
THE OLD DEAD TREE, groupe français largement plébiscité dans les années 2000, a vécu une carrière un peu tumultueuse. Si leur dernier album date de 2007, leur EP « The End » sorti en 2019 augurait plutôt une fin qu’un renouveau. Pourtant, le désormais quintet revient en cette fin d’année avec 13 nouveaux titres plus que convaincants sur l’album « Second Thoughts » qui saura ravir un large public de fans et de néophytes. Gilles Moinet et Nicolas Chevrollier nous parle de THE OLD DEAD TREE, passé, présent et surtout futur. Car le futur sera vraisemblablement intense pour le groupe.
Nous sommes ravie de pouvoir échanger avec vous car la dernière fois que nous avons eu une interview avec THE OLD DEAD TREE, c’était avec le chanteur Manuel Munoz en 2019, pour la promotion de l'EP « The End ». De l’eau a coulé sous les ponts depuis ! Vous devez être contents de revenir sur le devant de la scène...
Nico : On est plus que content ! Je vois que Gilles fait un grand sourire donc a priori on est d’accord !
En 2019 « The End » ne marquait donc pas la fin de votre carrière. C’était prévu que ce ne soit pas le cas ? Est-ce que déjà à l’époque vous vous disiez que vous alliez quand même continuer ou aviez-vous vraiment prévu d’arrêter le groupe ?
Gilles : Non, en 2019 pour nous c’était la fin. Il y avait l’EP comme clôture, avec les titres qui nous restaient. Et puis il n’y avait même pas d’histoire de concert lié à cet EP au début. Mais ça s’est fait naturellement ensuite. On voulait faire un beau concert à l’époque de la séparation en 2009, mais ça n’a pu se faire pour plein de raisons. Finalement, il y a eu d’autres choses entre temps comme la tournée de 2013 pour les 10 ans du premier album, il y a eu l'EP et puis enfin l’idée de faire un concert mais c’était tout.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de revenir donc ?
Gilles : Eh bien c’est quand je vois la tête de Nico !
Nico : Gilles n’a pas été le plus dur à convaincre ! Comme il l’a dit, il devait y avoir une tournée à la base pour la sortie de « The End » et finalement, la COVID est arrivée donc on a tous été bloqués chez nous. On a beaucoup réfléchi et on a décidé de ne maintenir qu’une seule date à Paris. C’est cette perspective qui a maintenu la flamme et a fait que chacun dans son coin a pensé à remettre le couvert. Je ne sais pas depuis quand l’envie était là mais je pense qu’elle était présente chez un peu tout le monde. Le sujet n’avait pas vraiment été abordé mais le jour où on s’est concertés, on s’est dit que pourquoi pas. Consciemment ou inconsciemment, je crois que personne n’avait envie de tirer le rideau final en fait. THE OLD DEAD TREE est vraiment un groupe d’amis. Une très forte amitié nous lie, ce n’est pas seulement la musique, c’est aussi une vraie aventure humaine.

Est-ce que le fait que l'EP ait été accueilli de façon assez chaleureuse et unanime vous a aidé à vous projeter vers l’avenir ?
Gilles : Oui, bien sûr. Il est toujours rassurant de sortir des morceaux et voir que les gens accrochent et que nous-mêmes on en est satisfaits, même s’ils étaient déjà anciens. Mais ce qui a été déterminant, c’est le fait que nous ayons vraiment envie de jouer ensemble en tant que musiciens et amis. Quand on s’est retrouvé pour travailler sérieusement sur des choses, on a vraiment passé un bon moment. Les morceaux tournaient très bien, pas de difficultés, on connaissait nos travers humains respectifs et chacun a pu discuter de ce qui pouvait lui poser problème dans la relance d’un groupe comme THE OLD DEAD TREE car c’est quand même un groupe semi-professionnel, donc c’est un investissement de tous les instants. Tous les jours on fait des choses pour THE OLD DEAD TREE. Ça demande des sacrifices, beaucoup de temps à dégager. On a donc d’abord discuté de ce qui pouvait nous freiner dans l’aventure pour pouvoir trouver des solutions et que chacun ait bien en tête ce que ça impliquait. C’est pour ça qu’on a commencé par se dire qu’on allait travailler sur un seul morceau, de le défendre, de le développer, de le travailler, de faire un clip et voir comment ça se passait avant de se jeter dans le grand bain d’un album complet, plus compliqué à tous les niveaux. Cela a permis de débloquer la suite.
