En cet été enfin installé est-il de bon ton d’écouter de l’indus metal allemand. STAHLMANN, avec son « Phosphor » tout frais expurgé des forges de la Neue Deutsche Härte va vous apporter la réponse à ce dilemme.
''LSM (Leid, Sex & Macht)'' libère un côté clairement électro. Synthé et boîte à beats remixés par la structure basse-batterie, à moins que ce ne soit l’inverse. Les guitares martiales s’allongent lourdement sur le dancefloor. La voix est âpre, telle un écho d’humanité désabusée enfermée dans un cyborg. Le résultat est prenant, vite on veut la suite. Et c’est le surprenant et facétieux ''Phosphor'', à l’électro rapide et aux riffs hypnotiques, aux chants de confessionnal à connotation très OOMPH !, un groupe que j’adore, je vous laisse donc deviner mon plaisir. Le manège tourne. ''Interstellar'' est plus intimiste avec une puissance qui ne se lâche qu’avec parcimonie, c’est plus prégnant, avec intelligence du dosage et du mixage, et un refrain pour fédérer STAHLMANN autour de lui. Top.
Les guitares s’affirment dans toute leur martialité sur ''Heimlich'', la rythmique aux ordres, un son assez pressant pour faire jaillir des flammes de 10 mètres de haut, ou comment STAHLMANN réaffirme en un morceau toute l’étendue de son paysage musical. Des notes d’or de la Neue Deutsche Härte, voilà ''Asche zu Asche'' (cendres sur cendres) ou comment montrer qu’il n’y a pas que le titre éponyme de RAMMSTEIN pour nous faire descendre, ici la progressivité est de mise, le romanesque habite les vers débités sur un electro lethal que renforce des riffs glaciaux. Érotisme des âges de néons. Une offensive de panzer s’ensuit avec ''Luxusuniform'', techno-metal de clubber qui fera danser dans les chaudes nuits d’été. Une ambiance fascinante.
Mon côté germanique a toujours été intrigué par l’obsession que nous avons pour la mer, comme si les Saxons étaient plus marins que les Vikings. ''Meine See'' déclame cet amour pour les étendues d’eau salée avec une rythmique aussi puissante que mélancolique, STAHLMANN expose germantisme dans ces envolées de guitares aériennes et son pas militairement rêveur. Un titre exceptionnel. Après ce moment à l’intimité proche d’un film en noir et blanc de Babelsberg des années 20, ''Jeder Schnitt'' gambade bien plus légèrement, presque pop si on ne retenait pas les riffs huileux tournant façon roue de hamster. Oui, un passage apportant fraîcheur et humanisme dans le metal du groupe. Une parenthèse désenchantée dirait Mylène Farmer, qui pousse ensuite l’exploration de l’électro vers un semi acoustique dans ''Am Firmament (1000 Stimmen Part II)''. Ou quand les androïdes rêvent de flamants roses.
STAHLMANN revient aux affaires de l’electro metal obsédant avec ''Mordlust''. Là les adorateurs de la bande à Till Lindemann ont de quoi allumer des feux de joie tant c’est excellent. Aux premières notes de ''Schlaf ein Master'' j’ai eu peur d’une baisse de régime. Homme de peu de foi. Le morceau est un incroyable mélange de puissance rampante, lâchée aux bons moments. Bravo. En bonus un « Luxusuniform (Blue May Rose Remix) » vous emmène une dernière fois sur un dancefloor electro arabisant, pour une danse ultime explosant les limites du genre. Les SISTERS OF MERCY valident cette audace sonore.
STAHLMANN m’a fait triper avec son metal électronique gorgé de prises de risques. Je n’en attendais pas moins d’un des maîtres de la Neue Deutsche Härte. Une atmosphère pour toute saison, fort à propos au final en ces jours ensoleillés et ces nuits étoilées. « Phosphor » est un must have flamboyant du genre. Groovez sur une androïde dance, et soyez heureux avec ce 8e album !