16 juillet 2024, 20:16

CROSSFAITH

"AЯK"

Album : AЯK

On peut dire qu’il était attendu le nouvel album de CROSSFAITH. Ce groupe japonais fut ma première chronique dans HARD FORCE, avec « Xeno ». Puis « Ex Machina ». Plus de 6 ans à guetter dans la direction du Soleil-levant. Quelques titres épars, un EP, pas réellement de nouvelles, je craignais que le groupe ait déposé ses claviers et guitares. Voici donc « AЯK », que le frontman Kenta Koie décrit comme un « au-revoir au passé, bienvenue vers une nouvelle aventure ». Après ce long silence, un changement de line-up, Daiki Koide devient le nouveau guitariste, espérons tout de même que la recette de CROSSFAITH, un savant dosage d’electro et de metalcore, n’ait évolué que dans le bon sens du terme...

"The Final Call" dégage tout de suite une identité cyberpunk, beaucoup de déclinaisons de synthés sur un beat hardcore, où est la guitare ? Premières inquiétudes. C’est sur le magnifiquement martelé "Zero" que l’on retrouve notre CROSSFAITH, furieux tel qu’on l’aime, une âme résolument metalcore, car oui, on entend un riff déroulé en vagues fortes, au sein d’une rythmique déchaînée et d’un mixage bien senti. En bref, le plaisir est au rendez-vous. Approche presque ethnique dans les synthés de "My Own Salvation", toujours avec des riffs furieux et l’excellente voix duale de Kenta, mi-ours rugissant, mi-voix de pop-star. Le titre a un rendu dansant et c’est empreint d’une folie contagieuse. Je suis rassuré.

Démarrant comme un hit des dancefloors, avant de lâcher son riff destructeur, "God Speed" est une collaboration electro metal avec WARGASM, une des révélations du Hellfest de cette année. Il a été bien vu d’évoquer le speed dans le titre, on peut en sortir désarçonné. Dans les bombes inclassables, vous trouverez "Warriors" avec Mah le chanteur du groupe SiM, où la rythmique punk ce dispute avec un electrocore sans limite, où un improbable break ragga s’invite et insuffle un deuxième souffle pour une deuxième charge metalloïde aux chœurs symphoniques, une bombe, vous dis-je ! Le rollercoaster poursuit sa poussée pleine de rage, de beats et de riffs avec "Headshot!". Si CROSSFAITH nous a fait attendre, cela en valait visiblement la peine, au vu de l’énergie restée si longtemps contenue et qui rompt aujourd’hui le barrage, avec son rouleau metalcore puissant.  "DV;MM¥ SY5T3M..." surfe sur un growl long alors que la guitare ricoche sur des barrières de synthés, avant de rebondir et de repartir avec fracas loin des sentiers battus. Joyeux et savant mélange des genres, qui fait toujours le succès de nos amis jap-animés... des meilleures intentions. Sur "L.A.M.N.", CROSSFAITH invite Bobby Wolfgang, en ressort des pulsations violentes, mi machines mi extraterrestres, presque du MR. BUNGLE version electrocore.

Le dernier tiers du disque est-t-il plus sage ? "Night Waves" se la joue disco-lover façon la boom 2.0, "Afterglow" a le Moroder plus qu’aux dents, une belle chorale electro qui aurait pu accompagner Sonny Crockett au volant de sa Ferrari dans les nuits de Miami, tout cela pour nous livrer lors du final un "Canopus" faisant feu de tous bois, avec une rythmique trépidante et un riff météore. Je pense que CROSSFAITH a réellement tout déversé de sa folle énergie hybride avant de tirer sa révérence.

CROSSFAITH est de retour dans l’arène, toujours aussi borderline, funambule oscillant entre electro et metal, mais toujours pour le triomphe du second. Pari à nouveau réussi, pas de changement de recette malgré ce "nouveau départ" affirmé, parfois rester sur son identité est peut-être le meilleur des choix. CROSSFAITH caresse toujours la même core-de à son « AЯK », moi j’adore !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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