26 octobre 2024, 18:49

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 85

Blogger : Crapulax
par Crapulax


« A la fin octobre, range ton kilt dans ta garde-robe ». Cet adage très connu des metalleux celtiques frileux, nous rappelle à tous la froideur humide d'un triste automne pluvieux mourant sous un soleil couchant étouffé par les nuages, une saison propice aux fans de doom dépressif pour sûr ! Alors avant que la neige arrive et par-là l'avènement des black metalleux qui vont enfin pouvoir parcourir torse nu les forêts enneigées la hallebarde à la main, voici quelques albums de choix pour apporter à tous et toutes un peu de chaleur ! Faites chauffer vos enceintes bluetooth !
 

CALCINED : « To Rot In A Honeybeam » (Great Dane Records)

Loin d'être une spécialité suisse à l'image du gruyère, des röstis ou du chocolat, le death metal de nos voisins présente quelques pépites qui méritent l'attention et CALCINED figure parmi celles-ci.
Plusieurs points forts de ce groupe de death metal sont à ce sujet notables : un vocaliste qui alterne growls et hurlements tourmentés apportant une réelle marque de fabrique au groupe ("Autolysis", "Discipline"), un guitariste aux compositions très alambiquées soutenu par un batteur surpuissant efficace qui amène le punch nécessaire à chaque titre, quitte à déporter ce dernier sur des territoires grindcore comme sur "Aschen Flowers". Ajouté à cela une production bien meilleure au niveau de la définition des instruments que sur « Discipline » (2018) ou « Tormenting Attraction » (2015), le deux précédents albums, et « To Rot In A Honeybeam » rend globalement un bien meilleur rendu.
Bref, un bon moment de death metal old school en perspective avec beaucoup d'intensité et de folie dans les titres ("I Pity The Strong", "Are You Scared?") faisant de CALCINED un groupe résolument à part. En tout cas hors des sentiers battus, c'est certain !
(Crapulax)


SENTIENT HORROR : « In Service Of The Dead » (Redefining Darkness Records)

Dans le même genre "rentre-dedans", avec une production plus léchée toutefois, les Américains originaires du New Jersey SENTIENT HORROR ne sont pas en reste.
Maîtrise technique totale, intensité poussée au maximum, richesse des soli : tout y est pour accoucher d'un album qui fera date dans l'histoire de la mandale sonore ("Mutilation Day") ou du prix du meilleur débouche-oreille 2024.
« In Service Of The Dead » aurait d'ailleurs dû s'appeler "In Service Of The Death Metal" tant l'ensemble apparaît très au-dessus de la moyenne générale : on parle bien d'un niveau de destruction sans précédent ("The Tombcrusher" ou le "Glory To The Rotten" proche d'un ENTOMBED en grande forme), d'une échelle de Richter atteignant dès la première note la magnitude 9 !
Il faut dire en toute franchise que c'était déjà la fête du slip dès « Ungodly Forms », leur premier album sorti en 2016, cet « In Service Of The Death Metal » ne faisant que confirmer ce qu'on savait depuis un moment déjà : SENTIENT HORROR fait bien partie de la crème du death metal actuel.
(Crapulax)


TERRAGON : « Chapitre IV: The Middle Earth - Part Two » (Acid Vicious Label)

Vingt ans après la sortie du «Chapitre I» et un détour par Baudelaire, le one-man band français mené par Manylaethurius, TERRAGON, nous propose ici le deuxième volet sur quatre prévus, de sa saga sur la Terre du Milieu de Tolkien. Si le « Chapitre III » précédent tournait autour du Seigneur des Anneaux, les 12 nouveaux titres nous plongent plus à l’origine du monde, avec une mise en musique du Silmarillion.
Au son d’un black metal atmosphérique, médiéval, fantastique et savamment réalisé, on se prend à revivre les scènes de l’œuvre telles qu’on a pu les imaginer, ou que l’on découvre sous un nouveau jour. Certains titres sont lourds, lugubres, dérangeants ou dissonants ("Lament For The Rohirrim"), d’autres passages sont cadencés et synthétiques, tendance dungeon synth ("Long List Of The Ents"), mais il y a aussi des moments plus heavy ("Song Of Eärendil"). Et surtout, les chants caverneux et les guitares atmosphériques donnent une réelle consistance à une musique qui ne se contente pas de nous faire vibrer : elle titille l’imaginaire et crée des images pour l’esprit, en noir et blanc, floues, mystérieuses, mais palpables.
TERRAGON fait vivre un monde largement exploité auparavant mais avec une réelle valeur ajoutée.
(Aude Paquot)


