J’aime bien qu’on dépose dans ma boîte aux lettres des OMNI, objets musicaux non identifiés. Fin novembre j’ouvre une enveloppe qui contient le dernier album de THY CATAFALQUE. Un nouveau groupe ? Non, certainement pas ! L’expéditeur, un ami de longue date me réprimande de n’avoir jamais parlé de ce one-man-band hongrois, l’œuvre de Tamás Kátai. 25 ans de carrière au compteur et la moitié en disques, voici « XII: A gyönyörű álmok ezután jönnek ». A nos souhaits aurais-je tendance à dire...
''Piros kocsi, fekete éj'' démarre sur une rythmique basse, batterie et une guitare obsédante, comme une blague post-punk, toutefois la présence un peu plus loin de ce riff plus lourd, ainsi que d’un orgue Hammond, nous décontenancent. On me glisse à l’oreille « c’est de l’expérimental, c’est du progressif… », peu importe, c’est foutrement intéressant avec cette voix féminine sur le refrain folk entêtant. ''Mindenevő'', le morceau suivant, est grandiloquent, une furie black atmosphérique dont le clip malsain illustre un côté que ne renierait pas FLESHGOD APOCALYPSE, au propre comme au figuré.
''Vasgyár'' me fait saisir pourquoi on m’a conseillé THY CATAFALQUE. Explosions de blasts dans une rythmique frénétique, riffs agressifs, growl guttural, c’est de black metal dont il s’agit, un hit d’excellence, notre Moz’hard hongrois s’y connaît en goulthrash, un plaisir d’essence ! ''Világnak világa'' dans la même veine fait hurler sa joie sauvage et noire dans un metal nordique primal, qui s’étire en des hurlements de loups dans une brume électrique et folle. Voilà qui est classieux.
Les morceaux se suivent sans ennui. ''Nyárfa, nyírfa'' renoue avec le côté dépouillé post-punk, mixé avec un bon folk metal psychédélique, qui enterre largement les slogans de Peyton Parrish. ''Lydiához'' lorgne vers l’influence orientale qu’ont pu exercer les invasions ottomanes sur la patrie des magyars, livrant à nos oreilles de douces cithares louchant sur des complaintes nostalgiques, du camel-metal. J’interdis à quiconque de me sortir un « salade de tomates metal », attention. Il y a ensuite ce ''Vakond'' tout en légèreté folk électro, déstabilisant... et plaisant. Tout comme ce ''Ködkirály'' qui n’aurait pas dépareillé chez SUMMONING. Beau, intriguant et pénétrant. Black atmosphérique.
''Aláhullás'' est impérial de black atmosphérique, juste quelques soupçons d'electro qui n’éclipsent en rien la portée exceptionnelle de l’œuvre qui coule dans nos oreilles. ''A gyönyörű álmok ezután jönnek'' compile les influences présentes dans les morceaux précédents, créant un post-black metal hypnotique du plus bel effet, l’originalité au service de la force du propos. Fort à propos ''Babylon'' amène la conclusion adéquate, progressive, symphonique, audacieuse, et metal extrême avant tout.
J’ai adoré cet album au nom et au son qui défie les frontières des genres, cela, vous l’avez pigé, ne cherchant pas à comprendre où ranger ce monolithe metal, où tant de styles sont approchés, utilisés ou dévoyés pour conserver agressivité et vitalité, j’ai pris un pied de dingue. A votre tour de vous offrir ce THY CATAFALQUE hors normes !