Presque trois ans après avoir flashé sur le groupe qui débutait alors depuis peu, voilà enfin l’occasion rêvée, ce samedi 12 octobre 2024, de voir ASHEN en concert en tête d’affiche. Pour rafraichir la mémoire de ceux qui l’aurait courte (Heu… La mémoire, voyons ! Qu’alliez-vous imaginer ? ), retrouvez ici l’interview que nous avaient accordée en janvier 2022 Clem Richard, Niels Tozer et Antoine Zimer, respectivement chanteur et guitaristes du groupe Francilien de metalcore qui monte, qui monte. Et qui gravit les échelons avec un immense talent qui ne mérite qu’à exploser au grand jour. Si vous n’avez jamais écouté, chers lecteurs, faites-vous un plaisir : soyez curieux.

La fête a lieu dans la petite mais chaleureuse salle de La Boule Noire à Paris, qui a vu défiler en son sein pléthore de groupes de renom. Et la soirée affiche complet depuis des lustres, preuve, si besoin en était qu’ASHEN a su se tailler une réputation scénique à la hauteur de son énergie déployée, à force d’écumer les scènes de France et d’Europe (en ouverture notamment de WHILE SHE SLEEPS et de NOVELISTS, entre autres…).La route est étonnamment fluide en ce samedi pour atteindre la capitale, tant et si bien qu’on ne peut s’empêcher de se demander à quel moment ça va merder... Eh bien, pour une fois, ce ne sera pas le cas, mais il faut dire que nous n’avons pas été habitués à ça, et que c’est donc l’exception qui confirme la règle. Un peu en avance, on a le temps de s’installer dans les premiers rangs de la file d’attente, à l’abri de la fine pluie qui se mettra à tomber plus tard. Rien à voir toutefois avec les trombes d’eau des jours précédents, et c’est bien heureux pour les fans qui patientent avant l’ouverture des portes à 19h30.
La ponctualité est de mise et nous pouvons entrer dans la salle à l’heure dite. Au premier rang, évidemment, afin de ne rien louper du spectacle. Le décor de scène déjà en place présente des branchages aux feuilles blanches accrochés sur les côtés des enceintes et sur la batterie de Tristan Broggia. Cependant, avant qu’ASHEN n’investisse la scène, c’est au tout jeune quatuor NEANT que revient la tâche d’ouvrir la soirée. Démarrage en douceur avec une musique à tendance rock alternatif / ambient, ultra mélodieuse et guidée par la voix très claire du chanteur. La rythmique est solide et la guitare harmonieuse. On sent toutefois un certain manque d’assurance et quelques hésitations dues certainement à une expérience de la scène encore limitée. Mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Et c’est en essuyant les plâtres, et en se confrontant au public que l’on apprend à prendre possession de la scène, que l’on grandit et que l’on devient réellement musicien. Les bancs de l’école sont faits pour apprendre la technique nécessaire, et le live est fait pour assoir et affirmer sa personnalité et sa proposition musicale. Ainsi, s’il reste un long chemin à parcourir pour NEANT, on ne peut que les encourager à ne surtout pas baisser les bras. Et au vu de l’accueil très enthousiaste que lui réserve le public, le groupe a tout intérêt à poursuivre l’aventure.
