
Un nouvel album de WARDRUNA est toujours une invitation à un voyage spatio-temporel magique. Magique évidemment dans le sens païen et non fantasy du terme. La musique d’Einar Selvik est l’œuvre d’un d’artiste contemporain mais surtout un énorme travail de transmission, tel le scalde, poète de la tradition scandinave.
Sur chacun des dix titres du sixième album « Birna », tout est symbolique, chaque mot, chaque son a du sens. Que ce soit au gré des captations naturelles, des chants poétiques masculins, des vocaux célestes féminins, des instruments acoustiques traditionnels, des rythmes de tambours chamaniques ou des chœurs, l’auditeur n'a qu’à fermer les yeux et se laisser emmener dans des paysages embrumés, mystérieux, verdoyants ou abîmés par les vents.
Cette fois, c’est le thème de l’ours qui est exploré. Cet animal emblématique de la Terre, cet outil d’introspection et de rattachement à nos racines mais aussi ce guide spirituel. Nous sommes placés au cœur du cycle de la vie, protégé par l’instinct primaire d’hibernation et la puissance maternelle. Les morceaux, comme à l’accoutumée, se veulent soit hypnotiques ("Himindotter", "Ljos Til Jord"), vivants et intenses ("Hertan", "Birna", "Skuggehesten"), pagan ("Dvaledraumar", "Tretale"), scaldique ("Hibjørnen"). Avec pour terminer un "Lyfjaberg" complètement envoûtant avec sa voix rauque, ses chœurs entêtants et sa rythmique captivante.
Il est difficile de décrire la musique de WARDRUNA : elle se vit, se ressent au plus profond de l’âme. Comment la qualifier alors ? « Birna » n’est pas un énième album de neo-folk, c’est un chef d’œuvre intemporel, inimitable et inégalable, ou seulement par les précédents albums du groupe. WARDRUNA va au-delà de proposer un son original et authentique, il transcende un genre souvent copié mais ré-enchante aussi un monde fait de superficialité.
On peut le dire, écouter WARDRUNA fait du bien, profondément. Ecouter « Birna » nous amène à nous reconnecter à la Terre qui nous porte, à notre être entier. Essentiel, simplement.