26 juin 2024, 19:16

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 81

Blogger : Clément
par Clément


Comme chaque mois, le trio de l’enfer Aude, Crapulax et Clément, a promené Labels et les Bêtes dans les flammes de l’enfer pour sélectionner ce qui se fait de mieux en matière de metal qui sent fort ! Au programme ce mois-ci : grindcore qui tâche, hardcore-metal qui bashe, black qui se lâche et thrash qui thrashe – tout va bien dans le meilleur des mondes. N’attendez pas une minute de plus et calez-vous la sélection de ce mois de juin entre les esgourdes... en attendant le retour des beaux jours !
 

GRIST : « Garden of Aeolvs » (Source Atone Records)

Quinze ans. C’est le temps qui s'est écoulé entre la création du groupe, quelque part en 2009 dans les bas-fonds parisiens, et la sortie de ce premier album vindicatif chez Source Atone. Un premier album sous le signe du grindcore qui met à l’honneur une recette connue sur le bout des ongles endeuillés... mais qui fait toujours son petit effet. Comme le prouve sans détours la reprise du "The Deepest Hole" des suédois NASUM, ici servie avec furie et doigté. D’autant que l’exécution sert ici les ambitions de GRIST comme il se doit : Thomas martèle ses fûts avec la grâce d’un canon d’artillerie, les parties de guitares de Nicolas sont dévastatrices, quant à Antoine, celui-ci n’est pas en reste et cogne sans ménagement sur sa basse qui n’en demandait pas tant : le potentiel de destruction est ici indéniable ! Le tout est complété par des growls furax éructés par Julien. Sauvage et fier de l’être, le groupe est bien décidé à en découdre et le démontre tout du long de ces 23 minutes qui ne relâchent jamais vraiment la pression sur l’auditeur. La production en béton armé signé Andrew Guillotin, renforcée par un mix puissant d’Etienne Sarthou, confèrent toute leur consistance aux structures musclées de ce premier album qui pilonne tout du long. Heavy !
(Clément)


CANDY : « It’s Inside You » (Relapse Records)

Ceux d’entre vous qui gardent en mémoire l’excellent « Heaven is Here », paru il y a pile-poil deux ans et qui se révélait un concurrent sérieux de FULL OF HELL en matière de brutalité, risquent d’être surpris par le changement de cap opéré par CANDY depuis. En effet, c’est plutôt du côté de groupes comme TURNSTILE ou CODE ORANGE que le quatuor traîne désormais ses Rangers. Du hardcore/metal moderne qui inclut des parties électro dans son maelstrom sonore du plus bel effet. CANDY réussit sa “reconversion” en gardant une grande liberté, parfois déstabilisante, et ne se refuse rien. De l’électro-pop avec son coulis de hurlement comme "Love like Snow" au metal brutal, frontal de "Terror Management" et "Dehumanize Me", il y a un monde. Mais le grand écart est ici réussi et la cohérence reste bien présente tout du long de l’album : le tout passe comme une lettre à la poste ! Appuyé par une production monstrueuse et un mix réalisé dans les entrailles de l’enfer des God City Studios de Kurt Ballou, « It’s Inside You » n’y va pas par quatre chemins. Et annonce la couleur : du rose au noir en passant par le rouge vif, il y en a ici pour tous les goûts. Un pari risqué osé par CANDY... mais réussi haut la main !
(Clément)

HOULE : « Ciel Cendre et Misère noire » (Les Acteurs de L’Ombre)

Après un premier EP en 2022 au titre éponyme, le groupe français HOULE déferle à nouveau sur le paysage extrême avec l’album « Ciel Cendre et Misère noire ». Comprenant 8 titres d’une grande puissance, il nous propose de nous confronter à un heavy black brutal et original, avec en prime la voix féminine de sirène habitée d’Adsagsona. Si les blast beats et les riffs incisifs sont de mise, de beaux passages atmosphériques créent une atmosphère lugubre sur fond de brume marine. Mais ne vous laissez pas surprendre, ce ne sont pas de petits embruns revigorants que l’on se prend en pleine tête, mais plutôt des vagues scélérates à vous retourner le cerveau. Quelques moments groovy, syncopés, voire folk, viennent titiller notre âme de matelot et des passages narratifs intéressants viennent apporter une touche de mystère et de légende, tout en conservant l’ambiance rustre et défiante de l’océan profond et intrigant. HOULE nous fait voyager avec un son saturé, une voix éraillée et des rythmes chaloupés. Son black metal est riche et semble soufflé par les abysses, tel un cri de désespoir dans l’immensité d’une mer démontée. Hoist the colours high !
(Aude Paquot)


