« Friend Of A Phantom » le quatrième album du quatuor dano-suédois VOLA vient de paraître ce 1er novembre sur le label Mascot Records. Occasion parfaite pour échanger avec Asger Mygind, le chanteur et guitariste du groupe d’une gentillesse infinie, autour de cet album et sa conception puis, d’évoquer les souvenirs de tournées et les projets à venir.
Avant de parler de l’album qui est sorti ce 1er novembre, soucions-nous de l’humain ! Comment vas-tu ?
Je t’avoue être un peu fatigué, je suis papa depuis un mois et demi ! Je ne dors pas beaucoup en ce moment ! (Rires)
Oh, félicitations à toi !! De beaux moments en perspective ! Et cette tournée qui s’annonce ? Vous êtes prêts ?
Oui, je crois, on se prépare tranquillement. On fait des répétions de production, pour régler les détails de sons, de lumières. Et de mon côté, j’ai besoin de répéter pour être sûr d’être carré pour la tournée, et de ne pas faire trop d’erreurs. (Rires)
Comme pour beaucoup, la COVID a été une période difficile. On pourrait penser que « Witness » en a été impacté. En a-t-il été de même pour l'écriture de « Friend Of A Phantom » ?
Je pense, oui. La tournée pour « Witness » a été entrecoupée, il y a plein de concerts qu’on n’a pas pu donner. C’est à ce moment que nous avons entamé l’écriture de « Friend Of A Phantom », en même temps que les concerts. Ça n’a pas été évident pour moi, parce que je préfère me concentrer sur une seule chose à la fois, c’est comme ça que mon cerveau fonctionne le mieux. Mais cette fois-ci, il a fallu que je sois comme entre deux mondes, celui de « Witness » et celui de « Friend Of A Phantom ». Je crois que, pour moi du moins, ça a rendu l’écriture des morceaux plus lente parce que c’était difficile de me concentrer sur mon objectif. Mais je suis heureux d’avoir passé plus de temps sur le nouvel album, je suis satisfait de ce que nous avons réalisé.
Parlons de ce nouvel album, et quel album ! Qu’est-ce qui vous a inspiré ? Est-ce que la précédente tournée vous a donné des idées, ou alors êtes-vous partis d’une page blanche pour « Friend Of A Phantom » ?
Ça a été difficile de savoir par où commencer. Même si « Witness » est notre troisième album, il a eu plus d’impact que les deux précédents. Au début de l’écriture, j’ai beaucoup cherché à m’éloigner de « Witness » en termes d’écriture et de son, et beaucoup de choses ont été abandonnées, même si ça sonnait bien, ça restait des expérimentations. Puis je me suis concentré sur l’écriture, et je me suis ouvert à toutes les émotions possibles, et c’est pour cette raison que cet album est ce qu’il est, un éventail de toutes les ambiances et ressentis possibles.
Quelle a été la méthode de composition pour cet album ? Est-ce que vous avez travaillé sur une ou plusieurs idées émises par chacun d'entre vous, ou alors les chansons étaient-elles proposées déjà écrits au reste du groupe ?
Ça a été un mélange des deux, en fait. On travaille beaucoup sur nos idées chacun de notre côté, on les partage sur un serveur, et on les travaille à nouveau chez nous pour enfin les finaliser ensemble quand on se réunit.
Ce n’est pas frustrant de ne pas composer ensemble enfermés dans un studio ?
Non, parce qu’on se voit régulièrement, même si c’est par écrans interposés. Je crois que cette méthode fonctionne bien pour nous. On essaie quand même de se voir ''en vrai'' pour jouer ensemble et saisir l’énergie de ce qu’on joue lorsqu’on est réunis. Mais on accorde aussi de l’importance à être au calme pour entendre vraiment ce qui sort des enceintes, pour prendre du recul sur ce que nous écrivons, dans la mesure où on essaie de faire des démos les plus élaborées possibles et ainsi avoir une idée précise de ce que donnera l’enregistrement en studio. Oui, vraiment, je pense que c’est la meilleure méthode, pour nous.
Le single ''Paper Wolf'' est sorti en juin 2023, un an et demi avant la sortie de l’album. Aviez-vous déjà d’autres titres écrits ?
On a pris notre temps. L’écriture et l’enregistrement se sont faits en deux fois. On avait programmé l’enregistrement de la batterie pour l’album, et on s’est rendu compte que nous n’aurions pas eu le temps de le faire pour toutes les chansons. Mais plutôt que d’annuler cet enregistrement, on a pris le parti de la faire en deux fois. Et finalement, c’était une bonne chose puisque ça nous a permis de sortir un single assez tôt, et de montrer aux fans qu’on était toujours vivant (rires) ! On a donc enregistré la batterie pour la moitié des morceaux de l’album et on a enregistré ''Paper Wolf'', et on est retourné plus tard en studio pour enregistrer les autres titres.
Sur ''Cannibal'', la chanson qui ouvre l’album, le chanteur d’IN FLAMES, Anders Fridén, vous a rejoint. Comment vous êtes-vous rencontrés et comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble sur ce morceau ?
