8 mars 2024, 18:55

LE JEU "MAL ARDENT"

Interview du cofondateur Rage


Une fois n’est pas coutume, HARD FORCE s’intéresse cette fois-ci non pas à de la musique, mais à un jeu à rôles cachés dont l’univers devrait vous parler particulièrement : "Mal Ardent". Produit par le label Les Acteurs de l’Ombre, il fait vivre à ses joueurs les fléaux médiévaux dont ils doivent se délivrer... ou pas. C’est Rage, un des fondateurs du jeu, qui nous le décrit plus en détails.
 

Salut Rage et merci de répondre à quelques questions à propos de ce nouveau jeu à venir, "Mal Ardent". Tout d’abord, peux-tu nous le présenter ?
C’est un jeu à rôles cachés dans le village médiéval de Saint-Antoine, en proie à une épidémie de mal des ardents provoquant Malepeste, Guerre, Famine et Folie. Les villageois n’ont plus qu’un espoir : PRIER. Si la majorité des villageois sont fidèles, certains sont possédés et souhaitent la destruction du village. Ils se connaissent entre eux, mais les fidèles ne savent pas qui est qui. Le mal des ardents est une vraie maladie appelée aussi ergotisme. Elle est provoquée par un champignon poussant sur le seigle : l’ergot de seigle. Le pain fabriqué à partir de cette céréale contaminée, une fois consommé, rend les gens fous. Ce champignon ayant permis de synthétiser le LSD, on s’imagine bien pourquoi les malades se sentaient possédés par le Diable !

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de lancer ce jeu ? Et d’où vient l’idée du concept ?
Pendant les rassemblements entre membres des Acteurs de l’Ombre on joue régulièrement, notamment à des jeux à rôles cachés. Un soir on s’est dit : « Et si on créait notre propre jeu ? ». Puis on a commencé à y réfléchir de plus en plus sérieusement. On a pensé à un univers qui se marie bien avec le black metal : médiéval, glauque et crasseux. Puis la pandémie de COVID nous a donné l’idée d’une maladie. Pourquoi l’ergotisme ? A cause d’une bière brassée spécialement pour LADLO, à base de seigle, appelée la Saint-Antoine.

Il y a pléthore de jeux de rôles sur le marché. Qu’est-ce qui distingue "Mal Ardent" de ses concurrents ?
En premier, l’univers visuel. Nous voulions une esthétique très travaillée et Guibz, coauteur et illustrateur, a effectué un travail titanesque. La thématique aussi. Médiéval, certes, mais sans paladins, dragons ou mages. Un village et ses villageois, des métiers et statuts d’époque, une maladie réelle et un fond d’ésotérisme.


Le jeu semble facile à mettre en place, avec peu de matériel et des règles assez intuitives. Est-ce que vous vouliez réaliser un jeu que l'on puise utiliser n’importe où, n’importe quand, même si peut-être pas avec n’importe qui ?
Nous voulions créer un jeu d’ambiance avec des règles faciles à appréhender, jouable en soirée, avec néanmoins de la stratégie. Le jeu à rôles cachés est un genre de jeu particulier, il ne faut pas être hermétique au bluff et au mensonge. C’est surtout ce point qui fait qu’on ne peut pas y jouer avec n’importe qui. Mis à part ça, c’est un jeu tout public, à partir de 14 ans.

"Mal Ardent" se place dans un paysage de grande pauvreté, d’épidémie, avec un décor sombre, médiéval, sur fond de religion. Des thèmes qui touchent un public, notamment de métalleux. Est-on une cible privilégiée ?
En effet, ces thèmes sont souvent liés au metal et tout particulièrement au black metal. "Mal Ardent" vous parlera peut-être plus, mais nous avons avant tout créé un jeu pour les joueurs, tout en conservant une identité qui ne dénote pas avec ce que produit habituellement le label. Lors des différents salons auxquels nous avons participé, nous avons été agréablement surpris de constater que notre jeu plaisait à une grande diversité de personnes.

En parlant de metal, quelle est la place du label Les Acteurs de l’Ombre dans la création, production du jeu ?
Nous sommes plusieurs membres du label à avoir participé activement à la création du jeu et Gérald, le manager de LADLO, a aussi proposé ses idées. C’est un projet qui a été entièrement monté de manière collégiale. Concernant la production, nous avons décidé que le label éditerait directement le jeu pour pouvoir le sortir tel que nous le souhaitons, sans devoir se plier aux exigences d’un éditeur. La production d’un jeu de société étant un nouveau monde pour nous, nous nous sommes renseignés auprès de professionnels du secteur.

