21 juin 2024, 18:54

JIMM

"Momentum"

Album : Momentum

Parfois on a juste envie de se poser et d’écouter quelque chose de neuf et frais. Au détour d’un message JIMM m’a relancé plusieurs fois pour que j’arrête de courir et que j'écoute son nouvel album « Momentum ». Dont acte.

Le démarrage est nerveux. ''Canceled'', porté par des riffs façon RISE AGAINST, déroule un pamphlet contre la cancel culture, la bien-pensance à outrance qui à grands coups de novlangue emprisonne plutôt qu’elle ne libère les mœurs. J’aime beaucoup ce décalage entre heavy-rock très 90's et le chant en français, plus proche d’un slam à la NOIR DESIR ou parfois TRUST. La chose est encore plus détonante quand on se prend la charge neo-metal avec ''Le Nouvel Inquisiteur'', un rythme vigoureux emmené par des rouleaux de riffs très STONE SOUR. Je commence à piger que j’ai bien fait de me poser pour faire tourner ce disque sur ma platine.

S’en suit ''Guérilla'', où le rock à la française se la joue avec noblesse, la voix révoltée de JIMM me rappelle DARCY, où la batterie s’emporte lourdement avec des guitares terriblement 70's et huileuses. Un morceau d’une grande richesse musicale.

''Egérie du Néant''. Nouvelle attaque contre la non culture 2.0, et le son pesant de la rythmique bouscule parfaitement l’inconsistance des contenus des réseaux a-sociaux. Quelques soli lustrés à l’huile de moteur, un chant aux rimes crues revenues d’une époque où liberté rimait avec pluriculturalisme, le match est vite remporté par JIMM contre les influenceurs du vide. Notre lascar est bien lancé et lâche donc ''Le Peuple aura ta Peau'', comme une nouvelle internationale, sur chant et guitare si typique du rock français des années 80 et 90, avec des refrains fédérateurs. Ça ne nous rajeunit sûrement pas, toutefois ça nous file ''Un Dernier Sourire'', et qu’est ce que c’est vivifiant !

Un rockeur qui chante ''J’appartiens à la Nuit'' ce n’est pas du plus original mon JIMM. Évidemment, tu me claques le museau avec un sublime morceau de rock bien heavy, mi urbain, mi grands espaces, où les soli luisent dans les flaques d’eau lunaires, et où toujours le verbe est l’écho fort d’un cavalier électrique solitaire. Comme un fait exprès avec ''Dans ma Tête'' nous partons chevaucher, bien lourdement, vers la face la plus intime de JIMM, le poète rock désenchanté a la guitare qui pleure avec noirceur sur nos épaules. Une magnifique ''confidanse''.

Retour à un rock-metal moderne sur ''Penser sous Contrôle'', morceau sous influences une fois encore, le meilleur des 50 dernières années. De la hargne, des envolées de guitar-hero, une voix habitée et interpellée par ses vers révoltés, puis c’est l’heure du ''Sacrifice''. Ça démarre par un hard rock aux soli dépressifs crashés par un vieux juke-box dans un motel de la route 66, un road-trip à l’excellence instrumentale,  puis on poursuit jusqu’à un moment satrianesque que j’ai pas vu venir. ''Nouvel Ordre Mondial'', quant à lui, lâche un rock au classicisme capillaire vivifiant digne de Corey Taylor. Il y a largement pire comme référence, nous sommes d’accord.

JIMM avait déjà une belle discographie. Il vient de composer un album à la française, électriquement habillé de bons mots et de sensuelles références rock, en toute frenchise !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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