Encore un album de MORK, septième comme son nom l’indique et ceci seulement un an après son prédécesseur « Dypet ». On pourrait croire qu’une telle productivité serait synonyme de moindre qualité mais c’est sans compter sur l’inspiration débordante du leader Thomas Eriksen. En effet, en perpétuelle évolution, le one-man band norvégien parvient sans cesse à produire des titres d’un black metal à la fois authentique et original, toujours écorché, jamais répétitif. Les neuf pistes présentes sur « Syv » sont éclectiques, parfois primitifs, parfois mélancoliques, parfois glauques, toujours brutes. MORK c’est du 100% instinctif, 0% superficiel.
"I TåKens Virvel" plonge l’auditeur dans un environnement lugubre grâce à des riffs sourds et une voix d’outre-tombe. Les rythmes sont tour à tour rapides ou scandés, les guitares sont tourbillonnantes, un morceau très varié pour une entrée en matière des plus riches. Le très pagan "Holmgang" apporte un côté épique à l’album là où le dissonnant "Heksebål" rappelle étrangement ce qui a été produit il y a quelques mois par le projet parallèle de Sir Eriksen, UDÅD. Vif, tranchant, malsain, un excellent morceau de true-black.
Le single extrait "Utbrent", blasté, hurlé, aux guitares acérées nous apporte tout de même un énorme feeling avec des passages en voix claires et une atmosphère tout à fait envoûtante. Une perle noire qui donne la chair de poule.
Le rythmé "Med Døden Til Følge" est surprenant pour son côté entêtant avec un refrain presque mélodique qui reste gravé dès la première écoute. "Ondt Blod" quant à lui est percutant. C’est un titre brutal, sans concession, un peu thrash dans son approche alors que "Tidens Tann" et son intro à la guitare arpégée saturée nous replonge dans un black metal old-school efficace.
Que dire de ce mid-tempo et atmosphérique "Til Syvende Og Sist" ? Simplement qu’il s’agit d’un titre qu’on aime découvrir chez MORK, nouveau, vibrant, on pourrait dire à la pointe du black metal. C’est une vraie réussite instrumentale avec ses chœurs, ses sons d’instruments à cordes et ses riffs solides. Il est orchestral, dramatique, tout en progressivité, une véritable pièce musicale à part entière.
Enfin, le dernier, "Omme", acoustique et à la voix claire chantée, minimaliste, fait preuve de beaucoup d’introspection et à nouveau d’une perspicacité débordante pour clôturer un album décidément inattendu mais plus que réussi.
Quand l’inspiration pousse à la création, inutile de se restreindre. Et on en voudrait à Thomas Eriksen de ne pas nous faire profiter de sa productivité en matière de black metal fécond et juste. Avec « Syv », MORK propose une évolution de « Dypet » et il ne s’arrêtera pas en si bon chemin. On sera forcément là pour la prochaine étape. L’année prochaine ou avant ?