Avec la sortie de « Spellbound », nous avions pris l’habitude de la régularité, mais entre le départ de Jérôme Miedendorp de Bie pour rejoindre HABITANTS et la pandémie, il aura fallu attendre un peu plus longtemps pour que DRIVE BY WIRE délivre un nouvel album. Le groupe n’a toutefois pas chômé puisqu’il a profité de ce hiatus imposé pour travailler sur des musiques de film. C’est ainsi que certaines de leurs compositions apparaissent dans la bande originale des séries Batwoman et Riverdale. Ce n’est finalement que début 2023 que les quatre musiciens se sont retirés dans une cabane au milieu de la forêt pour donner naissance à « Time Horizon ». De leurs jam-sessions au milieu des arbres et sous les étoiles en ressort huit titres bruts desquels ressort une atmosphère spontanée, une invitation à un nouveau voyage psychédélique au cœur du hard rock des années 70. Sera-t-il aussi magique que ses deux prédécesseurs, « The Whole Shebang » en 2014 et « Spellbound » en 2018 ? Nous ne pouvions que l’espérer !
C’est par le déjà familier "Northern Lights" que nous abordons ce voyage puisqu’il s’agît du second single qui annonçait la date de sortie de ce « Time Horizon ». Familier aussi puisqu’après une courte introduction à la basse, on retrouve la signature musicale du groupe à travers le riff délivré par Alwin Wuben sur lequel Simone Holsbeek vient poser sa voix hypnotique et entraînante.
Plus lourd, "Slowrider" n’en est pas moins lumineux avec son groove entêtant et le vibrato tout en maîtrise de la chanteuse. Cette entrée en matière efficace démontre qu’Ingmar Regeling (THE GOOD HAND, STONE IN EGYPT...) à su rapidement capter l’esprit de DRIVE BY WIRE et aussi y apporter sa frappe.
C’est avec "Shape Shifting" que commence réellement la découverte après l’écoute des deux singles de l’album. Dès les premières notes de guitares volontairement dissonantes, on devine un changement de registre qui va nous emmener vers un univers teinté de desert-rock. Pendant que la guitare se met lentement en place, la batterie propose un superbe rythme jazzy sur lequel la basse vient poser le tempo qui appelle un riff d’une efficacité imparable. Incisif et addictif, Simone Holsbeek vient y ajouter une superbe ligne de chant avec laquelle se dégage une force tranquille avant que les quatre musiciens ne s'engagent à l’unisson dans une explosion sonore qui se termine sur un fondu.
L’introduction de "Elements" est à la fois psychédélique et inquiétante. Elle commence par un gimmick de guitare suivi par la basse et la batterie qui viennent ensuite donner le rythme avant que les chuchotements de Simone ne résonnent comme une incantation mystique. Le morceau finit par démarrer sur une rythmique efficace et entraînante où la guitare et le chant sont de toute beauté et imparables. Après cette seconde phase, DRIVE BY WIRE nous entraîne sur les chapeaux de roue dans un nuage de poussière avec le speed "Dustfader" qui propose un riff direct et sans fioriture. Contrastant après ce sprint, "Black Sails" offre une sympathique ambiance intimiste avec un rythme acoustique, mis en relief de belle manière par les passages slide d’Alwin et la voix brumeuse de Simone. La chanson-titre est une sorte de jam qui s’étire sur plus de neuf minutes. Ce morceau propose plusieurs séquences qui s’enchaînent parfaitement sans que sa longueur plonge l'auditeur dans l'ennui. Pour terminer ce nouvel album, DRIVE BY WIRE offre une très belle et lumineuse interprétation du titre "How Soon Is Now?" de THE SMITHS.
Contrairement à ce que nous a proposé ses deux précédents albums, « Time Horizon » laisse transparaître l’urgence face au temps incertain. Le résultat est toutefois très intéressant car il ne comporte pas de temps mort, ni de morceau faible. DRIVE BY WIRE réussit donc avec brio la délivrance du premier chapitre d’une nouvelle ère très prometteuse.