21 octobre 2023, 19:03

VARG

"Ewige Wacht"

Album : Ewige Wacht

Pour les amoureux de metal original VARG a toujours su vous gâter. Après un précédent album delaissant le black/thrash pour le pagan, comment résonne ce « Ewige Wacht » ?...

"Immer Treu" gorge son sillon d’une gigue pagan/thrash, à la sauce enlevée et joyeuse, mêlant growls et chœurs féminins, Freki et Fylgja sont impressionnants de complémentarité. VARG depuis quelques années s’éloigne du black/thrash pour un black plus folk. Une envie de se baigner dans ses racines barbares en ces temps obscurs ? Honnêtement moi c’est le cas, je cours chercher ma peau de loup synthétique et je file rejoindre leur clan...

"Schildmaid" vient porter haut les couleurs des porteuses de boucliers, avec une batterie forte, des riffs rapides et des chants aussi effilés que les lames des dites viking-women. C’est un titre où on a la lame à l’âme. Northmen, loups saxons, même combat, avec ce petit plus dans la langue de Goethe au lieu de celle de vipère de l’homme moderne, "Weltenfeind" apporte mélancolie et rage façon KORPIKLAANI. "Fylgja", portée par la voix de valkyrie de la belle frontwoman, que son compagnon growleur encourage, nous transporte littéralement par la force de son architecture musicale digne de SUMMONING, le voile du temps se déchire sur cette comptine enfantine et barbare. Nous apercevons l’éclat des légendes oubliées dans les forêts noires de Teutoburg. C’est magistral. Riffs langoureux et poésie lyrique païenne. Le feu du combat pour l’identité culturelle revient avec un "Tyr" sang pour sang sauvage où les cordes vibrent.

"Járnsíðasleið", avec son introduction digne de Basile Poledouris, met une nouvelle fois la splendide voix de Fylgja, ouvrant la voie (ou la voix ?) à "Eisenseite", chronique de l’âge du fer, où le metal illuminé est vénéré, au travers d’une fresque guerrière digne de TÝR. Une régalade parfumée à l’hydromel que rehausse le marteau,… le martial "Hammer", avec ses grognements épicés et ses riffs si pesants, et "Morgenrot", si paillard et trépidant, que nous sommes sur le point d’en renverser notre corne à boire... La musique de VARG est à l’image des ancêtres dont ils content les légendes, forte et généreuse. "Siegreiches Heer" est l’hymne victorieux d’une culture paritaire et fière, le duo de voix à nouveau hisse haut les couleurs des nations libertaires, luttant farouchement pour défendre leurs us et coutumes... ou costumes. Si tu ne gigotes pas sur ce morceau, c’est que tu es sourd.

Toute saga s’achève au coin d’un feu confortable et rassurant, "Ewige Wacht" vous bercera une dernière fois avec les voix des dieux et déesses anciens, sur des crissements huileux indomptables et des peaux sagacement martelées.
Durant tout l’album c’est la succession d'invités de luxe du genre, KORPIKLAANI, ALESTORM, KANONENFIEBER, TÝR, HARPYIE, ROTTING CHRIST et bien d’autres. Un besoin de rassembler tous les clans pour une promotion exceptionnelle du genre ? Certainement. Une ewige wacht, une veillée éternelle.

VARG a superbement évolué jusqu’à ce heavy metal brut, ethnique, mélodieux et définitif.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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