C’est à 21 heures pétantes qu’ASHEN fait son entrée en scène sous les acclamations d’un public chauffé à blanc, déjà tout acquis à sa cause. Il faut dire que le quintet, et ce depuis ses débuts, offre une proposition musicale extrêmement solide, alliant les performances techniques, des compositions toutes plus jouissives les unes que les autres, bien construites et faisant mouche à chaque fois, ainsi qu’un visuel fort et marquant. Une vraie personnalité, en somme. (A ce titre, on ne peut qu’inviter les lecteurs à aller découvrir les superbes clips vidéos réalisés par le groupe, fervent adepte du Do It Yourself, toutes plus léchées les unes que les autres et porteuses d’un message fort). Une heure de show intense nous attend, avec comme mise en bouche, une intro sous forme de poème introspectif diffusée dans les enceintes. Puis les jeunes gens nous assènent un "Chimera" ultra puissant en pleine tronche, suivi de "Sapiens" et de "Hidden" non moins puissants. Inutile de forcer, le public connait déjà toutes les paroles par cœur et l’écran qui en diffuse quelques extraits sert surtout à appuyer le propos. Les guitares de Niels Tozer et Antoine Zimer sont aux avant-postes, tandis que la basse de Thibaud Poully et la batterie de Tristan Broggia se trouvent respectivement à jardin et à cour (à gauche et à droite vu du public, pour ceux qui se demandent pourquoi on parle botanique), en fond de scène, tandis que l’espace central est investi par l’ultra dynamique Clem Richard, vocaliste aussi talentueux que possédé par sa musique. C’est bien clair, il respire la passion par tous les pores de sa peau, donnant au public sans compter. Et se passe alors ce dont rêve tout musicien : un échange de sensations et d’émotions si intenses qu’elles nourrissent les deux parties pour en faire un partage à la sincérité absolue.

Mais Clem n’est pas le seul à ne pas tenir en place. Ses quatre compères se déchainent tellement sur leurs instruments que l’on se demande comment ces derniers réussissent à résister aux coups de boutoirs dont ils font l’objet. Et comment les cervicales des jeunes gens n’ont pas déjà rendu l’âme ! Mention spéciale à l’excellent Tristan Broggia (LA P’TITE FUMEE), batteur de génie à la technique irréprochable, au toucher gorgé de feeling et de groove, qui, non content de maltraiter sa batterie, assure également les chœurs growlés ! L’excellente mise en son est assurée par le copain Tom Gadonna, propriétaire du studio Axone, également batteur de STÖMB, au CV long comme le bras, qui délaisse cette fois les lights au profit d’Erwan Meritte, qui diffuse des ambiances propices à l’univers foisonnant du groupe. Belle surprise que nous fait le groupe en interprétant un tout nouveau morceau (encore une petite bombe !), "Crystal Tears", que Clem dédicace à son frère. Puis vient le moment le plus émouvant du concert avec Niels et Clem seuls en scène pour offrir une version acoustique sublime de leur tube, "Outlier". Instant de communion vibrante qui file de délectables frissons. Le vocaliste se livre ainsi à nu avec ce morceau très personnel. Le concert est articulé autour de plusieurs extraits de ce poème que l’on a pu entendre en intro. C’est une véritable histoire qui nous est contée ce soir, dont les chansons sont les chapitres. La reprise du "Smells Like Teen Spirit" de NIRVANA, dynamité à la sauce ASHEN, emporte l’adhésion dans une ambiance de folie furieuse. Mais les compos originales du groupe n’ont rien à envier à ce tube méga-planétaire. Que ce soit "Desire", "Sacrifice", avec la participation en studio d’Aaron Matts de TEN56, et dont le guitariste, Quentin Godet, est présent dans la salle (également guitariste chez KADINJA, et à ce propos, vous revenez quand, les gars ?), la superbe "Nowhere", ou l’entrainante "Angel", toutes sont des réussites éclatantes et des preuves du talent exceptionnel de ce groupe perfectionniste, technique et sensible. Bien plus que du metalcore basique, il y a une âme chez ASHEN.
Après une ovation brulante et hurlante on ne peut plus méritée, les musiciens reviennent sur scène pour l’interprétation, électrique cette fois, de l’incontournable "Outlier", la chanson qui a véritablement révélé le groupe au public. Et d’électricité, il est bien question ici, tant l’atmosphère est survoltée, sur scène et dans la salle, où les fans savent d’ores et déjà qu’ils viennent de vivre l’un de ces concerts que l’on n’est pas près d’oublier. De groupe prometteur, ASHEN vient de passer directement au niveau supérieur, celui d’un groupe sur lequel il va falloir compter dans les années à venir (Coucou le Hellfest, si tu nous entends, c’est le moment de leur donner leur chance !) Et maintenant, on attend avec encore plus d’impatience la sortie du premier album. Suivi, c’est le moins que l’on puisse leur souhaiter, de beaucoup d’autres.