28 mai 2024, 18:48

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 80


Selon, l’adage à propos ce mois-ci, « en mai, faites ce qui vous plaît ». Donc avant que ce soit un beau bordel dans les minutes à venir, la team de l’extrême vous propose la musique adéquate pour vous défouler. C’est à coup de black, de death, de metal progressif et au gré d’influences variées que Crapulax, Clem et Aude vous invitent à les suivre sur les chemins les plus sombres du metal.
 

SEREMENT : « Abhorrent Invocations » (Dolorem Records)

C’est sous une forme relativement hybride (un terme décidément très à la mode en ce moment...) que nous vient de la lointaine Grèce ce quatuor situé à mi-chemin entre le death metal dans sa version old-school et le black metal dans ses atmosphères lourdes et oppressantes comme dans ses fulgurances guitaristiques propres au genre ("Subliminal Enslavement").
Avis aux amateurs de BELPHEGOR et de BEHEMOTH période « Zios Kia Cultus » qui devraient donc satisfaire leurs plaisirs coupables dans des titres aussi efficaces de noirceur que "Stench Of Torment" ou "Horror Of The Leech". La jeune formation hellénique se cherche probablement encore car les horizons ne semblent pas totalement définis mais le potentiel expressif est là ("No Reflection For His Shadow"), les bonnes idées aussi (la basse sur "Κατάβαση Ψυχών") et ce malgré quelques erreurs de production, de différence de niveau sonore entre les titres qui devraient se dissiper avec le temps et l'expérience.
« Abhorrent Invocations » est loin d'être parfait donc mais les oreilles les plus affûtées comprendront très vitre que SEREMENT possède les atouts pour devenir grand.
(Crapulax)



THE TROOPS OF DOOM : « A Mass To The Grotesque » (Alma Matter Records)

Lorsqu'on remarque d'emblée la pochette d'un album signée par le légendaire Dean Seagrave (DISMEMBER, ENTOMBED, BENEDICTION, MORBID ANGEL...), qu'on apprend qu'il est produit par Jim Morris aux non moins légendaires Morrisound Studios qui a vu défiler tant de légendes du death metal (LOUDBLAST, DEICIDE, NAPALM DEATH, etc.), ça fait toujours son petit effet !
Cela d'autant plus que Jairo "Tormentor" Guedz, le guitariste et leader de THE TROOPS OF DOOM, n'est autre que le musicien originel présent sur « Bestial Devastation » et « Morbid Visions », les deux premiers albums de SEPULTURA !
​Cette belle conjonction de talents peut rassurer sur la qualité finale du produit de ce "jeune" groupe formé durant la période de la pandémie de COVID-19 et sorti en 2023. Car on retrouve évidemment dans les titres de thrash death très rentre-dedans comme "Chapels Of The Unholy" ou "Dawn Of Mephisto" l'empreinte de la formation brésilienne, dans un registre un tant soit peu plus brutal. Mais on est loin d'un copier/coller à destination des nostalgiques, THE TROOPS OF DOOM se contente juste de jouer de la musique extrême... et il faut reconnaître que même sans une production aux petits oignons et sans une pochette alléchante, il le fait plutôt bien.
(Crapulax)



​INNER LANDSCAPE : « 3H33 » (Klonosphere)

Avec trois heures d'avance sur ses compatriotes 6:33 (avec qui il partage de nombreux points communs musicaux), le tout premier album du trio lyonnais INNER LANDSCAPE voit enfin le jour. "Enfin" puisque le trio, devenu quatuor avec l'arrivée du batteur Adrien Bernet en 2020, a fricoté ensemble depuis les années lycée, il y a de cela plus de dix-huit ans ! Voilà qui laisse du temps pour fourbir ses armes dans l'ombre et ainsi frapper juste le jour J. Et ce jour J est arrivé ! Officiant dans un metal progressif teinté de post-metal de première classe, les quatre larrons prouvent avec doigté qu'ils possèdent bel et bien un véritable potentiel. Celui-là même qui trouve sa source dans un style riche, raffiné et mélancolique. Que ce soit dans la structure de ses compositions ou l'alternance de rythmiques dures et de parties plus calmes, ce metal protéiforme, sombre, aérien, parfois mélancolique est avant tout une histoire d'atmosphères. La production signée par Hervé Faivre aux Improve Tone Studios complète à ce titre à merveille le travail du groupe avec un son ciselé et percutant. Voilà donc un disque aux allures de fresque, aux contours multiples, qui ne devrait plus rester pour longtemps tapi dans l'ombre. C'est tout le mal qu'on lui souhaite !
(Clem)



