2 août 2024, 17:57

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 82

Blogger : Crapulax
par Crapulax


« Quand du Hellfest revient fourbu le métalleux, il ne sent plus ses pieds mais sa femme les sent pour deux ». Cet adage français très connu prends sa source chaque année à la mi-juin et se poursuit parfois jusqu'en juillet-août, le temps pour ce dernier de tremper ses doigts de pieds endoloris dans le sable chaud et la marée montante. Puis il s'allonge sur sa serviette de plage à fleurs rose bonbon piquée à sa fille et se met à lire les chroniques de "Labels & Les Bêtes" de son site préféré sur son mobile tout en écoutant la musique dont parle la chronique qui est pour lui le comble du luxe. Car il est comme ça le métalleux : après l'odeur de la mort vient le réconfort... Allez, bonnes vacances à toutes et à tous !
 

LAMENTARI : « Ex Umbra In Lucem » (Autoproduction)

Parfois les premiers albums sont à marquer d'une pierre blanche et assurément celui des Danois LAMENTARI en fait partie !
Inspirés par les plus grands compositeurs de musiques de films (en gros ceux à qui on doit les sagas mondialement célèbres du Seigneur des Anneaux et de Star Wars, Howard Shore et John Williams, rien de nouveau sous le soleil...), nourris d'ambiances acoustiques ("Dolorum Memoria"), LAMENTARI fait preuve d'un vocabulaire musical étendu qui ne peut ni ne veut se limiter à un black metal sans fioritures.
Car des fioritures il y en a beaucoup sous forme de grandes orchestrations, l'analogie avec DIMMU BORGIR paraît de ce fait inévitable ("Intra Muros Mentis") et c'est plutôt flatteur pour le coup. Certains titres ressortent même vraiment du lot comme le sépulcral "Tragedia In Domo Dei" ou le malmestinien "Appugno". Le rapport avec une attaque de clones sur Géonosis soutenus par des chevaliers jedi ou un barbecue géant organisé par Smaug avec des orques au menu semble donc assez loin mais bon... Question d'imagination sans doute !
Une belle réussite pour une autoproduction qui fera date et qu'on a hâte de voir en live.
(Crapulax)


ILLDISPOSED : « In Chambers Of Sonic Disgust » (Massacre Records)

On reste au Danemark avec un vieux de la vieille dont on n'attendait pas franchement le retour... Ah bon ? Comment ça : ils n'étaient pas partis ?
Hé bien il faut dire qu'ILLDISPOSED dans les années 90 sonnait comme un groupe de death metal de seconde zone face à une concurrence assez féroce. Puis quand tout le monde a tenté de trouver une échappatoire en intégrant d'autres influences (jazz fusion comme PESTILENCE ou ATHEIST, indus comme NAPALM DEATH, etc.) eux ont glissé vers du death mélodique pour finir dans du groove metal. Il y a de quoi les perdre de vue !
C'est là-dedans qu'on les retrouve donc et contrairement à ce qu'on aurait pu penser, ça ne sent pas le moisi et encore moins le renfermé  ("Spitting Your Pain", "For Us") ! Distorsion de guitares grasses comme une congrégation de moines revenant du festival du fromage fondu de Chambery, batteur excellemment mis en valeur (pour une fois) et chanteur top moumoute, ILLDISPOSED a semble-t-il cultivé son art depuis 3 décennies.
Ca donne donc envie de se replonger dans sa discographie, histoire de vérifier si on n'aurait pas loupé un petit quelque chose...
(Crapulax)


HEMORRHOID : « Raw Materials of Decay » (Extremely Rotten Productions)

15 titres. 25 minutes chrono. Un patronyme médical qui fait mal. Le tout signé sur le label Extremely Rotten Productions. Oui, le compte est bon mon cher Laurent Romejko ! Pas besoin ici de se lancer dans d’insondables opérations arithmétiques, le tout est clair comme de l’eau de roche ! Ou plutôt d’un excédent de bile et de tripaille puisque le clan de Portland vient poser ses grosses rangers sur des terres explorées par un certain CARCASS il y a de cela bien longtemps.
Pas de doute donc, ça blaste, ça farte et ça tarte comme il se doit de la première à la dernière seconde. Et j’en connais déjà qui à la simple évocation de morceaux bien bovins tels "Exogenous Intestinal Blockage", "Dante’s Fecal Inferno" ou "Festering Blood Pit" salivent déjà à grands filets (n’est-ce pas mon cher Crapulax ?). Et n’hésiteront pas à plonger tête la première dans les viscères tiédasses et fumantes qui composent cette petite merveille sanguinolente !
HEMORRHOID n’a pas inventé la roue certes, mais il se fait un plaisir de torturer les esgourdes de l’auditeur avec. Le trio américain possède ce petit truc en plus qui fait qu'on en demande et redemande encore et encore, joue gauche, joue droite, avec toujours plus de plaisir. Bestial, oui bestial !
(Clément)


