27 septembre 2024, 18:46

Pierre Avril

Interview de l'auteur d'ouvrages sur le Black Metal

Dans HARD FORCE, on vous vente les mérites de musiciens de tous styles, du rock le plus mainstream au death le plus extrême, en passant par le black le plus obscur. Mais nous trouvons également de bon aloi de donner la parole à ceux qui ont une analyse pertinente de cette musique qui nous anime et nous fait vibrer. Pierre Avril, le Scribe du Rock, est un de ces personnages importants de la scène qui, cet automne, sort son troisième livre sur l'un des courants du black metal : le post-black et le black metal avant-gardiste. Avant la parution de Black Metal Volume III aux Editions des Flammes Noires, l’auteur a bien voulu répondre à nos questions.
 

Tout d’abord, merci de prendre le temps de répondre à quelques questions. Est-ce que tu peux commencer par te présenter, pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?
Je suis Pierre Avril, auteur de livres sur le metal, le sixième arrive, animateur/intervieweur radio à Raje Avignon, une radio FM musicale, et blogueur avec Le Scribe du Rock. J'ai également contribué plusieurs années au magazine Metallian. J'ai 52 ans, ce qui fait de moi un veinard puisque j'ai connu les années 80 et 90 qui furent une belle période pour notre musique préférée. J'ai littéralement plongé dans le metal et le hard rock en 1986 avec METALLICA, SLAYER, VENOM, BATHORY, IRON MAIDEN, HELLOWEEN, SODOM, KREATOR, SCOPRIONS, AC/DC et, bien sûr, MOTÖRHEAD !

Te souviens-tu de tes premiers pas dans le rock et le metal ?
Oui, je m'en souviens bien dans la mesure où j'ai commencé par écouter du rock, du punk, de la cold-wave/batcave/gothique avant le hard rocl et le metal que je méprisais un peu au départ. J'étais à fond dans THE CURE, CHRISTIAN DEATH, les SEX PISTOLS, les CLASH, THE DAMNED, GBH, THE EXPLOITED, mais aussi des trucs plus "classic rock" comme PINK FLOYD, qui reste mon groupe préféré à ce jour, ou encore QUEEN, THE BEATLES et David Bowie qui est, pour moi, le plus grand génie de la pop. Le hard rock est venu avant le heavy metal, avec VAN HALEN, le premier album, quelle merveille !, SCORPIONS, AC/DC, DEEP PURPLE, LED ZEPPELIN et, évidemment, BLACK SABBATH qui a gagné en importance pour moi au fur et à mesure du temps.
J'étais un fan de hard et de metal mais cela ne me suffisait pas, il a fallu que je fasse de la musique, je suis devenu chanteur – amateur – dans différents groupes rock, hard et metal durant une vingtaine d'années. L'idée d'écrire sur le metal est venue bien plus tard, j'écrivais déjà depuis mes 14 ans, mais plutôt de la fiction, de la poésie et mes textes de chansons mais l'unification "metal/écriture" ne m'est venue qu'en 2012 quand j'ai commencé à écrire mon premier livre sur un drôle de sujet, le white metal, qui est paru en 2014 aux éditions Camion Blanc.

Le livre à paraître est le troisième volume à propos de l’histoire du black metal. Qu’est-ce qui t’inspire dans ce genre musical si particulier ?
J'ai une relation très spéciale avec le black metal dans le sens où j'adore cette musique, qui est un de mes styles de metal préférés, mais pour autant, je n'ai jamais adhéré au côté "j'aime faire le mal" ou prier pour le diable et/ou la négativité. Je n'ai rien contre la noirceur et l'apparat du black metal, mais pour moi, il s'agit d'un ensemble avec la musique. Je n'aime pas les groupes qui font du préchi-précha religieux ou politique. Avec l'âge, j'ai réalisé qu'il ne s'agit que d'une forme extrême de rock'n'roll, ce qui me convient très bien. En ce qui concerne ce troisième volume, il est assez particulier car finalement, la partie consacrée au post-black metal évoque un sous-groupe du black metal qui comporte de nombreux groupes de talent mais qui pour moi ne font pas du black metal à proprement parler. Je considère qu'ils utilisent le black comme un des ingrédients de leur musique, comme le shoegaze, le progressif, le post-rock où le psychédélisme, entre autres. Pour ce qui est de l'avant-garde black metal, c'est différent. Je considère que les premiers groupes de black étaient tous plus ou moins expérimentaux, cherchant à se distinguer les uns des autres. Finalement, le black metal avant-gardiste est une forme de continuité de cela en plus poussé.

