5e album pour les anglo-allemands, désormais basés en Suède, LUCIFER, tout justement nommé « Lucifer V », l’occasion de se rattraper pour ceux qui ne les ont découverts qu’en première partie de GHOST...
LUCIFER est un "Fallen Angel" qui paie sa part de gras au démon Iommi. Des riffs lourds comme le plomb, nous sommes dans un puissant heavy des années 70, avec une rythmique aussi rapide qu’elle est doom, pour un rendu d’une énergie paradoxale et folle. La voix de Johanna Sadonis porte loin, tel un refrain de BLUE ÖYSTER CULT, ce début d’album annonce un agréable moment d’ambiance. "At The Mortuary" est œuf qui éclot avec surprise sur des lignes à la manière de BLACK SABBATH, avec des guitares qui décapent le plus dur des métaux. Quelques cymbales et un solo plus loin c’est un véritable rayon d’optimisme qui fait reluire le sombre morceau. Tel le soleil sur le bitume après la pluie.
"Riding Reaper" rebondit sur les frappes d’une batterie bombée et d’une basse profonde. Avec sa guitare embarquée dans un mode road-trip de guitar-hero la voix suave de Johanna enchante façon BLUES PILLS. Fraîcheur digne d’un kiss-cool. Oubliez les soucis de l’hiver et du monde sur ces somptueuses notes. "Slow Dance In A Crypt" s’avance ensuite, langoureux sur des notes d’orgue et des riffs montant des profondeurs de la terre. Un chant mortueur. Quant à "A Coffin Has No Silver Lining", il jaillit tête baissée, tête de moteur même. Entraînant, captivant, avec un chant aérien porté par des « hou houuu » très inspirés. LUCIFER en vil tentateur nous offre une indéniable richesse.
"Maculate Heart" fera danser pieds nus les comtesses d’un soir, avec son groove et sa batterie martelée. Une simplicité incroyablement complexe, c’est une belle réussite. "The Dead Don’t Speak" ? Eux peut-être pas, mais LUCIFER résonne dans une dance lancinante en rien muette. Guitares épurées, puis progressivement omniprésentes, voix de velours et claviers semblent crier « YES ». L’étreinte de l’amour... dans la mort. "Strange Sister" repart sur son riff grassouillet et sa voix provocatrice pour vous faire tourner la tête avec un heavy metal sonnant mais absolument pas trébuchant. Ce groupe a un sens du swing plus précis que Tiger Woods, ses soli huileux vous foutent en croix sur le gazon.
Le bal va s’achever comme il a débuté, avec une introduction lente et très noire, pour mener à une légèreté mortuaire. Ce sera sur "Nothing Left To Lose But My Life" au ventre gonflé d’un heavy-doom définitivement puissant, grondant telle la bête de l’apocalypse en personne... Un album hypnotique et prenant. Décidément, LUCIFER... s’est y faire.