Vous êtes très prévoyants !
Gilles : Oui et cela a permis aussi de résoudre les problèmes logistiques car autant il y a 10-15 ans on habitait tous au même endroit, autant aujourd’hui on est complètement disséminés aux quatre coins de la France. C’était un obstacle et on a trouvé des moyens de contourner ça, donc c’est cool.

Parlons un peu de « Second Thoughts », le nouvel album. Est-ce que c’est pour vous un nouveau départ ou finalement une suite logique à la carrière du groupe ?
Nico : Très honnêtement, je pense que c’est un peu les deux : c’est la suite logique dans le sens où musicalement, c’est THE OLD DEAD TREE. On n’a pas sorti d’album depuis 2007 avec « Water Fields » donc nos influences, nos goûts ont quand même évolué depuis tout ce temps. Mais dès que l’on s’est remis à écrire de la musique, on a tout de suite vu que c’était du THE OLD DEAD TREE, pas autre chose. Malgré tout, ce que l’on compose a un peu changé. Nous, on pense que notre musique a beaucoup gagné en maturité car pendant toutes ces années, on n’a pas arrêté d’écouter de la musique ni de gratouiller sur nos instruments. Donc c’est à la fois une poursuite de ce que l’on faisait avant et un nouveau départ dans le sens où effectivement c’est le premier album du groupe depuis 2007. Donc là on se relance un peu dans le grand bain, on amène des nouvelles choses, de nouveaux éléments. D’ailleurs, le groupe a aussi évolué puisque maintenant on est 5 alors qu’on n’était que 4 avant. On a intégré Nicolas Cornolo qui est l'ancien guitariste du groupe DUSTBOWL. A partir du moment où Manu a voulu lâcher le poste de guitariste, on a tout de suite pensé à quelqu’un qu’on connaissait, d’assez proche, en qui on avait toute confiance et ça a été Nicolas. Il y a eu donc pas mal de choses qui ont changé malgré tout donc c’est un nouveau départ aussi pour nous.
Tu parlais de maturité dans votre musique et je trouve que vos nouvelles compositions sont peut-être moins dans l’urgence, plus posées, plus dans l’introspection, dans la réflexion. Est-ce que c’est ça que tu appelles la maturité ?
Nico : Oui, je suis d’accord avec toi, je n’aime pas trop non plus ce terme de maturité car il est utilisé un peu dans tous les sens. Je dirais que notre musique est en tous cas plus aboutie. On a vraiment beaucoup travaillé pour cet album. Il y a eu énormément de travail en amont sur la composition. On a accès maintenant à beaucoup plus d’outils qu’on avait auparavant. Avec la Musique Assistée par Ordinateur, on fait énormément de choses qu’on ne pouvait faire il y a 15 ans où on aurait rêvé de mettre des cordes, du piano, des instruments à vents, mais on ne pouvait pas alors que maintenant, on peut et on en a mis ! On ne l'a pas fait en se disant qu’il fallait en mettre à tout pris mais parce que ça convenait à ce moment-là pour notre musique.
Et ça donne un côté atmosphérique qui est très joli...
Nico : Oui, on a essayé de développer différentes ambiances car mine de rien l’album est assez dense, il y a beaucoup d’univers différents pour former un tout que je trouve cohérent.

Comment avez-vous composé « Second Thoughts » alors ? Car tu disais Gilles que vous étiez chacun à des endroits différents. Est-ce que vous vous être réunis ? Avez-vous travaillé à distance, chacun de votre côté ?
Nico : A la base, tous les titres de THE OLD DEAD TREE sont composés par Manu et moi. On a donc fait de la même manière. Pour "Terrified", on s’est remis à composer ensemble depuis fort longtemps. Cela s’est passé en tête à tête mais aussi à distance même si Manu est venu me voir quelque fois chez moi. On a donc construit ensuite l’album comme ça. Il y avait des moments où on était ensemble et c’était super et on a vu qu’on pouvait aussi travailler à distance et ça prenait forme petit à petit grâce aux différents échanges et ajouts.
C’est plus facile de composer de la musique ainsi, logistiquement parlant ? J’imagine que cela vous permet de travailler sur les compositions à n'importe quel moment de la journée... ou de la nuit !
