3 avril 2024, 17:35

NEMEDIAN CHRONICLES

"The Savage Sword"

Album : The Savage Sword

Pour ce groupe toulousain le heavy metal c’est comme la moutarde, il l’aime à l’ancienne. Fans absolus de l’écrivain Robert Erwin Howard et de son œuvre, Conan le Cimmérien c’est de lui, les membres du groupe ont entrepris de mettre en musique les nouvelles de l’écrivain texan et se sont fait remarquer avec leur EP, sorti il y a 4 ans. Voici NEMEDIAN CHRONICLES de retour avec un album fresque de 70 minutes. Quitte à chanter l’âge hyborien, âge antique né de l’esprit fécond de Howard, autant faire grand, et je les comprends. On met sa côte de mailles, on remonte ses chaussettes et avec son plus vaillant destrier on met le cap sur l’âge hyborien.

Personne ne sera surpris d’une introduction narrative portée par des tambours du destin qui claquent et des cuivres à la Ben-Hur, n’est-ce pas ? Evidemment que non, "Nemedian Chronicles" pose les bases de l’aventure qui nous attend. Un son épique s’inspirant de la bande son que Basil Poledouris écrivit pour la version filmée de Conan le Cimmérien, œuvre porté par les épaules bodybuildées du Governator Schwarzy. Déjà résonnent quelques riffs bien sentis, nous glissons vers la genèse du barbare, avec "Born On A Battlefield", un chant de bataille plus violon que violent, au refrain porté par une valkyrie et un chanteur qui en plus de maîtriser la langue de Shakespeare sait lui donner l’intonation dramatique de l’une de ses pièces.

Maintenant que nous sommes dans le bain (de sang), direction "Venarium". Fini le calme et la douceur, nous traversons l’Aquilonie à toute blinde, les sabots martèlent la terre (ou est-ce plutôt la batterie ?) et les riffs commencent à pleuvoir... C’est speed et héroïque, digne d’ENSIFERUM. Du metal bien huileux, avec toujours un bel arrière plan orchestral, comme dans "The Thing In The Crypt" à la texture dense, où le chant épique est un récit posé sur une toile heavy metal. Il émane une telle force de cette tempête (de Shakespeare), avec cette basse qui a la puissance d’un MANOWAR, pour être explicite nous dirons qu’elle envoie la Maio !

L’ascension de la "Tower Of The Elephant" est un autre passage phare de l’avancée du Cimmérien dans la civilisation et se devait d’être illustrée avec un fracas sonore. Nous sommes gâtés, le morceau fleuve dure plus de 9 minutes, démarre avec un rythme obsédant à la SURVIVOR, la voix clame et déclame ses vers sur des envolées power metal, puis livre en son milieu un soli à la beauté ophidienne, avant d’entamer une chevauchée guerrière, qui invite à nouveau la valkyrie pour un duo epicarien. Décidément, après AEPHANEMER, Toulouse nous sort de ses tours rose un autre talentueux groupe, les bardes de NEMEDIAN CHRONICLES, et le final du titre, un affrontement dantesque, nous laisse exsangues. Oh toi, fan des aventures hyperboréennes, le morceau suivant tu l’attendais. "Tigress Of The Black Coast", l’épisode du grand (et seul) amour de Conan, où quand devenu pirate il fraya avec Beli sur la côte noire. Un rêve devenu heavy metal.

Qui dit Conan dit forcément John Buscema. L’artiste qui lui donna les traits devenus référentiels dans le comic Savage Sword des années soixante-dix. NEMEDIAN CHRONICLES à son tour illustre en musique ce Savage Sword. L’architecture en est trépidante, sauvage et lyrique comme on en avait rêvé. Le chant se fait même plus puissant, plus en avant aux milieux des attaques sauvages de guitares. Si un remake de Conan devait être réalisé, sans la bande originale, cet album conviendrait très certainement. Toutefois barbare ne résume pas à lui seul ce morceau parsemé de sympho-riffs et d’envolées à la mélodie de miel. Vraiment une réussite. C’est avec "Monsterslayer" que j’avais découvert NEMEDIAN CHRONICLES. Un rythme de balancier qui n'est pas sans rappeler les titres canoniques de SAXON, ça vous donne une idée de combien c’est prenant. Une ambiance heavy tellement lourde que l’on pourrait la nommer du pachyderme metal, sans rien de péjoratif, attention.

J’aurais cru qu’avec son titre "Black Lotus - The Curse Of Thog" se révèlerait atmosphérique, il n’en est rien. Le heavy metal est toujours martelé jusqu’à la dernière goutte d’huile, les guitares crachent des soli hommages aux âges et contrées oubliés. L’orient caresse l’occident dans une grandiose épopée instrumentale.

NEMEDIAN CHRONICLES s’écarte des péripéties de Conan pour chanter la bravoure de Red Sonja. Le propos reste dans le fracas du heavy metal héroïque, parité des guerriers avant l’heure ? Absolument. Une belle pièce d’affrontements de guitares et de rythmiques explosées. Robert Erwin Howard serait fier de cette transposition de son œuvre en images musicales. Le souffle de l’épopée vient s’achever avec un splendide "Road Of The Kings". Une justesse que ce propos musical progressive ? Je me plais à le penser. C’est si parfaitement bienvenu après cette aventure où souffle le vent de l’épopée. Une conclusion émotionnellement langoureuse, parfum de nostalgie, riffs très intimistes, j’adore.

12 000 après la chute d’Atlantis résonne une musique historique au travers de cet album, NEMEDIAN CHRONICLES est l’hommage de passionnés vers des temps oubliés... des âges de hautes aventures. The triumph of style !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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