EPINE : « Infernvm Omnes II » (Autoproduction)

EPINE est un groupe de black metal symphonique français construit par le multi-instrumentaliste Noireame en 2010. Cependant, c’est seulement dix ans plus tard que sort son premier album, « Infernvm Omnes ».
Cette année, le deuxième du nom lui fait suite, avec une structure carrée, un son plus peaufiné, une écriture plus aboutie. Animés par non moins de trois chanteurs, les 6 titres présentés mélangent du black metal bien sombre, du death bien lourd et des ambiances très symphoniques. De quoi ravir les fans d’un style extrême mais mélodique.
Entre les growls et les voix black, les passages parlés, en français qui plus est, donnent une impression de réalisme à des titres aux atmosphères infernales. Les blasts rivalisent avec des mid-tempos plus lourds, les guitares se veulent tranchantes. Des morceaux très death comme "L’Un de Tant" sont suivis de riffs très blacks sur "Une Colonne enténébrée" par exemple où l'on retrouve des passages acoustiques et des guitares arpégées de toute beauté.
Mention spéciale à l’orchestral imposant "De l’Ignorance de la tondaison" à la fois brutal et mélodique, virevoltant et éthéré, au riff hyper fédérateur. Une belle réussite que ce « Infernvm Omnes II ».
(Aude Paquot)


HORNA : « Nyx (Hymnejä yölle) » (World Terror Commitee)

Formé en 1994 du côté de Tampere en Finlande, HORNA semble inarrêtable. Cumulant au fil des années 10 albums portant l’art noir à son firmament et un nombre incalculable de splits et d’EP, la formation fait partie de celles qui ont de la suite dans les idées.
De retour avec « Nyx (Hymnejä yölle) », HORNA n’a pas la moindre intention de faire évoluer sa recette maléfique qui n'a pas bougé d'un ongle incarné depuis sa conception : un black metal direct, sans compromis, qui prend sa source dans des temps reculés. Et ce onzième méfait ne prend pas de pincettes pour démarrer au quart de tour avec un "Hymn I" qui va faire craquer un bon paquet de nuques.
Un bombardement auditif sur lequel le quintet a encore élevé le niveau, menaçant les esgourdes d’un carnage en règle sur "Hymn II" et "Hymn III", deux vils brûlots destinés à nourrir ce feu meurtrier. Le groupe tranche net, avec minutie, pour imposer un rythme d’enfer à l’auditeur qui n’en demandait pas tant.
Quant à l’artwork, superbe, signé Dominika alias Dhomth (qui s’était déjà illustrée avec brio sur le dernier album d’AKIAVEL), il ajoute la petite touche mystique que l’on est en droit d’attendre des Finlandais. D’un classicisme redoutable, certes, mais tellement efficace... que l’on en redemande !
(Clément)


GRAVA : « The Great White Nothing » (Aesthetic Death)

Redoutable trio originaire pour partie du Danemark et des Iles Féroé, GRAVA n’en est ici pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà fait imploser les tympans les plus aventureux en 2022 avec son premier album, « Weight Of a God ». Conviant alors à la noce tout ce qui se faisait de plus féroce, sludge, doom et hardcore, le bestiau s’affichait sans détours comme une version plus sombre, monolithique d’un rejeton de CULT OF LUNA sous Valium.
Du lourd, du gras, du dissonant et peu de place pour le reste où le matraquage se dressait en maître pendant une toute petite demi-heure. De retour aujourd’hui avec ce nouvel album impitoyable, sur lequel le groupe nous gratifie de 3 minutes supplémentaires, GRAVA reprend sa recette gagnante avec brio : du noir, du gris, du goudron, du ciment, tout ce qui faisait la force du premier album est bel et bien toujours présent.
L'ambiance de fin du monde qui s'empare dès les premières secondes de "Erebus" confirme la tendance : les ténèbres sont toujours dans la place. Produit, comme son prédécesseur, par Troels Damgaard Holm et masterisé par Brad Boatright dans son enfer de l’Audiosiege, « The Great White Nothing » est un véritable mammouth, impitoyable, qui écrase tout sur son passage.
​L’expérience est pour finir éreintante… mais tellement jouissive qu’il est impossible de passer à côté de ce monument de lourdeur !
(Clément)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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