Chapitre 3 : Back In Black
"Moi ce que j'aime chez Daniela, c'est que l'on peut y mettre les doigts..."
Quasiment la même chose pour mon amour immodéré (et coupable) du Black Metal, noir art qui chez certains irrite le côlon et en plonge d'autres dans d'infinis questionnements atomiques (la poule ou l'oeuf ?), indéfinissables peurs de cet inconnu frappant de ses semelles cloutées les neiges norvégiennes ou les déserts arides du Nevada, bruyant, harnaché comme Attila sclérosé de peaux de bêtes (qui horrifieraient PETA) et repoussant comme le redneck au mulet improbable et imbibé de Bud.
Oui, j aime l'âpreté musicale, le decorum et l'absolu désesperance qui s'y niche mais aussi le coté grandguignolesque de ces pantins (souvent psychologiquement) désarticulés, aux limites mentales barbelées (faut-il s'inspirer des détritus humains que sont Aleister Crowley, Anton Lavey, Mickaël Aquino ou autres nazillons pervers pour s'imaginer "exceptionnel "et donc supérieur quand ne serait-ce que lire Nietzsche, Nabokov, Spinoza, Koestler, Camus ou même le très probant Michel Onfray devrait tranquillement aider à relever le niveau...?).
J'aime ça certes mais dois-je avaler toute la couleuvre...?
Niet.
Oubliant sa naissance difficile ce Black Metal vaut bien mieux que cela.
Page (guitariste illuminé et faut-il le surligner : lumineux), Manson (Charles), Jayne Mansfield ou encore Marilyn (Manson), petits bourgeois (et tripotées de wasp boutonneux trompant leur ennui en sniffant de la colle dans de trop reduits mobil-homes) cherchant à se faire peur et intéressant à leurs fructueuses entreprises l'imbécilité crasse de milliers de fans enamourés ne méritent définitivement pas notre attention ou pis, notre affection (bon ok, j'enlève Page de la liste mais j'ai quand même du mal...). Ce satanisme de pacotille.
Paillassons de merde dans lesquels le vertueux ne marchera pas. Le Black Metal est ailleurs.
Son équation ne se trouve ni dans le suicide (qui pour prouver que c'est parce que l'on est "Sataniste" que l'on aurait des tentations "génétiques" de suicide...tsss tsss, voyons plutôt dans cet ultime geste un mal-être abyssal, la triste résultante comme dirait Dalida d'une "vie insupportable..."), ni dans l'homophobie (Gaahl approuve), ni dans cette symbolique guerre contre le christianisme (une véritable approche anti-religieuse ne devrait pas en conséquence se référer à de futiles idôles) . L'inversion comme seule réponse...plutôt anorexique comme leitmotiv.
Une liberté de pensée devrait être le socle d'une volonté d'affranchissement, et non cette betifiante alienation à l'interieur de dogmes opaques, trop souvent castrateurs. Dieu est ailleurs.
Toi et moi le savons, comme tout n'est pas bon dans le cochon, tout n'est pas exempt de reproche dans la Religion. Mais "Cool Raoul" (ne me jetez pas la pierre...), ici pas de théologie ni prosélytisme, chacun ses croyances. Respect. Peace. Love. Etc.
Le Black Metal se devrait d'être indompté, libre de chaines, refusant et résistant à la conformité ambiante et aux gimmicks lourdauds, cette provocation markétée en tête de gondoles (allez dire ça au rustre et bas du front Glen Benton, so cute...).
Le vrai Black Metal est athée-
Parlons musique, parlons actes.
J'aime cette musique, donc.
Très (trop ?) tôt, je m'y suis noyé. Et touché le fond.
Adoré Absu Immortal Gorgoroth Gehenna Marduk Seth Rotting Christ Balrog Anaal Nathrakh fantasmé sur les perverses aux soies pourpres de Cradle en m'abreuvant de Hammer productions, fait le saut à l'élastique sonore en jubilant sur les lourdes mammelles wagneriennes de Dimmu et pleurant de satisfaction sur les banjos de Taake. Bien sur, s'attarder sur les parcours de violences diverses (physiques ou morales) érigés en mode de vie (comme un kit ikéa en fait) des chevelus blafards (Hoest en tête) appellent ici indignation. Appels à l'insurrection oui, appels au meurtre, non.
Black Viking et ses épopées lyriques de conquêtes barbares ou Black-gilette 3 lames (Shining), minéral métal (Wolves Of The Throne Room), industriel suffocant ou metal martial à l'uniforme élimé, unblack décrié pour concurrence déloyale, tout se mélange tout s'oppose. mais tout y est jouissance.
Et c'est dans cette salutaire opposition (saine rebellion qu'illustre pour certains Lucifer...) que se trouve l'essence même de cette musique intrigante, tentant comme Icare la jonction avec l'horizon, déchirant les vulves des codes musicaux actuels atoniques.
Ce Metal ose, brave les fatalités/facilités et souvent touche au sublime. Difficile de charrier et partager pareilles émotions si ce n'est dans le lit de la musique dite classique avec laquelle ce sombre metal copule très souvent.
Il n'est pas impossible d'imaginer que Bramhs, ce sublime poête des sons ou Beethoven (Def Leppard avant l'heure) dans les profondeurs d'une taverne ne se seraient pas acoquinés avec des barbares buveurs d'hydromel comme Shagrath ou Quorton...rêvons, rêvons, cela vaudra de toutes façons mieux que de s'extasier sur des leaders improbables et usurpateurs (Varg en ligne de mire...).
Et à défaut de bruler vos idôles, choisissez-les mieux (c'était la minute du père-la-morale...).
Black Metal mon Amour (Hiroshima était déjà pris), ce cri primal n'empêche (surtout) pas de posséder un cerveau. Et c'est alors qu'on touche au sublime.
Le Black Metal débarrassé de toutes ses scories devient alors un elixir de jeunesse, si j'osais un Graal.
Inutile pour cela de vendre son âme au diable (car ami, crois-moi, ça coute cher).
Définitivement, Black is Beautiful-