14 décembre 2023, 18:32

STRANGE NEW DAWN

"New Nights Of Euphoria"

Album : New Nights Of Euphoria

Pour toi mon doux prince comme l’annonçait Shakespeare, voilà une œuvre de saison, STRANGE NEW DAWN et son « New Nights Of Euphoria » qui s’annonce sombre et en demie teinte.

Notre voyage débute avec "Journey Within", dans un climat froid et lancinant, des riffs pesants sillonnent la brume d’une rythmique où chaque frappe de batterie résonne telle la mort. Le chant est une complainte, prenante et prégnante, les refrains cliquètent tels le givre sur des bourgeons. Musicalement c’est très bon, humainement désespéré toutefois, du bon doom metal progressif qui se respecte.

"Class Hero Idol" apporte une fraîcheur étonnante, ainsi qu’une touche psychédélique inattendue qui se niche dans les attaques frontales des guitares. STRANGE NEW DAWN appose-t-il des touches de rose sur ses maquillages norvégiens ? Ou est-ce la preuve que la vache blanche et noire de « Atom Earth Mother » est le chaînon manquant entre le rock progressif et le mouvement doom et black metal encore à imaginer à l’époque ? Toujours est-il que le titre tire vers un PINK FLOYD growlment bien détourné. Ce qui ferait alors de "Defenders Of Faith" une sorte de "pink" metal. Assurément nous baignons dans un mélange fracassant des genres, de riffs qui grattent, de synthés et soli qui virevoltent, des voix qui déchirent les brumes.

On poursuit avec "The Wake Of Icons" qui gambade sur des touches de piano et un chant de cabaret peu à peu dévoyé, tout en étalant au final du gras avec ses grattes huileuses. L’atmosphère demeure pesante, mais le chanteur n’en a cure, sa voix porte clairement vers des horizons hallucinés, rendant le morceau troublant, mais sacrément entraînant. "Fortune Bringer" ne dissipera pas notre trouble, avec ses 7 minutes déclinées sous la forme d’un chant clair multiple, avec des chœurs sous acide, des guitares aériennes, et pourtant une lourdeur, comme un doom scandinave devenu méditatif. Qu’est-ce que c’est beau avec cet incroyable background sentencieux. "Finding The Pieces" est presque trop classique, avec son doom/black metal des familles. J’abuse évidemment, c’est un réel plaisir auditif ces compositions de STRANGE NEW DAWN. A noter les poussées angéliques dans les chœurs qui donnent un côté épique bien calculé. "Seek It" en est une preuve supplémentaire, avec une démonstration de soli héroïques, un doom atmosphérique savoureux et symphonique.

Une poignée de clavecin plus tard STRANGE NEW DAWN balance "High Strangeness", qui ramène les cris désespérés et psychédéliques sur le devant du chant, avec un duo basse/batterie prophétique et des riffs sérieusement agressifs. Nous avons toujours ces relents hippies incongrus et délicieux dans "Sons Of Galaxy", comme un rocky horror black show. Délicieusement langoureux est ce new doom progressif. Comme il s’agit de conclure cette expérience extra sensorielle, STRANGE NEW DAWN étale un "The Passing" lent et lourd comme inspiré de TYPE O NEGATIVE, les anges chantent avec passion avant de se voir crucifiés par des riffs de plombs.

STRANGE NEW DAWN s’impose comme l’un des plus originaux et spectaculaires groupes que j’ai pu entendre cette année.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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