21 janvier 2025, 19:23

NOIRSUAIRE

Interview N.

NOIRSUAIRE est un tout nouveau projet de true black metal français qui n’a pas manqué de nous interpeler. Par son côté brut, froid, son contenu sombre et son visuel old-school, tout est là pour titiller notre curiosité. N., fondateur et principal acteur de ce duo prometteur, a bien voulu répondre à nos questions afin d’en dévoiler quelques mystères.
 

A propos de ce nouveau duo qu’est NOIRSUAIRE, il semble que tu sois aux commandes depuis 2022. Peux-tu nous parler de sa genèse ?
J'ai, comme beaucoup de gens, participé à des projets musicaux sans aller au-delà d'un local de répétition. Je n'y trouvais pas la moindre satisfaction et j'ai fini par ne plus avoir envie de jouer. J'ai relégué tout lien avec la musique dans un coin de ma vie jusqu'au jour où, par pure curiosité, je me suis intéressé au home recording et me suis rendu compte de ses possibilités qui étaient à portée de main. J'ai commencé à enregistrer des idées sans penser à les concrétiser, puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé avec deux titres maquettés grossièrement. En discutant de ceci totalement par hasard avec Agravh à l'époque où il jouait encore dans ACOD, il a voulu écouter après que je lui ai parlé des influences des titres – soit les vieux GORGOROTH, SARGEIST, ENTHRONED, etc... et il s'est proposé de s'occuper de la batterie car ça lui a plu et la boîte à rythmes ne se prêtait pas du tout à ce projet. Il a fait un essai et m'a envoyé l'enregistrement qui m'a très agréablement surpris. J'ai donc retravaillé derrière et les deux titres ont été postés sur Bandcamp. Le lendemain, quelqu'un les avait postés sur YouTube et un label allemand, Nachzehrer Records, a voulu sortir ces deux titres en cassette. NOIRSUAIRE était enfin concrètement né.

NOIRSUAIRE fait dans le true black, incisif, authentique, on pourrait dire old-school mais tout de même très typé. Qu’est-ce qui t’inspire lors de la composition des morceaux ? Est-ce que l’environnement montagneux et parfois hostile dans lequel tu vis peut être une source d’inspiration comparable aux montagnes norvégiennes qui nous envoient le même genre de musique sombre et froide ?
La musique de NOIRSUAIRE se résume très simplement : c'est la seule que je sais jouer. J'écoute des groupes et styles différents mais je ne sais jouer que ce type de musique : du black metal cru et mélodique. C'est peut-être pour ça qu'on peut parler d'authenticité. Dans le sens où je joue ce que je sais et aime jouer et les mélodies me viennent naturellement. Tu ne seras donc pas surprise quand je te dirai que les influences de NOIRSUAIRE se situent du côté de GORGOROTH, DARKTHRONE, MARDUK, ENTHRONED, NASTROND et la scène française de la fin des années 90. Je ne pense pas que le fait de vivre dans les montagnes soit une influence sur ma musique, il y a plus de groupes en Norvège que dans les Pyrénées. Ça a une influence sur ma façon de vivre et mon bien-être, c'est sûr, et c'est déjà très bien.

Parle-nous du duo qu’est NOIRSUAIRE. Comment s’est faite la collaboration avec Agravh qui assure les parties de batterie et qui est connu pour son rôle dans BEYOND THE PERMAFROST et ACOD ? Etes-vous destinés à rester à deux ou penses-tu faire évoluer le groupe ? Je pense en prévision d’éventuels concerts par exemple ?
Je connaissais Agravh du temps où il jouait dans ACOD et c'est en parlant de nos goûts musicaux que je lui ai fait part de ces ébauches de chansons que j'avais de côté qu'il s'est proposé. Nous n'avons jamais répété ensemble, tout se fait à distance et c'est très bien. Il est le batteur parfait pour NOIRSUAIRE. Il correspond à une expression que m'a un jour dit un ami et qui m'a marqué : « Chaque instrument doit être au service de l'autre ». Mes expériences passées m'ont prouvé qu'on a beau avoir le meilleur riff du monde, il sonnera comme de la merde si le batteur fait n'importe quoi. Du vécu. Par le passé, j'ai dû jeter beaucoup de riffs en sachant que le reste du groupe n'arriverait pas à me pondre des parties à la hauteur. Vu la simplicité de ma musique, tu peux deviner le niveau pitoyable des gens avec qui j'ai joué. Son jeu relève ma musique et quand je reçois ses enregistrements, c'est déjà mixé. Qu'est-ce que je pourrais demander de plus ?
NOIRSUAIRE est fait pour fonctionner ainsi et restera tel quel. Je ne veux pas inclure une autre personne car elle s'y ennuierait et devrait se voir imposer ce mode de fonctionnement. Or, ça n'est pas le but. Pour ce qui est des concerts, j'ai reçu quelques propositions en France et à l'étranger mais sans un line-up live, je ne peux pas y répondre favorablement. J'ai récemment lancé un appel afin de trouver des musiciens pour du live mais je n'ai pas reçu de propositions intéressantes. Cependant, j'en ai eu une très amusante d'un individu qui a proposé ses services de "tour manager" en mettant en avant son expérience avec des noms tels que MARDUK, CARPATHIAN FOREST, etc. Aller démarcher un pauvre et obscur projet comme l'est NOIRSUAIRE quand on a une telle expérience, c'est touchant ! Ou alors le monsieur est un menteur. Bref.

