans d'ELECTRIC MARY ne partagent pas cet avis, et c'est bien normal. En tout cas, c'est le ressenti d'un regard extérieur qui a beaucoup entendu parler de façon dithyrambique de ce groupe, qui le découvre sur scène et qui reste un peu sur sa faim même s'il a passé un bon moment.


Avant que la nuit ne tombe pour laisser place à Ian Paice, c'est à Mike Tramp de venir nous proposer son top 12 des chansons de son groupe emblématique des années 80 : WHITE LION. Pour les plus anciens, pas besoin de le présenter, et le public présent en masse n'est pas venu par hasard. Toutefois, pour les plus jeunes et curieux d'en savoir un peu plus, en quelques mots, ce Danois s'est expatrié à New York pour former le groupe WHITE LION, qui a connu son heure de gloire avec « Pride » (1987), certifié double-platine, et qui a ensuite créé FREAK OF NATURE dans les années 90. Ce soir, c'est d'ailleurs avec son vieux compère Marcus Nand qu'il monte sur les planches du Raismes Fest. La set-list est sans surprise, composée essentiellement de titres de l'album « Songs Of White Lion » paru en avril 2023. Seules "Going Home Tonight" et "All The Fallen Men" en sont exclues au profit de "Love Don't Come Easy" et "Farewell To You". Si le groupe est en place et prend plaisir à jouer, l'ensemble manque, comme pour ELECTRIC MARY, de ce petit quelque chose qui vous embarque. Toutefois, le public venu voir la prestation passe un bon moment, et c'est le plus important.


Pour clôturer cette vingt-cinquième édition, c'est un cover-band cinq étoiles qui monte sur scène. Avec Ian Paice derrière les fûts, il s'agit bien évidemment de PURPENDICULAR, principalement dédié à DEEP PURPLE, mais pas seulement. Intercalés entre les classiques de son groupe principal, on retrouve "No One's Getting Out Alive" et "Human Mechanic", chanson-titre du dernier album sorti en 2022, ainsi que deux chansons de WHITESNAKE : "Walking In The Shadow Of The Blues" et "Ready an' Willing". L'interprétation de "Pictured Within" est aussi l'occasion de rendre hommage à Jon Lord. Avec un line-up bien rodé et le chant de Robby Thomas Walsh qui n'est pas sans rappeler Ian Gillan, PURPENDICULAR a proposé une prestation de qualité qui a ravi le public.

Une fois de plus, le Raismes Fest a su proposer une belle affiche variées, mêlant de grands noms et permettant de découvrir des groupes prometteurs. Si l'on peut regretter un son pas toujours au rendez-vous et de nombreux problèmes techniques liés probablement à la chaleur exceptionnelle de ce week-end, nous retiendrons une excellente découverte avec LITTLE ODETTA, un concert magistrale de DIZZY MIZZ LIZZY, et une fort sympathique prestation de THE MERCURY RIOTS.


Photos © Yves Jud

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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