20 novembre 2024, 19:40

BODY COUNT

"Merciless"

Album : Merciless

Voilà 10 ans que BODY COUNT est revenu aux affaires avec « Manslaughter ». Après 3 albums bien furieux, on remet le couvert pour une nouvelle virée dans les quartiers chauds de L.A. Une introduction en forme d’''Interrogation'' musicalerte, histoire de poser l’atmosphère lourde de la jungle urbaine, que l’on comprenne que ce qui va suivre sera sans merci. La pochette bien dégueu le laisse également augurer. "Merciless" donc, avec le groove heavy metal typique du groupe. Ice-T harangue, sa voix âpre nous ramenant 30 ans en arrière, puis le morceau démarre réellement avec ses riffs de saigneur. BODY COUNT est dans la place.

Comme à l’accoutumée, il y a des invités 5 étoiles. George "Corpsegrinder" Fisher de CANNIBAL CORPSE, tout d’abord, vient pour apporter son death d’outre-tombe en écho au slam d'Ice-T pour un "Purge" à l’américaine. La rythmique se déchaîne, des sirènes hurlent en contrepoint des guitares qui rugissent. Un coup de poing dans les gencives. Puis c’est Joe Bad de FIT FOR AN AUTOPSY qui pose son growl agressif sur "Psychopath". Thrash de viandard, pour l’instant nous sommes dans la suite directe de l’album précédent, « Carnivore ». Dans un style similaire, plus loin, nous aurons un "Lying MF" sans concession, vibrant au son de guitares violentes. "Fuck What You Heard" revient à un rapcore plus ancien, permettant d’apprécier une basse slappée et une batterie qui claque comme un coup de tatane pointure 45. Un style metal aéré façon SUICIDAL TENDENCIES qui passe crème.

Quand surgit "Live Forever", on se rend compte qu’on s’éloigne des œuvres précédentes. Ce n’est ni plus ni moins qu’Howard Jones (LIGHT THE TORCH, ex-KILLSWITCH ENGAGE) et sa voix angéliquement diabolique qui est l’invité de cette audacieuse composition où le thrashcore surfe sur un refrain aux senteurs gothiques. On savait BODY COUNT fan du doom de BLACK SABBATH, ce coup-ci, c’est dans celui de PARADISE LOST que l’on s’aventure. Incroyable alchimie aux riffs tantôt lourds, tantôt cristallins, où Howard fait des merveilles. Comme d’habitude me direz-vous. "Do Or Die", plus classique, fracasse ses baguettes en mode rafale de pistolet Uzi, Ice-T redevient hargneux, les guitares hennissent, du pur heavy metal.

Puis c’est le moment de l’audace. La reprise à l’honneur comme pour chaque album. Cette fois ci ce sera... "Comfortably Numb". Vous avez bien lu, BODY COUNT prend des risques lointains. Les puristes pourraient partir en croisade, oser toucher à PINK FLOYD ! Après plusieurs écoutes, les larmes aux yeux, je m’érige en ardent défenseur de cette cover à la sauce heavy metal. Il faut dire que non seulement c’est réussi, avec ce tempo mémorable remis au goût des angoisses des années 2000, cette voix respectueuse, mais également David Gilmour en personne vient appuyer les envolées stratocastériques avec ses doigts magiques. Wouah, dieu que c’est beau !

La présence de Max Cavalera parmi les invités, pour un "Drug Lords" thrash et tribalesque ? Cela n'étonnera personne, évidemment, touche motherfucker from Brazil. Beaucoup plus convenu, "World War" offre une occasion à Ice-T de délivrer un pamphlet antiguerre des plus groove et metal, du BODY COUNT pur jus empli de colère justifiée. L'album se termine avec "Mic Contract", toutes guitares dérangeantes dehors et frappe mitrailleuse, au service du slam de Monsieur Ice-T.

Il est très bon ce « Merciless ». Il y a du classique et du brutal, de l’osé et du posé, et toujours cette sainte trinité des influences : BLACK SABBATH, SUICIDAL TENDENCIES et SLAYER. BODY COUNT porte son feu du metal divin tel un Prométhée moderne !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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1 commentaire

User
Karl Libus
le 21 nov. 2024 à 19:22
J’ai hâte, vivement que je puisse l’écouter! ?? Avec cette chronique pour sûr que je veux l’entendre cet opus!
Merci de vous identifier pour commenter