25 novembre 2023, 17:32

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 74


Ça commence à sentir le sapin non ? Avant de sombrer dans les lumières et les paillettes des fêtes, vos humbles serviteurs de la rubrique nécrologique de HARD FORCE vous proposent tout de même de vous rassasier de musiques sombres, cruelles, vociférantes qui devraient terminer de glacer le sang des plus enjoués d’entre vous. Aude, Clément et Crapulax n’en ont donc pas fini de vous emballer avec du black, du death et du death. Beaucoup de death quoi, mais du bon black aussi ! Bref, ouvrez vos oreilles averties !
 

AEON WINDS : « Night Sky Illuminations » (Avantgarde Music)

AEON WINDS n’est pas nouveau dans la scène black metal puisque le groupe de Slovaquie existe depuis 2010. Cependant, ce nouveau « Night Sky Illuminations » est son troisième album donc vous aurez tout le loisir de rattraper votre éventuel retard discographique. Le trio propose un black metal symphonique décoiffant et vindicatif tout en laissant la place à divers passages emprunts de mystères, enrobés d’un brouillard dense.
L’excellent titre "Opus Coronation" est un exemple puissant du black hyper atmosphérique dont est capable AEON WINDS. Avec des rythmes mid-tempo, une voix tonitruante, des claviers séduisants mais aussi des blasts rapides et des riffs tranchants, chaque morceau est une plongée dans les mythes pré-chrétiens, un voyage dans les Carpathes enivrantes.
Les chansons plus épiques comme "Blazing Monuments" mais également le très symphonique "Of Revenants And Apparitions" donnent une richesse et une variété appréciable à un album qui allie puissance et majesté, tant par la musique que par l’ambiance mise en place. Même le cosmique et instrumental "Stellar Transcendance" prend tout son sens dans ce black metal inspiré, illuminé dirons-nous même.
Ce « Night Sky Illuminations » est indubitablement une belle réussite.
(Aude Paquot)


THREE EYES OF THE VOID : « The Atheist » (Folter Records)

THREE EYES OF THE VOID : vous pouvez retenir ce (long) nom car ces Ukrainiens devraient commencer à faire parler d’eux. Après un EP passé inaperçu en 2017, le groupe revient cette année avec un premier album magnifique intitulé « The Atheist ». Il propose un post-black à la fois mélancolique, dépressif, mélodique, atmosphérique mais tout aussi furieux et frontal.
Dès les premières notes et le tempo ultra lent de "Behind The Stars", on note toute la langueur dont est capable THREE EYES OF THE VOID. Mais on se rend aussi vite compte que la rage est contenue et qu’elle se libère instantanément avec des rythmes blastés et des hurlements déchirés.
Les six titres se déroulent tout en progressivité, entre moments suspendus et déferlements de riffs. L’exceptionnel morceau "The Descent" nous rappelle leurs compatriotes de WHITE WARD et à juste titre puisque le saxophone y est assuré par un de ses membres, Dima Dudko.
De la plus délirante "Delirium" à la plus black "The Atheist", toutes les pistes sont d’une qualité irréprochable et cette fois, nous pouvons tourner nos yeux vers l’Ukraine pour quelque chose de positif. A écouter sans modération.
(Aude Paquot)


SHRAPNEL STORM : « Silo » (Great Dane Records)

Fort de 4 démos de 2008 à 2013 puis de 2 albums (« Mother War » en 2015 et « Shrapnel Storm » en 2020), la formation finlandaise de death metal s'est vraiment donnée en 2023 les moyens pour tenter à nouveau de percer l'épaisse couche de glace qui les sépare de la reconnaissance mondiale.
« Silo » regorge en effet de bons grains (ah ah ah...) non pas à moudre mais du genre à fabriquer des bons gros pains avec ! "Wastelands", premier titre de l'album, scotche l'auditeur d'entrée avec ses rythmiques pesantes qui font irrémédiablement penser à CARCASS dans sa période « Swansong » mais c'est surtout "Bring Me The War" qui remporte le haut du pavé de son break guitare/batterie entêtant. "Conquering The Gods" et son riff emprunté à TRIVIUM sans oublier le refrain ultra efficace de "Icon Of Destruction" complètent ces nombreux moments de gloire qui ne manquent pas sur cet album.
On leur souhaite donc le meilleur pour la suite, ce serait dommage qu'ils échouent au pied du podium de la célébrité après avoir fait un « silo » chemin (ah ah ah...).
(Crapulax)


