Fin 2020, le duo du Colorado avait bouleversé son petit monde avec un album, « Melinoë », venu d’une autre dimension. Il faut dire que sa tête à penser, Naas Alcameth, préparait son coup depuis bien longtemps. Depuis plus d’une décennie pour être précis, époque à laquelle il avait déjà mis la barre haut avec un « Supplication » davantage axé sur les ambiances maléfiques que sur les riffs démoniaques, contrairement à ce qu’incarne AKHLYS quinze ans plus tard. Appuyé dans sa démarche d’apocalypse sonore avec Eoghan qui l’accompagne aux fûts depuis 2018 et rejoint récemment par Nox Corvus, son coéquipier au sein de NIGHTBRINGER, Naas Alcameth a su imposer sa marque, celle des plus grands. Une marque qui a résonné comme un véritable coup de griffe sur une scène black metal qui n’en demandait pas tant. Une scène alors tenue d’une main de fer dans un gant de velours par des formations comme BLUT AUS NORD ou DARKSPACE, élevant la dissonance au rang d’art.
Au-delà de cette filiation paternelle difficile à renier, le duo devenu trio sur l'album va encore plus loin et fait voler en éclats ce cadre fragile pour enfanter un véritable monstre. Du noir, du gris, du goudron, du ciment au programme : oui, « House Of The Black Geminus » est une plongée dans l'obscurité infinie d’un outre-monde bel et bien réel. Un outre-monde qui réclame tripes, cœur et entrailles pour nourrir le feu divin allumé en l'honneur de l'ogre Baal. Et l’ambiance de désolation qui s'empare de "The Mask Of The Night-Speaking" confirme la tendance : les ténèbres sont dans la place, pas de doute, l'ombre de la fin du monde plane sur chaque recoin de ces 12 minutes diaboliques. Idéalement complété par le duo "Maze Of Phobetor"/"Through The Abyssal Door" qui illustrent à merveille tout le savoir-faire du groupe quand il s’agit de retourner les esgourdes de l’auditeur sans ménagement.
Il faudra attendre le milieu du disque et ce morceau dark-ambiant saisissant, "House Of The Black Geminus", pour relever la tête. Avant de plonger encore plus profond dans l’obscurité avec "Sister Silence, Brother Sleep", d’une violence impitoyable. La section rythmique y assène ses coups de boutoir XXL et dissonants sans jamais courber l'échine. Un morceau terrifiant, haletant qui laisse place nette au superbe "Eye Of The Daemon - Daemon I" qui clôture l’album façon rigor mortis. Une lente procession d’âmes perdues qui défilent dans un froid glacial et une atmosphère funèbre, ouvrez grand les portes de l'enfer : terminus, tout le monde descend.
A l’image de cet artwork possédé signé par l’artiste italien Agostino Arrivabene qui complète ce sombre tableau, le trio du Colorado remet une nouvelle pièce dans le jukebox de l’enfer avec son quatrième album. Impossible de dire avec le si peu de recul, il est sorti le 5 juillet chez Debemur Morti Productions, et malgré les nombreuses écoutes, si celui-ci surpasse son prédécesseur. Ce n’est pas le propos à vrai dire puisqu’AKHLYS relève une nouvelle fois le défi de faire trembler les murs avec une obstination, une volonté de pousser toujours plus loin les frontières de son black metal. Et cela... c’est une certitude qu’il est possible d’afficher dès maintenant.
