De retour sur le devant de la scène death metal après un superbe album, « Grievous », paru en 2018, le Rémy Bricka des temps modernes – Brendan Sloan – affiche une nouvelle fois un niveau technique impressionnant sur « Perdurance ». Comme à son habitude, et ce depuis ses tous début en 2016, Brendan est une nouvelle fois à la manœuvre à la guitare, à la basse, aux chant... et derrière les fûts. Et comme si cela ne suffisait pas, on retrouve également ce dernier derrière la console, de l’enregistrement jusqu’au mastering en passant par le mixage. Seul l’artwork énigmatique, signé d’un illustre inconnu – Joshua Christie – n’est pas ici de son ressort.
Et l’Australien, digne héritier de ses camarades néo-zélandais d’ULCERATE dont il partage le goût immodéré pour les riffs dissonants et une atmosphère de fin du monde, réussit une nouvelle fois un tour de force qui suscite l’admiration. S’il chérit lui aussi les ambiances opaques, impénétrables ainsi que les envolées rythmiques compactes, gluantes propres à ses collègues, il opte cependant pour une relecture plus aérée, moins extrême qui fait parler la poudre à bon escient ("Inner Oceans" collera sa dose d’adrénaline aux plus intrépides). Mais ne nous y trompons pas : la musique de CONVULSING reste difficile d’accès, même après de nombreuses écoutes attentives qui tentent comme elles peuvent de cerner ce monstre de noirceur. Complexe également, éprouvant aussi... à l’image du titre à couper le souffle "Shattered Temples". Mais il garantit son lot de frissons à ceux qui oseront y plonger tant il recèle de trésors d’obscurité qui valent le coup de s’y frotter. Mais attention, ça pique. Et pas qu’un peu. Mais ce n’est rien, ou pas grand-chose finalement comparé au pavé éponyme qui boucle ce disque, d’une durée de plus de 12 minutes, où s’affrontent au cours d’une guerre sans merci rythmiques bossues, embardées furibardes et parties plus calmes de toute beauté.
Tout cela s'apparente à la première écoute à un gigantesque foutoir rythmique qui part dans tous les sens. Puis le bestiau dévoile un sombre charme qu'il convient de saisir sans trop se poser de questions. Comme cette bête lovecraftienne qui étreint sournoisement pour mieux emmener sa proie dans les tréfonds du néant et y flirter avec l'insondable. Oui, les ténèbres sont dans la place et l'ombre de la folie plane sur chaque recoin de ces 55 minutes redoutables. Et comme à son habitude, Brendan Sloan réserve une petite surprise en fin de parcours avec une reprise de PORCUPINE TREE. Sur ses deux précédents albums, c’était "The Sky Moves Sideways" et "The Sleep of No Dreaming" qui avaient fait l’objet d’une relecture sauce CONVULSING. C’est désormais au tour de "A Smart Kid" de passer à la moulinette australienne. Avec un certain succès, cela dit en passant. Et qui démontre toute la palette technique de ce musicien surdoué, qui livre ici un nouvel album imparable de la première à la dernière seconde : hautement recommandé !