Nico : Oui, de mon côté, c’est clairement plus facile de composer comme ça aujourd’hui que ça ne l’était auparavant. A l’époque de « The Nameless Disease », on s’installait avec Manu dans le salon, on mettait un magnétophone à nos pieds et on composait nos morceaux comme ça ! C’était vraiment artisanal ! Alors que maintenant on peut obtenir des résultats, rien que pour les maquettes, qui sont hyper satisfaisants et complets. C’est absolument génial. J’ajouterais qu’on est un duo de compositeurs historique mais Nicolas Cordolo a participé à la composition : il a co-écrit 3 chansons de l’album. Et dans tous les cas, tout le groupe a participé aux arrangements.
Gilles : C’est vrai que dans le passé, le groupe était obligé de répéter. Les idées étaient composées, j’ai composé aussi avec Manuel aussi, mais on n’avait pas un rendu immédiat de ce qu’on écrivait. On voyait à peu près ce que ça allait donner mais on avait besoin de le tester tous ensemble pour se rendre compte si, avec tous les instruments, avec le son... ça rendait comme on voulait. Aujourd’hui, avec tous les outils qu’on a, on n’a plus besoin de répéter, on peut créer des morceaux avec un son de batterie génial synthétiquement, des guitares qui sonnent super puissantes... C’est vraiment très confortable car on a un rendu quasi immédiat de ce que l’on a en tête. Pour finaliser les arrangements, on est obligé de se regrouper pour partager nos idées. C’est quand même plus productif.
Ce qui est intéressant aussi sur cet album, c’est qu’il y a des chansons très énergiques, très pêchues, très mélodiques et entêtantes comme "Unpredictable" par exemple, mais aussi des morceaux beaucoup plus lourds comme "The Lightest Straw" qui est un peu plus metal on va dire. Est-ce que ça représente des états d’esprit différents lors de la composition, des façons différentes de voir la musique et le monde autour de vous ?
Nico : Ecoute, c’est vraiment un regroupement de tout ce que l’on aime en fait. On a des influences très variées, cela a toujours été le cas. On aime aussi bien le rock que la pop. Moi je suis un éternel grand fan des BEATLES avec lesquels j’ai grandi. J’ai d’ailleurs réussi à faire en sorte que Manu devienne fan et je n’en suis pas peu fier ! Et à côté de ça, j’écoute SLAYER. J’aime aussi bien les riffs puissants de SLAYER ou de MASTODON que des mélodies pop-rock, j’adore PINK FLOYD... Donc on essaye d’alterner des moments calmes et des passages plus rapides mais surtout on essaye que ça colle bien ensemble. Parce que sur le papier, de prime abord, c’est pas forcément gagné, donc c’est beaucoup de travail pour cimenter tout ça et faire en sorte que ça reste cohérent.
L’alchimie semble être toujours la même entre vous depuis 2007. Qu’est-ce qui est immuable chez THE OLD DEAD TREE, et qu’est-ce qui évolue ? Qu’est-ce qui a changé avec cet album ?
Nico : Fondamentalement, pas grand-chose en fait. Dès que Manu est venu chez moi pour enregistrer le single "Terrified", on s’est remis à bosser comme avant, très vite, comme si on n’avait jamais vraiment arrêté. On avait les mêmes repères, on est assez complémentaires et on se comprend, tout de suite, très rapidement. Il n’a donc pas fallu des semaines de tâtonnements, tout est revenu très naturellement.
Et à votre avis, le public qui a ou va découvrir « Second Thoughts » sera plutôt composé d'anciens fans qui vont vous "re-découvrir" ou de nouveaux fans curieux ? A quoi vous attendez-vous ?