NOIRSUAIRE, c’est pour le moment 4 EPs. Parmi eux figurent un enregistrement des sessions originales de deux morceaux de « Black Flame Of Unholy Tradition » et « Death Comes Ripping » qui contient deux reprises de THE MISFITS. On y reviendra plus tard mais pourquoi avoir choisi le format court plutôt qu’un album complet ? Est-ce une sorte de teasing, qui fonctionne ma foi à merveille ?
Je compose et enregistre de la musique et si je veux la sortir, je la sors. Même si j'ai actuellement et depuis un moment de quoi sortir plus d'un album, je préfère proposer des demos courtes car je considère qu'il est encore trop tôt pour faire un album. NOIRSUAIRE doit encore faire ses preuves et gagner en maturité. Et ça fait partie du cheminement traditionnel et inhérent à un projet de metal en général : d'abord des démos, puis un album.

Est-ce que tu peux nous parler un peu de ces reprises des MISFITS, plutôt ambitieuses ? Passer du punk au black metal, c’est un peu come faire le grand écart, non ?
Un label sud-américainn Masters Of Kaos Productionsn m'a récemment contacté pour sortir des rééditions de NOIRSUAIRE et il m'a parlé d'un projet de compilation où figureraient uniquement des reprises. Il m'a proposé une piste mais je devais rendre un titre fini en une semaine. J'ai choisi donc la simplicité et enregistré un morceau des MISFITS. Mais je n’ai pas pu résister à l'idée d'en faire un deuxième et de sortir ça sous la forme d'un EP 2 titres, disponible en digital uniquement. Les MISFITS, c'est la simplicité, un son brut, un univers sombre et ça reste très éloigné du style punk conventionnel. Ça ne me semble pas choquant d'en reprendre avec NOIRSUAIRE.

Revenons un peu sur l'avant dernier EP, « By The Screams of Porphyric Seraphs », paru en novembre et qui présente deux titres percutants et saisissants à la fois. De quoi vient l’idée de cette souffrance céleste ?
Ces deux titres devaient figurer sur l'EP « Black Flame Of Unholy Tradition » sorti en août sur Khaoszophy Productions mais ils m'étaient sorti de la tête car je suis très tête en l'air. J'ai retrouvé ces deux titres après la sortie de l'EP et j'ai décidé de les terminer et de les sortir moi-même car je ne me voyais pas demander à un label de s'engager sur une sortie aussi courte. Ça va d'ailleurs être réédité sous des formats différents.

Pour évoquer le côté visuel, NOIRSUAIRE reprend tous les codes du black metal traditionnel sur ses pochettes : noir et blanc, avec une iconographie très graphique, un logo agressif, du corpse paint, des bracelets à clous, des silhouettes encapuchonnées… Bref, on ne peut guère se tromper quant au contenu de vos albums en en découvrant la couverture ! Est-ce toi qui te charges de ces visuels également ?
Je gère absolument tout dans ce projet en dehors de la batterie. Au même titre que je ne sais jouer que ce style de musique, j'ai une connaissance limitée du design et je m'en tiens à ces visuels. De plus, c'est en adéquation avec le style et l'univers pratiqués : avec les moyens du bord avant tout.

Tu restes très mystérieux quant à ton identité, ce qui contribue à encore rendre plus intrigant ce groupe qu’est NOIRSUAIRE. Est-ce dans le but de justement titiller la curiosité des gens ou est-ce simplement de la pudeur ou une envie de rester dans l’ombre, finalement plus confortable que le feu des projecteurs ?
NOIRSUAIRE est très loin du feu des projecteurs ! Il se situe plus près de la lueur des bougies. Je suis convaincu que l'identité des musiciens n'est pas importante dans un tel projet. Il n'y a pas de quoi s'étonner même si ce type d'attitude est à des années-lumière de notre époque égocentrique où le moindre individu veut se trouver sous le feu des projecteurs, pour reprendre tes termes. On peut y voir de la pudeur, oui.

Quels sont les projets de NOIRSUAIRE pour cette année à venir ? Un album a priori ? On parlait aussi de concerts. Avez-vous quelque ambition en ce sens ?
Nous allons bientôt commencer à enregistrer le premier album. Je suis extrêmement impatient de le finir car je subis un blocage à son sujet. Dans le sens où tant qu'il n'est pas bouclé, je n'arrive pas à finir de nouveaux titres et embrayer sur de nouvelles sorties comme des splits. Et il y a énormément de nouveaux titres en travaux. Pour le moment, on peaufine quelques détails. J'échange avec la personne qui sera en charge du mastering afin qu'il me conseille au mieux pour que je lui rende un album qui ne soit pas trop galère pour lui, je continue d'apprendre quelques finesses liées à l'enregistrement car l'album sera lui aussi enregistré dans mon grenier aux murs de bois qui semble avoir fait marrer quelques-uns de tes confrères chroniqueurs. C'est dans cette pièce de ma maison que j'ai entreposé des instruments, un ordinateur, une carte son, des enceintes, un micro. Et vogue la galère. Beaucoup de musiciens appelleraient ça leur “studio" en y collant un nom pompeux, tant ces gens aiment l'exagération. Tu sais, ceux qui font des reports de répétitions via des posts Facebook où ils racontent qu'ils ont commencé un nouveau titre qui va mettre une claque à tout le monde ou que leur dernier concert a détruit la salle. Désolé, Aude, je m'égare ! Pour revenir à l'album, il y a quelques labels intéressés et je les remercie déjà. Une fois l'album enregistré, je pense étudier plus sérieusement la question des concerts, donc à trouver des musiciens live.

Janvier est traditionnellement lié aux vœux de début d’année. Que peut-on souhaiter à NOIRSUAIRE ?
De boucler cet album et de passer au suivant. Mais en ce qui me concerne, je te souhaite le meilleur pour cette nouvelle année.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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