
En plus de trente ans de carrière et quinze albums, il semble que l’horizon de MY DYING BRIDE ne se soit pas éclairci. En effet, les sept nouveaux titres de la formation anglaise sont toujours d’une grande tristesse, d’une profonde mélancolie, d’une détresse palpable. « A Mortal Binding » est une ode au chaos, à la mort et aux sentiments qui leur sont liés, tout en conservant une beauté intrinsèque qui rend le doom de MY DYING BRIDE unique et envoûtant. La petite touche en plus de cet album par rapport à son prédécesseur « The Ghost Of Orion », c’est un retour à un son plus cru, à des guitares plus rauques, à des compositions plus brutes. Les atmosphères sont nombreuses et le temps leur est laissé de s’installer puisque chaque titre dure au minimum cinq minutes.
Dès le premier riff lancinant de "Her Dominion" et son rythme lent, on reconnaît la patte MY DYING BRIDE mais rapidement, les vocaux growlés se font pressants et la lourdeur de la chanson vous replonge des années en arrière, vers les prémices d’un doom glacial mais savoureux. "Thornwyck Hymn" continue dans cette lignée avec des guitares puissantes mais pour le coup surmontées de la voix claire typique d’Aaron Stainthorpe et de beaux passages funestes au violon.
L’excellent "The 2nd Of Three Bells" propose de beaux soli et une ligne de chant travaillée et mélodique pour un sentiment d’immersion dans un univers sombre et plein de charme. Le plus agressif "Unthroned Creed" impose son rythme saccadé avec une basse omniprésente et des claviers oniriques pour encore plus d’atmosphères oppressantes. Un titre plein de mystères et riche. Le classique "The Apocalyptist" et son intro au violon renoue avec le doom metal old-school d’un MY DYING BRIDE des années 90 alors que "A Starving Heart" et sa guitare arpégée fait preuve d’une modernité restant dans un thème de souffrance psychique et physique. Le rythme est ultra-lent, les riffs sont ensuite plaqués, s’installe une dualité abattement / hargne, la beauté dans la peine. L’ultime "Crushed Embers" referme le splendide « A Mortal Binding » grâce à un doom de plus en plus mélancolique, comme si les profondeurs insondables nous attiraient par leur lugubre harmonie. Imparable.
A l’instar de l’artwork de la pochette de « A Mortal Binding », MY DYING BRIDE nous emmène à nouveau dans un univers hypnotique, funeste mais tellement attirant grâce à son doom/gothic metal à la fois efficace et essentiel. Il serait déplacé de parler de pur bonheur mais la perfection n’est pas loin.