John Corabi. Un nom qui résonne, qui marque, et qui aura toujours eu le chic pour rimer avec charisme et qualité. Lorsque le monsieur faisait son retour au sein des DEAD DAISIES emmenés par David Lowy et Doug Aldrich en 2023, nous n’allons pas vous mentir, nous avons poussé un soupir de soulagement. Même si le super-groupe a pour vocation à avoir un line-up tournant, le constat était clair : THE DEAD DAISIES, ça n’a jamais été la même chose après le départ de Corabi, toujours impérial avec la bande australo-américaine. Il faut croire que le constat est le même du côté de nos rockers puisque plus d’un an après le retour de John, les musiciens accouchent d’un disque ultra efficace, du hard rock dans la plus pure tradition certes, mais qui n’est jamais aussi bien exécuté que par ce line-up ! « Light ‘Em Up » est dans les bacs depuis le 6 septembre 2024, on a fait le point avec John Corabi quelque temps avant cette sortie, très attendue.
Nous avons regardé le planning de la tournée prévue pour la fin d’année. C’est assez dingue de voir John Corabi et Mike Tramp sur la même affiche !
(rire) N’est-ce pas ?! On se connaît depuis très longtemps avec Mike, nous avons fait une tournée "unplugged" aux Etats-Unis, et je le suis de très près depuis les années WHITE LION. C’est quelqu’un de sympa, d’inspirant et avec qui cela sera un plaisir de tourner. Je suis content, vraiment. BEASTÖ BLANCÖ sera là aussi, c’est un excellent groupe, et je connais Chuck Garric (ndr : bassiste d’Alice Cooper / guitariste et chanteur au sein de BEASTÖ BLANCÖ) depuis très longtemps aussi, nous avions fait partie du ERIC SINGER PROJECT ensemble. Bref, c’est un moment familial, cette tournée !
Sans vouloir à tout prix mentionner ton âge, lorsque nous te voyons sur scène, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous dire que tu mets à l’amende beaucoup de frontmen bien plus jeunes que toi...
Je te remercie. Et tu sais, je crois que je suis béni. Après, il n’y a pas de secrets et comme beaucoup, je fais gaffe. Je n’ai jamais été une personne excessive, je ne le suis toujours pas à 65 ans. Entendons-nous bien, j’apprécie boire un verre de temps en temps, mais jamais avant un show par exemple. Je n’ai jamais pris de drogues de ma vie. Je crois que sur le long terme, cela m’a aidé bien plus que je ne pouvais l’imaginer. Même dans ma vie personnelle.
C’était comment de retourner en studio avec les DEAD DAISIES ?
J’adore le studio, presque autant que le live. J’ai une fascination toute particulière : celle de voir une chanson prendre vie ! C’est un processus vraiment fou qui continue de m’impressionner. Nous arrivons au studio, nous avons des bribes d’idées, puis je vois des licks de guitare venir se poser sur des parties de batterie. Les deux ne ressemblaient à rien seules, mais ensemble, tout devient un joli ensemble musical. Puis j’écris des paroles, on peaufine et ça donne quelque chose de renversant. Vraiment, cela me fascinera toujours, je crois. Toute cette création, c’est unique, et j’adore ça. Surtout quand, des mois plus tard, je vois des gens s'éclater dans le public en chantant les paroles, qu’ils pigent l’anglais ou non d’ailleurs. Voir le résultat de notre labeur prendre la forme d’un immense bonheur dans les yeux des gens, c’est un plaisir incomparable. C’est la récompense.
Au-delà des compositions, THE DEAD DAISIES n’a jamais peur de se frotter à des reprises de grands classiques. Sur disque comme en concert. C’est intéressant, car en soi vous n’en avez pas forcément besoin…
Oui, mais une grande chanson reste une grande chanson. Et l’effet qu’elle produit est incomparable. Soyons honnêtes : le public adore ça ! Lorsque nous commençons à faire "Highway To Hell" sur scène, les gens deviennent fous. Nous aussi d’ailleurs. Et puis, j’ai commencé dans des groupes de reprises, j’avais des groupes à Philadelphie, dans le New Jersey, etc… Cela permet aussi de se souvenir d’où l’on vient, je crois. Nous avons toujours eu une ou deux reprises par album, parce que nous souhaitons rendre hommage aux personnes nous ayant influencés quand on était gamins. D’ailleurs, c’est drôle que nous parlions de cela, notre manager m’apprenait quelques instants avant ton appel que la chanson la plus streamée de notre catalogue était la reprise de "Fortunate Son" de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL. Plus de sept millions d’écoutes !