ARO ORA : « The Twelfth Hour » (Autoproduction)

ARO ORAà tous les coups on gagne, est de retour après deux albums qui l'ont fait connaître auprès des initiés (« Mahara » en 2015 et « Wairua » en 2019) avec un troisième album aux allures de rouleau-compresseur ! Un rouleau-compresseur qui ne prend pas de gants pour envoyer un death direct, puissant et moderne, qui ne rechigne pas cependant à quelques incursions du côté Djent de la force. Mais attention, le groupe sait aussi faire preuve de raffinement, d’une certaine aptitude à trousser des atmosphères plus progressives comme en témoignent par exemple "Long Live" ou "Anger and Love". Et ce qui prédomine sans nul doute à l’écoute de ce nouvel album d'ARO ORA c’est la maîtrise. Une maîtrise logique au vu de l’évolution qu’a entamé le groupe depuis ses tout débuts, en 2013. Qui a affiné depuis son style pour s’inscrire dans une mouvance plus actuelle, jonglant entre riffs carnassiers et parties plus calmes, rythmiques écrasantes qui croisent le feu avec des blasts savoureux. Ce pavé de quarante-trois minutes prend ainsi des allures de sans-faute tant les structures de chacun de ces neuf morceaux sont truffées de breaks audacieux pour faire passer la douloureuse... comme une lettre à la poste. Un vrai "Tours" de force !
(Clem)


​MOISSON LIVIDE : « Sent Empèri Gascon » (Antiq Records)

Si MOISSON LIVIDE pourrait a priori apparaître comme un jeu de mots sympathique en rapport avec le groupe de folk gascon BOISSON DIVINE, il n’en est pas moins un projet des plus sérieux. En effet, c’est bien Baptiste Labenne alias Darkagnan, qui est à la barre des deux formations mais avec MOISSON LIVIDE, il franchit le pas de l’extrême et nous propose sept premiers titres d’un heavy black metal fouillé mais sans prise de tête. « Sent Empèri Gascon » mélange habilement de bon riffs power metal avec une sévère base black metal. Ajoutez à cela des parties en voix claire, des passages folks et des instruments traditionnels et vous obtenez un album d’excellente facture, varié, insaisissable. Côté paroles, on oscille entre vieux récits de Gascogne, critique de la société moderne et anticipation d’un avenir loufoque. L’épique se joint au fun, l’atmosphérique s’oppose à l’agressif, le mélodique nargue le punk crado, bref, MOISSON LIVIDE se joue de toutes les conventions et brave les limites pour émoustiller nos oreilles avec une musique sérieusement désinvolte, à l’image de la pochette captivante de l’album et de son titre pompeux de « Saint Empire Gascon ». Un groupe à suivre.
(Aude Paquot)



ULVIK : « Last Rites-Dire Omens » (Avantgarde Music)

Quatrième album pour les Canadiens ULVIK, « Last Rites-Dire Omens » nous emmène dans un univers de désolation au gré de neuf titres aux ambiances très variées mais toujours sombres et froides. Que ce soient les titres les plus black atmosphériques ("Life & Death Are One", "So Passes Early Glory"), les plus dark-folk ("Woven Into Threads", "Endless Pines"), les plus avantgardistes ("Through False Dust", "Sown On Earth", "Glass & Scythe", "The Pallid Mask"), voire post black ("Yesterday & Years Ago"), le duo fait preuve d’une grande originalité dans leur sonorité. De morceau en morceau, on évolue de passages acoustiques, à guitares atmosphériques en passant par dissonances, samples de voix parlées et vocaux hurlés, tout en conservant une grande cohérence de l’ensemble. ULVIK propose un black metal hypnotique, captivant, lourd. On oscille entre moments agressifs, passages chamaniques et mélodies entêtantes mais ce qui ressort de ce « Last Rites-Dire Omens », c’est une grande beauté, chaque riff se déposant presque avec délicatesse, multipliant les passages éthérés. Si la description de l’album n’est pas aisée, il est indéniable que sa richesse ravira de nombreuses âmes fan de black atmosphérique.
(Aude Paquot)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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