Est-ce que dès le premier ouvrage, tu savais qu’il y aurait plusieurs tome sur le sujet ?
Si tu parles de ma série sur le black metal aux Editions des Flammes Noires, j'ai d'abord conçu tout cela comme un gros livre de plus de 1 000 pages et c'est en concertation avec mon éditeur, Emilien Nohaic, que le pavé est devenu une série. Il a eu parfaitement raison, les trois livres sont magnifiquement illustrés par des artistes de talent comme Jeff Grimal, Maxime Taccardi ou encore Von Kowen.

Avec tant de groupes, tant de déclinaisons, on peut parler d’un mouvement musical qui s’est réellement développé et diversifié au fur et à mesure des années. Ces derniers temps, le post-black dont tu parles dans ton livre a connu un réel engouement de la part du public. Comment le justifierais-tu ?
Oui, en effet, je vois le black comme un arbre possédant des centaines de branches. Pour autant, je ne considère pas, comme je l'ai dit avant, le post-black comme du black metal. Je pense que ce "nouveau" genre a connu un immense succès car il peut plaire à des gens que le pur black rebute. Le post-black propose de nombreuses mélodies accrocheuses, des ambiances de musiques de films, met en avant des côtés rock ou hardcore qui élargissent sa base. Le post-black n'est pas toujours mainstream, mais il peut le devenir, comme c'est le cas pour ALCEST. Je suis néanmoins conscient que cela reste une niche musicale incomparable en termes de ventes avec la pop, le rap, l'electro, ou encore le rock grand public. Ce succès vient aussi, selon moi, du fait qu'Internet nous a ouvert de nouvelles portes en matière de découvertes musicales, à un clic de la sensation nouvelle. Le post-black est aussi un enfant d'Internet, un monde dans lequel tout se mélange, même des genres a priori antinomiques.

J’imagine que la rédaction d’une telle encyclopédie du black metal demande un réel investissement et une documentation de ta part. Y a-t-il des groupes que tu as découverts, ou redécouverts, pour l’occasion ?
C'est dur de répondre à cette question car j'ai commencé ce projet en 2019, ce qui veut dire que j'ai écouté des centaines – des milliers ? - de groupes pour étayer ce projet. C'est un énorme travail de recherche, surtout pour avoir les bonnes infos car le black est un univers truffé de légendes et de rumeurs. Si je prends l'exemple des Black Legions que j'ai traité dans le volume 2, j'ai pu m'appuyer sur l'expertise de Vordb de BÈLKÈTRE qui m'a relu et corrigé. Un immense merci à ces artistes qui jouent le jeu. Oui, j'ai découvert de nombreux groupes durant ce voyage, comme MORA PROKAZA, FEMINAZGUL, et des tas de trucs invraisemblables, mais j'adore la bizarrerie et les mélanges hétéroclites en musique. J'ai donc été servi !