Nous imaginons que c’est David Lowy (guitare) qui a proposé de reprendre "Take A Long Line" de THE ANGELS (ndr : groupe de hard-rock australien, ô surprise) ?
Et tu sais quoi ? Je ne connaissais pas du tout cette chanson, alors que depuis que nous l’avons enregistrée, je l’entends partout ! (éclats de rire). Blague à part, on s’est posés et David Lowy nous a fait écouter l’originale. Nous avons adoré. Seul problème, personne ne chante vraiment comme Doc Neeson ; il a donc fallu que je bosse pas mal pour adapter mon chant. David a joué avec Doc et THE ANGELS, et je pense que ça lui tenait à coeur. Comment refuser ?
Marti Frederiksen, qui est le producteur de ce disque, est à l’origine de l'intention très AEROSMITH que vous avez donnée à la chanson, et à l’album ? Aviez-vous des envies particulières lorsque vous êtes arrivés en studio ?
Il y a ce côté "Let The Music Do The Talking" en effet, cet aspect crasseux, direct. Après, je ne pense pas, en tout cas pas de mon côté, qu’il y ait une "intention". Je crois qu’il y a cet accord tacite et très simple, à savoir que la musique, c’est quelque chose de collectif. Surtout dans notre cas. Et nous avons toujours fonctionné comme cela. Nous ne nous sommes pas posés pendant des heures à blablater sur le pourquoi du comment. La seule intention était de faire un pur album de rock'n'roll, "dans la tronche". Je sais que David Lowy mentionnait souvent qu’il voulait que « Light 'Em Up » soit une fête. Après... Comme beaucoup de groupes aujourd’hui, tout commence par un dossier Dropbox ! (rires)
Nous aimons beaucoup le titre "Back To Zero", c’est l’OVNI de ce disque !
C’est Doug Aldrich qui est arrivé avec ce riff incroyable, très grunge, je me souviens qu’on était dans le studio avec Marti. On s’est posés et les paroles me sont venues très vite. Je suis marié, et va savoir pourquoi, je me suis mis à repenser aux premières semaines que j’ai passées avec celle qui est aujourd’hui ma femme. Quand tout est beau, aucune prise de bec. Puis, le temps passe, et avec lui la vie prend de plus en plus de place. Seul problème : la vie c’est jamais toute rose ou toute simple. Ce n’est pas nous qui changeons, nous ne sommes pas programmés pour devenir chiants, c’est juste la vie qui fait qu'on doit constamment s'adapter, et changer ses manières de faire, de réagir etc…. Tu veux partir en vacances ? Ah mais, il y a les chiens ! Comment fait-on ? (rires) Voilà, un exemple de moment où la vie te met des bâtons dans les roues. "Back To Zero" c’est un appel à retourner à ces débuts, où tout est simple et rien ne se met en travers de ton chemin.
Il y a quelques années de cela, Mick Mars avait partagé des teasers d’un projet où tu étais mentionné. Mick a sorti son premier album solo il y a quelques mois et… nous cherchons encore ta voix !
C’est un peu plus compliqué que cela. Tu vois le tatouage 1313 que Mick a sur la main ? Il s’avère que c’est le nom de son label. Quelques années auparavant, il m’appelle et me demande, un peu gêné, si je peux venir enregistrer quelques titres avec lui. Je vais simplifier un peu, mais il s’avère qu’aux Etats-Unis, si ta marque reste inactive trop longtemps, tu la perds, tout simplement. Mick devait sortir quelque chose pour espérer la conserver, et il a fait appel à moi. C’était très simple, tout était prêt, écrit etc… Je devais juste chanter.
Quel dommage ! Tout ceci avait l’air prometteur...
Nous avons parlé de faire des choses ensemble plus tard, mais entretemps il est reparti en tournée avec MÖTLEY CRÜE, j’avais les DAISIES etc... Toujours des soucis d’agenda, malheureusement. J’adore Mick, c’est l’une des personnes les plus gentilles que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Mais… (il réfléchit) Tu sais, je me dois d’être honnête, si demain Mick et moi devions faire quelque chose, un album ou je ne sais quoi, je voudrais une tournée derrière. Je ne sais pas si c’est quelque chose qu’il peut faire aujourd’hui.
Merci beaucoup pour ton temps John ! Et n’oublie pas de glisser "Back To Zero" dans la set-list !
Merci à toi ! Promis, je vais faire ce que je peux ! (rires)
THE DEAD DAISIES est en concert à Paris (Elysée Montmartre) le 11 novembre prochain.