C’est une histoire marrante. On s’est rencontrés à Los Angeles lors de notre tournée nord-américaine. Juste avant notre concert... je ne me souviens plus si c’était par mail ou sur Instagram, Anders et Björn (le guitariste d’IN FLAMES) nous ont contactés pour que l'on se voit. Et, EVIDEMMENT, on n’a pas pu refuser, on est fans de leur groupe. Et en discutant, ils nous ont confié être fans de VOLA, on n’y croyait pas ! Il y a eu donc comme une connexion entre nous. En rentrant chez nous après la tournée et en continuant l’écriture de « Friend Of A Phantom », on se demandait comment amener ''Cannibal'' à un niveau supérieur. J’avais enregistré des screams sur la démo qu’on avait faite, mais on était tous d’accord pour rendre ce morceau encore plus agressif avec un chant qui irait plus loin que ce dont je suis capable dans ce registre. On a commencé à chercher un nom, et celui d’Anders a été le premier à être prononcé. On l’a contacté et il était partant, c’était génial !
Quand j’ai entendu ce morceau pour la première fois, avec ce breakdown tellement intense… J’en suis resté bouche bée !…
C’est ce que j’aime dans cette musique, quand d’un coup arrive le moment qui transmet cette émotion si spéciale.
''Cannibal'' est, pour moi, mais ce n’est qu’un avis personnel, LE morceau de cet album, le plus lourd, en plus d’être une collaboration. J’ai été surpris de votre choix de mettre ce morceau en ouverture de l’album...
C’est totalement volontaire ! J’aime quand un album explose rapidement. Je ne suis pas un auditeur très patient… (Rires) Je n’aime pas trop quand l’album prend son temps pour t’amener au moment le plus intense, j’aime quand il y a de l’action ! Et on a pensé que c’était le cas avec ''Cannibal'', les autres membres du groupe ont tous été d’accord avec ça.
Mais VOLA ce n’est pas que le ''Wall of Sound''. Il y a beaucoup de poésie dans votre musique, comme par exemple, sur ''Glass Mannequin''. En l’écoutant, je me suis dit qu’on aurait très bien pu l’entendre dans la bande son d'un film. Est-ce qu'il y a un lien entre le cinéma ou la littérature et votre musique ? Est-ce que participer à une bande originale pourrait être une envie pour VOLA ?
J’adorerais ! Ce serait un super défi ! Il y a un aspect cinématographique dans notre musique. On mise beaucoup sur l’ambiance, l’atmosphère dans nos morceaux. On aime tous PORCUPINE TREE et Steven Wilson, et ils sont très doués pour ça ; ils exercent sans doute une influence dans ce que l’on fait avec VOLA.
Si jamais je croise Steven Spielberg, je lui parlerai de VOLA...
On fera de la concurrence à John Williams ! (Rires)
Fait étonnant, vous avez choisi d’anticiper la sortie de l’album en en publiant quasiment la moitié depuis juin 2023... Est-ce que c’est dans le but de rester en contact avec vos fans ou bien est-ce simplement l’envie de sortir un morceau parce que c'était le moment pour cela ?
Il y a un peu de ça, comme je le disais précédemment, vouloir dire « On est toujours là ! ». On l’avait fait aussi avec « Witness », il y a quelque chose de chouette à être sous l’excitation, la pression de l’album en approche. On voulait réitérer cette expérience avec « Friend Of A Phantom ». C’est un super sentiment d’avoir toutes les cartes dans tes mains pour créer le suspense, de créer la surprise auprès des fans, les laisser découvrir petit à petit un album. Et une fois sorti, cette excitation disparaît. Bien sûr, à un moment donné, ça doit s’arrêter, tu ne peux pas te reposer sur un album trop longtemps, sinon ton public t’oublie et écoute autre chose. Il s’agit de trouver le bon équilibre, donner envie sans épuiser la patience de ton public.
Vous avez été en tournée pour la promotion de « Witness » ces dernières années, quel en a été le moment le plus marquant ?
Oui, il y en a un qui me revient en mémoire régulièrement, c’est lorsqu’on a joué au Royal Albert Hall à Londres avec Devin Townsend (rires). Ce mec est génial, une expérience à lui tout seul, et le Royal Albert Hall a été la cerise sur le gâteau, ça a rendu l’événement encore plus particulier. C’est clairement un des moments les plus mémorables de cette tournée.
Vous avez annoncé récemment une nouvelle tournée, nord-américaine cette fois. Mais vous ne vous reposez jamais ?? Tu vas en avoir besoin, maintenant que tu es papa !! Avez-vous prévu de faire une pause entre les deux tournées ?
(Rires) Oui ! On boucle la tournée en novembre, et on espère pouvoir souffler un peu en décembre et passer de belles fêtes de fin d’année. Et en janvier, on quitte donc l’Europe pour l’Amérique du Nord avec les festivals d’été dans le viseur.
Pour conclure, as-tu déjà des idées pour de nouveaux titres d'un futur album ?
Oh non, je n’ai rien écrit pour le moment, j’ai encore trop la tête dans l’univers de « Friend Of A Phantom ». On va se concentrer sur la tournée avec l’objectif de faire le plus de concerts possibles.
« Friend Of A Phantom » de VOLA est désormais disponible chez Mascott Records depuis ce 1er novembre 2024. Le groupe est actuellement en tournée avec un passage à Paris le 21 novembre, Petit Bain avec Charlotte Wessels en ouverture de soirée.