Déjà trois décennies d’existence au compteur pour la formation de Caroline du Sud qui a su imposer sa patte dès ses débuts avec le mythique « Amongst The Catacomb Of Nephren-Ka ». L’une des œuvres majeures de NILE qui a eu le mérite de mettre tous les fans de brutal death metal d’accord sur le potentiel de destruction du groupe. Fasciné par la mythologie égyptienne, son leader historique Karl Sanders a toujours mis un point d’honneur à proposer des textes pointus et éclairés sur une thématique rarement abordée en matière de metal extrême. Un C.V. long comme mon bras, donc, et riche de dix albums désormais, qui a installé NILE pour un bail dans la cour des grands.
Cinq années séparent ici la sortie de « Vile Nilotic Rites » de ce nouvel album. Cinq années mises à profit pour enfanter ce qui s’apparente à l’un des albums les plus inspirés du groupe depuis bien longtemps. Est-ce le départ de Brad Parris qui laisse désormais le poste de bassiste à Dan Vadim Von (également à la manœuvre chez MORBID ANGEL) ou l’arrivée de Zach Jeter en tant que troisième guitariste ? Toujours est-il qu’un morceau tel que "Stelae Of Vultures" qui ouvre « The Underworld Awaits Us All » met tout de suite les choses au clair. Puissant, rapide, brut, porté sur les mélodies meurtrières, le bougre place la barre haut d’entrée de jeu.
"Chapter For Not Being Hung Upside Down On a Stake In The Underworld Made to Eat Feces By The Four Apes" (à vos souhaits) ne se prive pas lui aussi de montrer que le colosse en a toujours dans la besace même s'il n'hésite pas varier son propos afin de rompre avec la monotonie. Ainsi, "True Gods Of The Desert" ou "Lament For The Destruction Of Time" s'inscrivent dans cette lignée de morceaux massifs et puissants que la formation a toujours eu à cœur de proposer pour aérer son propos. Pendant que "To Strike With Secret Fang", "Under The Curse Of The One God" ou "Overlords Of The Black Earth" renouent avec ce gros brutal death épique et sans pitié dont seul NILE a le secret. De ceux qui ne rechignent pas non plus à placer quelques mélodies d'enfer et autres solos héroïques quand l'envie lui prend. Le quota de breaks casse-nuques et de riffs virils est aussi respecté à la lettre, quant à la prestation de Georges Kollias : celle-ci est juste bluffante. Le préposé aux fûts enchaîne plans mitraillettes sur blasts joufflus sans sourciller avec une aisance déconcertante.
Mais tout cela ne serait rien ou pas grand-chose sans souligner la prestation de monsieur Sanders, sexagénaire qui met à l’amende nombre de plus jeunes musiciens que lui, qui fait preuve ici une nouvelle fois d’une maîtrise absolue dans ses vocalises gutturales. Et sa technicité, sa créativité quand aux parties de guitares, secondées avec brio par la paire Kingsland/Jeter, a de quoi laisser pantois. Quelle prestation mes aïeux !
Une nouvelle fois enregistré dans les studios Serpent Headed de Karl Sanders en Caroline du Sud, mixé et masterisé de main de maître par Mark Lewis (CANNIBAL CORPSE, WHITECHAPEL...), « The Underworld Awaits Us All » impressionne de la première à la dernière seconde. A l'image de l’artwork, superbe, signé Michał "Xaay" Loranc, qui trousse ici un support visuel mystique et complexe, fourmillant de détails, qu'il a conçu comme une illustration du cycle de la vie et du jugement dernier. C'est du tout bon !