6 janvier 2024, 18:22

OPIUM DU PEUPLE

"La Malédiction de la Black Burne"

Album : La Malédiction de la Black Burne

Déjà quelques années que les joyeux drilles d'OPIUM DU PEUPLE reprennent à la sauce punk les classiques de la chanson française. Je me suis dit qu’à l’occasion de la sortie du dernier album, « La Malédiction De La Black Burne » (nom de leur van aussi célèbre que celui du Scooby gang), il était temps de se faire l’écho de leur épopée musicale.

L'album décolle avec un "Santiano" chargé de riffs graisseux et de cornemuses dans ses cales. Aussi vivifiant que de l’air gorgé d’embruns marins avec ses « hé hé » hardcore. La réelle première claque est un "Extrême NTM" fusionné dans la guitare minimaliste de "Sabotage" des BEASTIE BOYS, et là c’est le feu, comme si ce morceau national avait été écrit pour foutre le bronx en 2023, au propre comme au figuré. La Seine Saint Denis brille comme une Starr sur les rives de l’Hudson.

"La Mauvaise Réputation" nous cueille dans un groove rapide thrashcore que n’aurait renié ANTHRAX ? Alors là je me dis qu'OPIUM DU PEUPLE est plus qu’un groupe de reprises. Il s’agit plutôt de classiques reprisésrevisités, le contenu irrévérencieux est mis sous une lumière nouvelle, pour au final retentir en porte-parole des échos de notre actualité. "Le Tourbillon" en est un autre exemple, fort d’une émotion devenue intemporelle. Personne ne s’étonne d’entendre une voix rauque qui rappelle le regretté François de PIGALLE sur un pan de notre culture populaire, au final indémodable.

Quand Daniel Balavoine avait dit qu’il était un rockeur, les Enfants du Rock s’étaient moqués... "Le Chanteur" est dopé au SICK OF IT ALL, cela leur clouera leurs becs de merles moqueurs. Car c’est un morceau de bravoure que je me suis repassé trois fois tellement c’est jouissif. Huileux et vivace, Daniel tu es magnifiquement salué. Rock In Peace. "Requiem pour un Con" avec son riff entêtant façon FUGAZI lui succède à la perfection. De là à dire que Gainsbourg se barre (ou se marre), il n'y a qu’un pas, et il est franchi. "Mon amie La Rose" aurait pu être anecdotique, c’est sans compter l’inspiration d'OPIUM DU PEUPLE, qui l’habille du "Come Out And Play" de THE OFFSPRING. Complètement anachronique sur ce coup, on se déhanche sur le texte incroyable triste. Bien joué les ménestrels des plages du sud-ouest !

"Le Loup, la Biche et le Chevalier" en mode punk-hardcore ? Ça va peut-être trop loin, ou pas. Saluons l’audace de ce furieux morceau. Quelque part on s’en fiche quand retentit "The Loneliness Of The Long Distance Runner" de la Vierge de Fer pour illustrer les paroles du poète Cabrel. Le duo de voix masculine & féminine est sublimé par un heavy metal plein d’audace... de pique. Incroyable, on en chiale de bonheur. Petite bouffée de fraîcheur punk débridée sur "Tout l'Amour" et on réécrit L’Edith non pas de Nantes, mais d’Hendaye, et toute "La Foule" nous emporte dans un punk-rock féminin qui retentit brillamment. Vraiment classe.

"YMCA" est un OVNI. Il faut l’écouter et se faire son propre avis dans ce franglais rock. De même pour ce "Louxor j'Adore" complètement déglingué et festif comme une féria. C’est le final qui captera l’attention. "Evil Girl Collection" est un morceau de bravoure qui voit se côtoyer toutes les influences rock et punk des eighties, avec Laurent Voulzy en chef d’orchestre qui invite aux refrains METALLICA et SLAYER, les BREEDERS, BLONDIE ou encore NENA. Incroyable hit de 7 minutes.

OPIUM DU PEUPLE m’a scotché, ému et laissé le goût de notre culture populaire peinte de rock dans l’âme. Enorme album.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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