Quel public touches-tu avec ce genre d’ouvrage ? Est-ce que ce sont uniquement les fans de black metal qui s’intéressent à sa genèse ou fédères-tu l’ensemble des metalleux, voire même des néophytes ?
J'ai un passé de formateur et d'étudiant en sciences humaines qui fait que je m'adresse toujours à plusieurs publics. Je pense que les néophytes peuvent s'y retrouver car je leur donne assez de clés pour faire le voyage, et j'ai la prétention de penser que les fans et les musiciens accomplis de black metal s'y retrouvent également, car j'essaie de trouver des angles un peu nouveaux et des artistes peu connus. Cela permet d'alimenter le débat – incessant – dans le black où chacun est persuadé d'avoir LA vérité révélée. Pour ma part, je suis juste un écrivain et un fan qui partage sa passion. J'essaie d'être généreux car je n'aime pas le snobisme.

Black Metal Volume III est illustré par Jeff Grimal, connu pour ses splendides réalisations. Comment s’est décidée cette collaboration ?
Jeff fait partie des artistes que j'admire depuis plusieurs années. L'idée de lui demander d'illustrer ce livre est venue d'Emilien, mon éditeur, qui a souvent de bonnes idées. Le résultat est splendide, d'autant plus qu'il met en avant des dessins à l'encre de chine de Jeff, moins connus que ses peintures en couleurs. Je suis très heureux du rendu !

Est-ce que pour toi, l’esthétique est importante pour les lecteurs, mais plus généralement, dans le style black metal ?
C'est une bonne question. Le public metal aime les belles choses et demeure très attentif à l'aspect visuel et esthétique. Il suffit de voir les pochettes de disques, les t-shirts, les logos et le look des groupes, comme le côté théâtral sur scène. Donc oui, je  pense que l'esthétique a toujours beaucoup compté dans le back metal, ce depuis les premiers corpsepaints de SARCOFAGO ou les scènes diaboliques mises en images par VENOM, HELLHAMMER ou BATHORY. Cela explique aussi pourquoi cette série de livres est dotée d'une esthétique forte, même si je pense que le fond – le texte – reste ce qui guide cette esthétique.

Y a-t-il encore d’autres livres prévus sur le black metal ? Ou as-tu des idées de prochains écrits à propos du metal ?
J'ai de la matière pour au moins cinq livres au total. Nous en sommes à trois. Reste à voir si ce Volume III connaîtra suffisamment de succès. J'ai des manuscrits qui abordent le DSBM (le black metal dépressif et suicidaire), le RABM et le Queer BM, mais aussi le volume II consacré à la scène française. Il faut aider les Flammes Noires en achetant leurs ouvrages pour s'assurer que l'on puisse continuer à proposer de beaux livres, qu'il s'agisse de mes créations ou des traductions d'Emilien. Donc oui, il y aura de mon côté d'autres livres sur le black et le metal en général, mais je tiens à dire aussi que je travaille sur un roman. Pour ce qui est de mes prochains essais sur le metal, reste à savoir quand, comment et où ? Nous verrons bien.

Pour terminer, quelques mots pour nos lecteurs, qui, cela ne fait aucun doute, seront ravis de lire ton prochain livre. Merci en tous cas.
Tout d'abord merci à toi, Aude, pour cette interview. Je suis particulièrement heureux d’apparaître sur HARD FORCE, ça me rappelle la grande époque où j'achetais cet excellent magazine en kiosques ! Je remercie toutes celles et ceux qui ont fait l'effort d'acheter mes livres, je sais que cela représente un réel coût à une époque où tous les frais explosent. Merci pour vos retours chaleureux et encourageants. Merci à Emilien, qui est un excellent éditeur, à Jeff Grimal pour sa contribution à ce livre, je considère cela comme une véritable collaboration. Lectrices et lecteurs de HARD FORCE, j'espère vous avoir donné envie de lire ce livre. Rassurez-vous si vous n'avez pas lu les deux premiers – qui sont pour le moment épuisés – ou aucun de mes trois livres aux éditions Camion Blanc, chaque volume que je publie a sa propre vie. Merci à toutes et tous et vive le metal !!!
 


© Editions des Flammes Noires

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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