ANCIENT GUARD : « Nightfall Enthroned » (Iron Bonehead Productions)

Quand Nightwolf, le multi-instrumentaliste de l’excellent pagan black RUNESPELL lance un nouveau projet, il ne peut y avoir erreur sur la qualité du produit fini. ANCIENT GUARD est donc un one-man band de black metal atmosphérique immersif qui nous présente, pour commencer, un mini-album de 4 titres, mais de 31 minutes tout de même intitulé « Nightfall Enthroned ». Dès les premières saturations extrêmes ornées de chœurs synthétiques de "Dominion Of Primoridal Darkness", on est plongé dans une ambiance mystique et sombre grâce également à la voix d’outre-tombe du précédemment cité Nightwolf. De là se déroule alors un black lourd, grandiose, d’emprise massive. Si "Sepulchral Damnation" admet un côté pagan marqué, "A Moonscape Abyss" n’est que black atmosphérique, noir et abyssal comme son nom l’indique. "Eld" enfin termine cet EP sur un titre acoustique folk et épique, rappelant tout de même que RUNESPELL n’est pas loin. ANCIENT GUARD est assurément une entité à suivre. Au-delà de son aura païenne irréfutable, la musique qu’il propose est à la fois mystérieuse, magique et ténébreuse, simple dans sa structure mais riche dans sa proposition.
(Aude Paquot)


ZERRE : « Scorched Souls » (Autoproduction)

Nos voisins allemands n'en finissent pas de nous abreuver de metal de qualité depuis des décennies, ce n'est pas avec ZERRE que la donne va changer ! Après un hiatus de 7 ans, la formation pénètre enfin dans la cour des grands avec ce remarquable troisième album. Alors oui, il n'y a que 7 pauvres titres en comptant l'introduction, ou,i le logo est aussi illisible qu'un groupe de grindcore d'ados scatophiles et oui, la pochette ne remportera pas le prix de l'originalité ni cette année, ni dans les cinquante prochaines probablement non plus ! Mais voilà : musicalement, leur thrash déboîte grave, véritable appel à un headbanging effréné ou à un mosh pit déjanté ("Mouth of Madness", "Deadender") au pied de la scène. Rapide autant qu'énergique, ZERRE reprend à son compte les bonnes vieilles formules héritées des années 80 ("Closer To Death"), notamment au niveau du son des guitares. Pour le reste, rien à rajouter : « Scorched Souls » s'annonce comme un bel ouvrage dédié à la gloire éternelle du metal. Espérons seulement qu'il ne faudra pas patienter 7 autres années avant de voir sortir le prochain !
(Crapulax)


SLUG GORE : « They Slime! They Ooze! They Kill! » (Time To Kill Records)

Nom d'album volontairement à rallonge, logo pour le moins épineux, titres d'une durée atteignant difficilement les 4 secondes ("Salt"), extraits de dialogues de vieux films de SF ou d'horreur des années 50 ("Overthrow The Surface") : aucun doute, c'est bien du bon vieux grindcore dont il s'agit ! Un grindcore assez novateur en dépit des apparences finalement comme en témoigne le très inattendu "Post Nuclear Big Smile" qui démarre l'album sur un son de jeu vidéo tiré des consoles des années 90. Un grindcore toujours dans un style très direct évidemment ("Cut At Once") avec des compositions étonnamment matures compte tenu du jeune âge de cette formation italienne dont le premier méfait remonte juste à 2023 (l'EP « Extraterrestrial Gastropod Mollusc »). On pensait depuis longtemps le genre moribond mais force est de constater qu'avec des groupes du calibre d'ESCUELA GRIND ou ici de SLUG GORE, le style est encore loin de finir ses jours en fauteuil roulant à baver dans sa soupe au fond d'une obscure maison de retraite pour genres tombés en décrépitude... Et c'est tant mieux !
(Crapulax)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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