Gilles : On a fait deux concerts dernièrement où on a joué les trois nouveaux singles plus "Story Of My Life" extrait de l’album aussi. On était ravis car il y avait des personnes qui ne nous connaissaient pas et qui se sont demandé comment elles étaient passées à côté de notre musique alors qu’on avait sorti un premier album en 2003. Que les fans des anciens albums soient présents, c’est ce qu’il faut et on espère qu’ils seront là et que ça va leur plaire mais c’est toujours très gratifiant de voir qu’on peu fédérer de nouveaux fans. Pour cet album-là, c’est difficile à dire car THE OLD DEAD TREE est quand même ancré dans le paysage metal français des années 2000 même si la musique reste très actuelle. On est donc curieux de voir la réaction des gens, des fans depuis longtemps mais aussi des néophytes. On a sorti trois titres aux influences très différentes et on a eu des réactions très différentes de la part de nos fans. il y en a qui nous ont dit que c’était bien mais que ça manquait un peu d’agressivité, d’autres qui ont été très surpris par "Solastalgia" et qui nous ont dit que c’était différent mais vraiment bien, d’autres encore étaient très contents qu’on sorte un morceau avec des growls. Je suis arrivé dans le groupe en 2006, quand Nicolas (Chevrollier) est parti, et merci Nico d’être parti ! (rires) Et merci d’être revenu ! J’avais découvert THE OLD DEAD TREE avec le premier album que je trouvais absolument génial. Pour moi, « The Perpetual Motion » était le meilleur album jusqu’à ce que soit écrit ce nouvel album. Si je me sors du groupe et que je me place juste en tant qu'auditeur, je trouve que « Second Thoughts » est le meilleur album de THE OLD DEAD TREE. Tous les titres sont super travaillés donc espérons que les fans anciens et nouveaux vont l’apprécier.
Nico : On a vraiment hâte de voir les réactions des gens. Nous, ça fait des années qu’on attend ce moment, la sortie d’un nouvel album, et on espère que les fans attendent ça aussi. On est très confiants car on a une vraie singularité sur chacun des titres, il n’y a pas de morceau en-dessous des autres. On porte une attention particulière à chaque seconde de musique qu’on produit.

Et puis il y a quand même 13 chansons sur l’album donc beaucoup de matière qui peut plaire au plus grand nombre. J’imagine d’ailleurs que vous avez encore du matériel à disposition qui attend derrière...
Nico : Oui, il y a bien d’autres titres qui ont été composés pour l’album, qui sont supers, mais on avait trop de morceaux, il a fallu faire des choix. Ce fut compliqué mais ces titres là sortiront plus tard. C’est la première fois qu’un album de THE OLD DEAD TREE a autant de titres puisque les autres avaient 11 à 12 chansons.
Et toujours fidèles à Season Of Mist depuis tout ce temps ?
Gilles : Tout à fait, toujours fidèles depuis 2002. On les a retrouvés en fait au Hellfest en 2023 quand on a porté notre nouveau single "Terrified". Toute l’équipe de Season Of Mist était contente de nous revoir, ça s’est super bien passé. C’est un partenaire de confiance : ils nous connaissent, ils ont sorti nos trois premiers albums, ils savent qui on est, ils nous adorent. On est très content de travailler avec eux.
Nico : Oui, c’est un acteur important dans la vie du groupe.
Juste une dernière question à propos du dernier titre "The Worst Is Yet To Come". C’est votre côté optimiste qui parle ?
Nico : C’est un pavé ce morceau ! C’est un de mes titres préférés, il est un peu spécial car on a deux invités sur celui-ci, le chanteur de REGARDE LES HOMMES TOMBER, T.C, et Ludo Loez, le chanteur de SUP. On les a invités et ils ont gentiment accepté de participer au chant sur le morceau. C’est une chanson un peu spéciale effectivement. Au départ, on n’avait pas l’idée de faire appel à des guests car ce n’était jamais arrivé auparavant. Mais avec le temps et nos activités respectives, on a rencontré d’autres musiciens et il se trouve que ce sont des groupes qu’on aime beaucoup. SUP est mythique et REGARDE LES HOMMES TOMBER a prouvé en moins de 10 ans ce qu’il est capable de faire et il a un très bel avenir. Je les trouve impressionnants.
Gilles : On a eu l’idée de faire chanter les deux en plus de Manu sur "The Worst Is Yet To Come" pour créer un rassemblement de trois groupes de trois générations différentes, 1990 pour SUP, 2000 pour THE OLD DEAD TREE, 2010 pour REGARDE LES HOMMES TOMBER. On a trouvé l’idée cool. Le titre a un côté vraiment brutal de part le chant de T.C. et Ludo apporte le côté plus planant. Le morceau se termine par un passage très calme et progressif. On le jouera sur scène ce morceau.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’année à venir, car il est bientôt temps de présenter nos vœux ?
Nico : Eh bien, le meilleur, un super accueil pour le nouvel album et plein de dates de concerts à venir. THE OLD DEAD TREE avait quand même une place dans la scène française, eh bien on aimerait prouver qu’on est toujours là !