​SKELETHAL : « Within Corrosive Continuums » (Hells Headbangers)

Parmi les nombreuses formations qui remettent sous les sunlights l’esprit du death metal suédois du début des années 90, SKELETHAL mérite bien plus qu’une simple mention. Pas que ces quatre Lillois soient plus vils que leurs petits camarades, mais plus parce qu’ils ajoutent à leur sauce nordique d’autres ingrédients qui sortent quelque peu du cadre de la recette initiale.
Des mélodies-parpaings et du solo bien troussés, quelques touches plus doom alternant avec des passages sulfureux bien sentis, le tout baignant dans une ambiance des plus sombres. Le groupe se montre ainsi à l’aise dans tous les registres, en ne sacrifiant à aucun moment l’homogénéité de cet imposant pavé d’une quarantaine de minutes.
Le travail d'orfèvre délivré par chacun des quatre musiciens sur chacune des sept compositions proposées est à ce titre remarquable. Cerise sur le gâteau, cet artwork magnifique réalisé par l’artiste Alexander Gjerdevik Skjøtt qui colle à merveille à l’esprit de « Within Corrosive Continuums ».
Une production vengeresse signée Raph Henry dans son studio Heldscalla et un mastering costaud de Benoît Roux complètent ce tableau impressionnant de puissance. Avec ce troisième album de très haut niveau, SKELETHAL va mettre tout le monde d’accord ! Enfin ceux qui avaient encore un doute bien entendu...
(Clément)


MIDNIGHT ODYSSEY : «Closer to the Sky» (I, Voidhanger Records)

« Closer To The Sky » est un EP de MIDNIGHT ODYSSEY mais cela vaut le coup de mettre le one-man band de Dis Pater en lumière dans cette rubrique car d’une part, du black metal australien c’est assez rare, et d’autre part, ce « Closer To The Sky » propose quatre titres somptueux.
C’est bien une face sombre, atmosphérique et orchestrale qui nous est montrée ici, avec des rythmes plutôt lents, des guitares aériennes, des claviers cosmiques et surtout une voix à la fois mélancolique et habitée. Si la pochette de l’album réalisée à nouveau par Francesco Gemelli est emprunte d’un mystère galactique, l’ensemble de l’œuvre musicale nous entraîne dans les confins de la vie et de la mort, de ce qui fut et ce qui sera, avec ou sans nous.
MIDNIGHT ODYSSEY ne nous pousse pas à l’introspection mais plutôt à l’ouverture d’esprit, à son élévation et grâce à son black metal mélodique, il mêle beauté et froideur enivrantes. Tout en douceur et tout en profondeur, « Closer To The Sky » marque le pas, sans violence mais avec brio.
(Aude Paquot)


​VANHELGD : « Atropos Doctrina » (Dark Descent Records)

Six ans après la sortie de « Deimos Sanktuarium », les Suédois VANHELGD reviennent plus haineux que jamais avec un album de black metal incisif et puissant au titre latin : « Atropos Doctrina ».
Produit sous l’œil avisé de l’ancien guitariste de leurs compatriotes MARDUK, Magnus "Devo" Andersson, cette sixième offrande fait le constat sombre d’un monde en perdition, entre crise sanitaire, crise sociale et crise économique. Comment véhiculer un message d’optimisme dans de telles conditions ? Ce n’est en tous cas pas l’intention de VANHELGD qui préfère la puissance de riffs lourds, de rythmes imposants et de vocaux haineux.
Il mêle avec dextérité et précision un black metal glacial et des atmosphères death qui rendent l’ensemble encore plus brutal. Les mélodies sont rares mais les guitares sont savamment mises en avant pour un effet des plus tourbillonnant.
Un titre comme "Galgdanstid" est terriblement prenant grâce à la répétitivité de sa structure, un autre tel "Kerernas Törst" se la joue plus vindicative là où "I Ovigd Jord" prend des accents plus épiques. L’ensemble est percutant, c’est tout ce qu’on demande !
(Aude Paquot)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK