Il y a deux ans je découvrais, avec beaucoup de retard donc, l’incroyable richesse musicale de SUBWAY TO SALLY. Derrière un nom de groupe metalcore se cache en réalité un incroyable groupe de folk/gothic metal, qui précédemment a su nous emmener au Paradis pour son 30e anniversaire. Nouvel album, cette fois au titre et à la pochette inquiétante, « Post Mortem » arrive tout frais (comme un cadavre donc) sur nos platines. Ecoutons cela pendant la nuit de l’enfant roi...
"Introitus" pose les bases. Sons épiques de peaux frappées qui résonnent dans une brume millénaire, précédant des voix d’enfants innocents et des flûtes légères, SUBWAY TO SALLY nous entraîne une nouvelle fois en terres païennes. La vision post-mortem du groupe semble passer par une résurrection, "Phönix" prenant un envol bien sauvage, rythme fou, violents violons et riffs lourds pour une voix teutonement optimiste. Ça commence très bien. Installés dans cette ambiance de taverne, festive et hors du temps, "Post Mortem" lâche sa puissance pleine de prestance, alliant une fois encore guitares heavy et instruments à cordes, pour une réelle ascension encordée. On se régale au travers des différents tableaux que nous offre l’album, des gigues metal où la voix gothique d’Eric Fish tonne à merveille, dans des registres intimistes autant que lyriques, des moments de partage à l’image de l’époque de fin d’année où nous nous trouvions.
L’album est également l’occasion de réhabiliter certaines victimes de l’histoire. Ainsi "Nero" donne la parole à l’empereur mégalo afin que l’on entende sa version des faits encore brûlants de son règne. Un chant puissant portée par un heavy metal rampant et symphonique appui ses propos, illustrant un monde de contradiction qui fait écho à notre monde d’aujourd’hui, où d’autres tyrans reproduisent les mêmes œuvres de destruction sous de fallacieux prétextes. Plus positif, "Unter dem Banner" surprend, car derrière sa structure de ballade germano romantique on a droit dans les refrains à de beaux martèlements sauvages, et c’est tant mieux. "Herz in der Rinde" quant à lui en est une réelle de ballade, païenne jusqu’au bout de ses cordes médiévales caressées avec une agréable sensualité. Ou, quand SUBWAY TO SALLY se change en authentique ménestrel.
Avec "Lumpensammler" nous voilà à nouveau à la fête. Jovialité dans le gras son des guitares, voix rauque, et toujours cette violonisation bienvenue. SUBWAY TO SALLY sait y faire pour nous entraîner jusqu’au bout de la nuit, c’est bras dessus bras dessous que nous oscillons au gré de leur musique folk metal, sur un "Stahl auf Stahl" énergique en diable, avec l’apport du power metal de WARKINGS, ou à travers "Atlas" au refrain mélodique entêtant. Il n’y a pas à dire, après 15 albums les compositions de nos allemands sont toujours pleines d’une folle magie, ainsi porteuses de déclinaisons variées, tel ce "Kummerkind" au groove industriel au service d’un folk mélancolique.
Un album au classicisme qui ne dérangera pas, tant les titres contiennent une jouissance musicale communicative, "Eisheilige Nacht" nous porte tranquillement sur ses amples ailes symphoniques, "Die Erde bebt" nous enrobe avec son acoustique beauté. Un voyage des plus plaisants. Et au final, moins glauque que la jaquette ne le laissait penser.
SUBWAY TO SALLY n’a toujours pas cédé aux influences modernes et c’est un bel album sauvage, païen et metal que nous avons là.