15 mai 2024, 23:59

CANCER BATS + BONGZILLA

@ Wasquehal (The Black Lab)


Commençons ce report de la même façon que BONGZILLA a lancé son concert au Black Lab, sans présentation, sans introduction, directement. Le trio est sur scène, effectue quelques réglages et, sans crier gare, balance le premier titre du set, un "Sundae Driver" lent et lourd, traumatisé par le chant gargouillesque de Muleboy. Le gaillard arbore un t-shirt dont l’inscription "weed/metal" résume le propos du groupe, basé exclusivement sur le cannabis ; ce n’est pas un hasard si les lights demeurent vertes hormis quelques parenthèses rouges.

L’homme à la casquette, les yeux souvent fermés et le visage marqué, grimaçant, semble avaler son micro dont le câble ne cesse de s’emmêler. Sa basse, très audible, donne une épaisseur de poix aux compositions du trio, pâtes résineuses qui vous aspirent à la façon de sables mouvants. A la guitare Jeff est impassible pour assener ses riffs tantôt pesants, répétitifs et hypnotiques ("Free The Wead"), tantôt poussés par une accélération subite, comme au cœur du long "Dab City". Muleboy s’exprime brièvement, de façon assez confuse, puis lance un nouveau titre. BONGZILLA, dans son étrangeté, a récité, avec quelques soubresauts, une belle leçon de sludge/doom.


Après les volutes, voilà la violence ! Les Canadiens CANCER BATS déboulent à mille à l’heure dans le sillage euphorisant de Liam Cormier, leur bondissant chanteur hirsute qui semble tout droit sorti d’un squat. Anglophone, le chanteur énervé prend la parole tous les trois morceaux – on a beau faire le foufou sur les planches, on apprécie aussi une certaine régularité – pour s’adresser dans un excellent français à la foule. Il commence ainsi par s’excuser d’avoir, lors de son précédent passage au Black Lab, confondu Wasquehal et Lille ; le bonhomme est si sympathique que la foule, chaude comme une poutine sortie du four, lui pardonne cette légère approximation.

Dans la fosse, les pogos s’enchaînent, et marquent une légère pause vers le milieu du concert sur un "Road Sick" plus calme malgré un refrain énergique. Apôtres de l'intensité ("R.A.T.S"), les bûcherons savent aussi donner du groove à leurs titres ("Bricks and Mortar"), glisser vers le southern-rock comme sur l’excellent "Lucifer’s Rocking Chair" ou le stoner ("Winterpeg" ou le bien gras "Gatekeeper" lancé en ouverture), sans jamais oublier de faire coucou à PANTERA ni de slalomer vers les 90’s ("Radiate" ou la reprise du "Sabotage" des BEASTIE BOYS). Leur pizza made in Toronto est donc composée d’ingrédients variés – mais heureusement sans ananas qui la rendrait immangeable ! Elle est cuite au feu de bois du punk/hardcore (l’entraînant "The Hoof") et se déguste sans modération.

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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