Il y a d’ailleurs une "bande-son" qui a été écrite pour coller à l’ambiance de "Mal Ardent" et en insuffler l’atmosphère. Deux albums ont été réalisés par l’intermédiaire de Corbac et Hyvermor. Tu peux nous parler de cette collaboration et du rendu ?
En tant que label de production musicale, c’était une évidence de proposer de la musique pour accompagner les parties. Cependant, le black metal a immédiatement été écarté. Nous ne voulions pas restreindre notre public aux amateurs de musique extrême. Il fallait un genre qui contribue à l’ambiance et à l’esthétique du jeu, tout en restant proche de l’atmosphère black metal. C’est le dungeon-synth qui a été unanimement choisi. Nous avons tout de suite pensé à Necrocachot et avons demandé à Corbac s’il était intéressé pour composer un album exclusif au jeu. Le projet lui a beaucoup plu et il a accepté. Mais comme nous en voulions toujours plus, nous avons aussi contacté Hyvermor pour un deuxième album. Il est proche du label depuis longtemps et son univers musical colle parfaitement. En toute objectivité, le résultat est splendide. La musique tantôt légère, tantôt sombre et pesante, plaira à coup sûr aux amateurs de jeux vidéo des années 90/2000 tels que "Diablo" ou "Baldur’s Gate".

De même, Quentin Foureau prête sa voix aux introductions contées, pour encore plus plonger les joueurs dans une ambiance sinistre. Comment vous est venue l’idée de le faire participer au jeu ?
Quentin a un talent incroyable pour happer son auditoire dans ses contes. Nous l’avons connu par l’intermédiaire du label et il est devenu un ami. L’idée nous est venue naturellement, une fois l’univers de "Mal Ardent" mis en place. Sa narration mêlée à la musique de Corbac et Hyvermor est envoûtante. Ce n’est pas une première pour Quentin, il a déjà un projet musical nommé CATAÈDES et collabore régulièrement avec d’autres artistes, notamment GRIFFON pour qui il clame du Jean Jaurès sur leur dernier album.

Il semble en fait qu’au-delà de proposer un jeu, vous vouliez plonger les joueurs de "Mal Aredent" dans une réelle expérience, immersive et complète, non ?
C’est exactement l’idée ! C’est un jeu d’ambiance avant tout, même si les parties ne manquent pas d’éclats de rire, pas courants à Saint-Antoine en pleine épidémie d’ergotisme ! Certains parmi nous étant rôlistes, l’idée d’expérience immersive est venue rapidement. Si on le souhaite, on peut s’imprégner de son personnage et incarner l’inquisiteur, le bouffon, etc. Mais on peut aussi simplement utiliser les mécaniques du jeu si on n’a pas envie d’en faire des caisses.

Cela fait 3 ans que vous testez le jeu, lors de différentes conventions et dans différents contextes pour l’améliorer. Tu dois être content de le voir être sur le point de sortir ? A priori en fin d’année, c’est ça ?
En effet, c’est l’aboutissement de beaucoup de travail. Après avoir joué pendant deux ans avec notre entourage pour peaufiner les règles, tout s’est accéléré avec les premiers salons auxquels nous avons participé. L’épreuve du feu a été le Festival International des Jeux de Cannes en 2023. Nous allions présenter "Mal Ardent" dans cet énorme salon au milieu de centaines d’autres auteurs... On s’est dit que tout se jouerait ici. Et ça a très bien pris ! On a vu que notre jeu plaisait et fonctionnait bien auprès d’un public de gros joueurs. L’ouverture de la campagne de financement est une réelle émotion pour nous, mais ce n’est rien à côté du moment où nous aurons un exemplaire du jeu entre les mains ! Maintenant, je comprends mieux les artistes qui attendent leur CD ou leur vinyle. La sortie est estimée pour Noël 2024 et nous ne manquerons pas d’informer nos backers sur l’avancée de la production.

La campagne Ulule de crowdfunding est lancée et il semble qu’elle commence à porter ses fruits. Tu as bon espoir d’aller au-delà de vos espérances ?
Nous étions relativement confiants sur le fait que la campagne démarre bien, ayant déjà 200 personnes inscrites sur la page "Coming Soon", mais nous étions loin d’imaginer un tel succès. 50 % de l’objectif atteint en moins de 24 heures, c’est inespéré ! A ce rythme, nous pourrions obtenir suffisamment de fonds pour augmenter la qualité de fabrication et ajouter des éléments au jeu pour proposer la meilleure expérience possible. Mais gardons la tête froide, il faut déjà atteindre l’objectif initial.

On te remercie et on vous souhaite le succès mérité...
Merci à toi et à HARD FORCE pour l’intérêt que vous portez à notre projet. Et surtout, un énorme merci à toutes celles et ceux qui ont participé au financement de "Mal Ardent" ! Sans vous, ce jeu ne pourrait exister, c’est une belle preuve de confiance que vous nous faites.

Et si ces lignes ont piqué votre curiosité, n’hésitez pas à jeter un œil au site officiel et à la page Ulule du jeu pour découvrir ce pittoresque village qu’est Saint-Antoine et répandre l’épidémie autour de vous.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK