5 septembre 2024, 18:44

HIMINBJORG

Interview Zahaah


Pour les fans de traditions musicales et spirituelles, pour les amateurs de black metal français, HIMINBJORG revient cette année avec un nouvel album intitulé « The Fall Of Valhalla ». Armé d’un point de vue acerbe sur notre société et de sa créativité exacerbée, Zahaah, leader de la formation, revient avec nous sur la genèse des différents morceaux ainsi que sur la scène underground. Un entretien riche et franc.
 

Salut Zahaah ! Ravie de pouvoir échanger à nouveau avec toi, cette fois-ci sur le nouvel album d’HIMINBJORG à paraître. Il s’intitule « The Fall Of Valhalla » et sort presque 10 ans après son prédécesseur « Wyrd ».  Je sais que tu n’as pas chômé entre temps car tu as entre autres enregistré le très bel album de THE CHANT OF TREES. Est-ce que cette petite décennie depuis « Wyrd » a été une sorte de parenthèse pour HIMINBJORG ?
Non pas vraiment car nous avons ré enregistré l’album «Golden Age» en 2018 et avons donné des concerts, nous sommes allés jusqu’au Brésil en novembre dernier !

« The Fall Of Valhalla » contient neuf titres sombres et brutaux, avec de gros accents death, des parties très black bien sûr et le son typique HIMINBJORG. Il semble qu’il transmette une colère envers le monde actuel ("Architecture of Annihilation") et une dénonciation d’une société décadente ("The Pathetic Men Show"). Est-ce que c’était ton ressenti au moment de la composition de l’album ?
Je dénonce un monde complètement artificiel où tout est tronqué, dans lequel le moindre écart de point de vue au programme imposé est réprimé par des lois sournoises, où le bon sens est devenu le mauvais sens, un monde dans lequel le médiocre est érigé en gardien d’un système mis en place pour asservir l’humanité.Quant à "The Pathetic Men Show" morceau Rock’ Black totalement atypique pour HIMINBJORG, j’y parle de tous les guignols que j’ai pu croiser au long de toutes ces années et qui pullulent dans ce qu’est le milieu metal aujourd’hui, et qui ont participé à lui enlever toute saveur.

Le paganisme et le lien avec les ancêtres, avec le pagus, est aussi très présent tout au long de l’album avec des chansons comme "Brother Sequane" et la nécessaire préservation de la Terre et de sa vie avec l’excellent "Tribeless Child". Est-ce pour toi la voie vers une amélioration de notre condition humaine ? En est-on capable ?
Les traditions spirituelles authentiques sont porteuses du savoir qui permettent de percevoir l’équilibre, la nature et le sens de notre présence. C’est pour cela que les Peuples Traditionnels, leurs caractéristiques génétiques permettant l’incarnation de leur esprit ainsi que leur environnement naturel tout aussi indispensable, sont systématiquement annihilés, par coups de bulldozers, effacement génétique, empoisonnement physique ou spirituel...tout y passe. Ceux qui mènent la planète ont d’autres projets pour l’humanité, très rentables pour leur dieu argent et leur avidité. Une amélioration de l’humanité ? Je n’y crois pas et je ne pense pas qu’elle le mérite.
"Brother Sequane" est le type même de moment où l’on me montre la voie, quand le lieu devient l’expérience de la rencontre. Et "Tribeless Child" raconte mon parcours, quel enfant décalé j’ai été dans un monde totalement étranger, porté par les voix ancestrales mais seul, sans tribu, l’un des derniers debout… et ce morceau je le dédie à ceux qui arrivent et qui devront affronter ce monde un peu plus hideux chaque jour qui passe. Aux enfants porteurs de lumière qui arriveront, le chemin sera difficile.


Les paroles de "The Threshold" sont issues du livre L’Initiation, Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs de Rudolph Steiner. Qu’est-ce qui t’inspire dans sa philosophie ?
Ce livre est un guide sur le chemin de l’expérience spirituelle, c’est bien plus qu’une philosophie. Je pense que Steiner y transmet des connaissances qui lui ont été également transmises. Ce livre parle profondément à ceux qui lui correspondent, c’est un miroir tourné vers l’intérieur. Je l’ai lu lorsque j’avais 20 ans et je l’ai toujours gardé.

La plupart des paroles des morceaux de « The Fall of Valhalla » sont en anglais. Est-ce pour véhiculer un message universellement compréhensible ?
Oui et aussi car cette langue est plus percutante.

Tu as avec toi sur plusieurs titres des musiciens fidèles à HIMINBJORG comme Sven Vinat (NOTTURNO, MÖHRKVLTH ou encore BELENOS), Ludovic Tournier mais aussi Baptiste Labenne (BOISSON DIVINE, MOISSON LIVIDE). Est-ce qu’ils t’apportent leurs idées, leur façon de voir la musique d’HIMINBJORG ?
Non, ce sont mes amis sauveurs que je dérange lorsque je n’ai pas la solution pour une mélodie, un solo… Généralement je sais d’avance qui a la solution et je le triture jusqu’à ce qu’il crache le morceau !!! Je peux te dire qu’ils m’aiment bien pour endurer cela depuis si longtemps !

