Un album de SETH est une ode à l’esthétique où chaque détail est porteur de sens, de symbole et d’une beauté sombre. « La France des Maudits », septième album du sextuor bordelais, ne déroge pas à la règle et propose huit titres d’un black metal abouti, enrobé de visuels travaillés et de paroles poétiquement engagées. Sa sortie programmée au 14 juillet n’a rien d’une coïncidence non plus.
Dès l’observation de la somptueuse pochette de l’album, le futur auditeur se trouve plongé dans un Paris lugubre, condamné par un bourreau à la cape rouge chatoyante mais à la faux affutée. L’ambiance est posée et l’appel est lancé : levez-vous, résistez, rebellez-vous et surtout restez debout. Sur fond de révolution française et de damnation divine, les alexandrins de Saint Vincent, chanteur du groupe, prennent une signification inspirante. Ce n’est pas une histoire qui est contée mais bien l’Histoire qui est racontée. A nouveau, rien n’est laissé au hasard et si le contenu est forcément partisan, l’ensemble porte à la réflexion.
Le black metal de SETH est inspiré, il est brutal et mélodique, il est puissant et aérien. Ses chants sont criés, son message vient des tripes, ses nuances sont riches et surtout il est pourvoyeur d’une expérience complète au travers d’ambiances sombres. Du rapide et tranchant "Paris des Maléfices" avec ses passages lourds à la fois, à l’excellent et habité "Le Vin du Condamné", les riffs résonnent, les mélodies se déploient et surtout les atmosphères dominent. Les morceaux symphoniques et martiaux comme "Et que Vive le Diable ! " côtoient des titres théâtraux et percutants comme "Le Destruction des Reliques" ou "Insurrection". Le funèbre et pesant "Dans le Cœur un Poignard" est majestueux de beauté musicale là où "Ivre du Sang des Saints" marque les esprits par un penchant plus true-black. Même l’instrumental et acoustique "Marianne" en plein milieu de l’album est poignant de force subtile.
A noter, la reprise de Serge Gainsbourg "Initials B.B" version black metal atmosphérique, un bonus de l'édition limitée Digibox, qui prend une dimension particulière lorsqu’elle est réalisée par SETH.
Avec ce nouveau « La France des Maudits", SETH nous emmène à nouveau au cœur d’une France meurtrie, historique mais également tellement palpable et terriblement d’actualité. Si son black metal est pourvu de nuances et d’atmosphères, son message est clair : résistance à l’oppression et regard objectif sur une réalité sombre. C’est un album complet et somptueusement réalisé à nouveau, qui ne manquera pas de séduire un large public.