FRAKASM : « And So The World Was Shed » (Great Dane Records)

S'il était écrit que 2023 serait une année chaude, en revanche on ignorait que ce serait aussi le cas pour le bûcher flamboyant du metal français. FRAKASM vient d'ailleurs d'y poser une bonne grosse bûche, donnant une digne suite à leur première offrande, « Century Of Decline », parue en 2017.
« And So The World Was Shed » regorge en effet de titres tous aussi puissants les uns que les autres, à commencer par "Dilaceratio Corporis" sorti en lyric-video il y a quelques semaines. Particulièrement efficace aussi que ce "Fire In The Sky" de fort bon aloi qui fait montre d'une certaine habilité dans l'exercice de la composition, FRAKASM ménageant de subtils (c'est une expression, on parle de death metal là...) effets et pauses comme le solo aérien bienvenu de "The Dark, The Fail & The Oblivion", ce qui permet à l'ensemble de mieux respirer.
Tout n'est pas parfait évidemment, quelques titres un peu passe-partout manquent de ce soupçon d'originalité qui fait qu'on s'en rappelle immédiatement lors des écoutes suivantes.
Cela reste malgré tout du bon boulot. Vivement le prochain album !
(Crapulax)


ANKSUNAMON : « The Dark Pharaoh » (MTAF Records)

Voilà un groupe qui sait prendre son temps. Vingt ans, c’est ce qu’il aura en effet fallu à ANKSUNAMON pour sortir son premier album, « In The Kingdom Of Seth », en 2020. De nombreux changements de line-up sont à l’origine de ce délai qui lui conférerait presque le statut d’Arlésienne... mais le quintet lyonnais a tenu le cap dans l’adversité et frappe le fer tant qu’il est chaud puisqu’il est (déjà) de retour avec un nouvel album : « The Dark Pharaoh ».
Une nouvelle fois inspiré par la mythologie égyptienne, ANKSUNAMON tire son épingle du jeu avec un death/thrash metal massif, puissant qui évoque les grandes heures d'une scène death metal que n’aurait pas renié les Néerlandais GOREFEST, SINISTER ou THANATOS dans leurs beaux jours.
ANKSUNAMON ne s'embarrasse d’ailleurs d'aucun complexe en reprenant ici tout ce qui fait le charme des groupes précités : riffs massifs et tortueux, matraquage de fûts avec une ferveur inébranlable. Le tout est naturellement emballé dans une production vintage et respectueuse signée des Warmaudio studios. Ajoutez à ce cocktail meurtrier quelques velléités plus heavy et vous voilà en possession d'un album qui dépasse le cadre du simple hommage de passionnés pour se nourrir d'influences diverses et bienvenues. Tout bonnement réjouissant...
(Clem)


DEATH BLOOD : « Osteonecrovore » EP (MusikÖ_Eye Prod)

Quand un trio de nancéens se décide à remettre au goût du jour l’esprit du death metal suédois estampillé fin 80, début 90, cela mérite bien sûr un coup d’œil plus qu’appuyé. Pas forcément parce que nos trois enragés sont plus "evil" que leurs petits camarades mais parce que leur amour du style transpire ici par tous les pores, avec dans leur besace la sainte trinité ENTOMBED, DISMEMBER et GRAVE solidement installée au chaud.
En effet, DEATH BLOOD distille ici avec doigté tous les ingrédients de cette recette qui fait son charme avec une production rugissante à souhait. De celles qui ressuscitent le temps de vingt-sept minutes ce son gras-double que façonnait un certain Tomas Skogsberg il y a plus de trois décennies dans son antre de Stockholm. Geoffroy Lagrange a d’ailleurs fait un boulot phénoménal pour retranscrire avec ce qu’il faut de modernité cet esprit d’un autre temps dans sa forge du Swedish Sound Studio.
Il est aussi impossible de faire l’impasse sur ce groove à décoller le bassin qui fera trépigner jusqu’au dernier des nostalgiques de la grande époque. Vous l’aurez compris : cet « Osteonecrovore » des familles est lourd et réconfortant comme une plâtrée de Poutine royale expédiée au fond du buffet. Et on redemande !
(Clem)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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