Peux-tu nous parler un peu de la chanson "The Colour Of Truth", dernier titre de l’album, avec les vocaux récités d’Isere Lloyd-Davis qui donnent un côté très solennel à un morceau percutant ?
Je pense qu’il résume tout, dans ce monde pour chaque faux il y a un vrai, pour chaque nuit il y a un jour. Comme le disait Balavoine « la vérité a une teinte que rien n’imite ». J’ai toujours tracé ma voie sans aucun moyen, en suivant ce qui me semblait être la bonne direction, celle qui mène à la vérité et j’ai reçu l’aide nécessaire tout au long du parcours. L’humanité ne changera pas, elle est ce qu’elle est mais le désastre dû à son expansion actuelle est terrifiant. Tout autant tu ne peux pas convaincre les gens, ils croient ce qu’ils veulent croire. Par peur, par faiblesse ou par plaisir. Alors peu importe les porteurs de lumières font ce qu’ils doivent en se postant le long du cours du temps.

D’ailleurs, que représente le titre de l’album « The Fall Of Valhalla » ?
C’est la fin de tout, et j’ai été tenté d’utiliser ce titre pour évoquer la manifestation même de cet effondrement caractérisé à travers notre milieu musical. Ce qui était il y a trente ans une puissante lueur d’inspiration, à savoir la réminiscence ancestrale des jeunes scandinaves enfantant le black metal, est devenu la propriété de gens sans saveur, des « m’as-tu vu » pathétiques, poseurs ridicules et vides. Ils ont utilisé un Lore, une âme traditionnelle pour en faire un mannequin vidé de toute son essence. Ils ont tourné dans tous les sens jusqu’à la dissolution de toute rune, toute manifestation de cette culture pour se donner un style, une chance d’exister aux yeux des autres. Avec tout le consentement et l’aide d’un Nouvel Ordre Mondial qui n’avait d’autre espoir que de voir couper les serres de cet l’aigle majestueux naissant. Comment ? Par « la morale » que ce système dissémine dans les âmes tel un poison, et le désir incommensurable de certains à s’en faire les gardiens
J’ai donc décidé de ne pas évoquer une seule fois le nom Valhalla dans tout l’album. Et pourtant le force et la grandeur sont là, présents par des moments de mélodie grandiose...l’âme est là. Juste par jeu...

Tu as choisi de revenir vers Adipocère Records pour sortir l’album. Quels sont tes liens avec le label français et comment s’est décidée cette collaboration ?
Adipocère n’est pas un simple label, c’est une personne, Christian ! Et ça explique tout, on accomplit les choses avec le cœur et les tripes, comme on en a envie et quand on veut. J’ai démarré cet album dans ma cave avec un micro devant l’ampli à l’ancienne, avec l’envie de ne surtout pas démarcher les acteurs (terme bien choisi!) de la scène actuelle qui tuent par leur médiocrité notre milieu musical. J’ai partagé mes chansons avec un petit label très indépendant, mais finalement je n’ai pas finalisé ce choix et j’ai croisé Christian qui souhaitait se faire plaisir et reprendre la production de groupes en cette dernière phase de carrière. On s’est tous recroisé un soir avec Ludovic Tournier (qui a réalisé quelques solos sur l’album) et Mickael, ancien d’HIMINBJORG, je lui ai présenté l’esprit de ce que j’étais en train de faire et c’était reparti !

De la même façon, David Thiérée a réalisé la pochette de « The Fall of Valhalla ». Il semble que le metal extrême soit comme une grande famille, avec des liens forts non ?
C’est le constat oui, notre petite famille s’est constituée avec le temps. Recevoir le soutien et les œuvres de David fait partie des plus beaux cadeaux que j’aie reçus, il y a également Sylvain Clapot, photographe qui a fait des live reports pour des webzines pendant des années également, enfant du pays comme moi qui a fourni des photos hallucinantes issues de ses voyages en Islande pour illustrer l’album. Et il y a tout ceux qu’on ne voit pas, qui nous invitent à nous produire, qui fournissent une aide, un conseil...merci à tous.

« The Fall Of Valhalla » sort en septembre. As-tu déjà des concerts prévus pour sa promotion ?
Oui on n’a jamais été aussi demandés et ça reste hors grands circuits.

Si tu as quelque chose à ajouter à propos de l’album ou à un message à transmettre aux lecteurs de HARD FORCE...
Je crois en avoir bien assez dit alors ces derniers sont pour toi Aude qui te fais le portevoix de l’underground depuis des années : merci.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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