28 janvier 2025, 18:10

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 88

Blogger : Crapulax
par Crapulax


​Ah, le début d'année ! A peine remis de nos excès culinaires de décembre, on démarre avec la ferme intention de se calmer un peu, de se restaurer léger, de se remettre au sport pour perdre du poids mais c'est sans compter sur le piège de la galette des rois, en famille, au boulot ou entre amis ! Et puis plus tard, entre deux anniversaires et trois sorties au restaurant, les crêpes de la Chandeleur, Pâques avec ses cloches en chocolat et les fêtes foraines avec ses beignets, churros et barbes à papa ! Maintenant qu'on y pense : il n'y a pas un vegan qui aurait pensé à organiser une fête de la salade verte, la journée du radis, le festival de la biscotte au pain complet ? Non ! On aime manger, voilà c'est tout ! S'en mettre plein la panse à s'en faire péter la bedaine ! C'est un peu comme ça aussi avec le metal : on aime s'en mettre plein les oreilles, dans son casque bluetooth, en concert, dans les festivals et, bien entendu, dans les chroniques de Labels & Les Bêtes !
Alors... HARD FORCE vous souhaite une bonne dégustation et là sans aucune modération !

 

TORMENTOR TYRANT : « Excessive Escalation Of Cruelty » (Everlasting Spew Records)

Si ton voisin de palier te fait ch..., si t'as la vaisselle à faire mais qu'il y a un truc à la télé : écoute TORMENTOR TYRANT !
Si tes chaussures sentent le camembert, si ton créneau est toujours de travers : écoute TORMENTOR TYRANT !
Si t'as pas envie d'aller au boulot, si ça t'insupporte tout ce monde dans le métro : écoute TORMENTOR TYRANT !
Si t'es dans la fosse devant ton groupe favori et que t'as envie de faire pipi, si c'est trop tard, que c'était un rêve et que tu dormais dans ton lit : écoute TORMENTOR TYRANT !
Si tu as pété dans l'ascenseur et que pour fuir tes responsabilités tu jettes un œil accusateur sur ta sœur : écoute TORMENTOR TYRANT !
S'il fait moche, s'il fait froid, si t'es en panne au milieu de nulle part et qu'il y a personne autour de toi : écoute TORMENTOR TYRANT !
Si t'as un rhume au mois de juillet, si ton chat te griffe alors que t'as rien fait : écoute TORMENTOR TYRANT !
Et pour finir, si tu n'as rien compris à cette chronique, écoute TORMENTOR TYRANT !
(Crapulax)


TALES OF BLOOD : « Breath Of Repugnance » (Great Dane Records)

Du death metal classique, brut de décoffrage mais qui fait correctement le job. Voilà ce que proposent sans chichis les Parisiens TALES OF BLOOD, anciens BLOODBATH, dans le cadre de ce deuxième album.
De la pochette au choix des polices de caractère du livret (gothique pour les titres, style vieille machine à écrire pour les textes comme découpés et collés au stick), tout semble provenir d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, celui du tape-trading (les échanges postaux de copies de copies de copies de tel ou tel groupe) et des fanzines photocopiés recto-verso sur 3 pages. Du temps où les chroniques de death dans les magazines se comptaient sur les doigts d'une seule main. Bref, cela semble un peu préhistorique tout ça !
« Breath Of Repugnance » aurait donc pu être enregistré sur un magnéto à cassette, histoire d'aller jusqu'au bout du délire, mais cela aurait porté préjudice à certains titres comme "Storm of Maggots" ou "The Bloody Week" qui méritent bien mieux qu'un vieux son grésillant.
Bref, voilà un CD visuellement très sympathique avec un son qui ne l'est pas moins !
(Crapulax)


VOID OF HOPE : « Proof Of Existence » (Avantgarde Music)

Premier album pour le trio VOID OF HOPE directement importé des paysages gelés de Finlande, « Proof Of Existence » propose un black metal atmosphérique de toute beauté grâce à six titres mêlant avec habileté passages blastés et moments de grande sérénité.
Si le premier morceau "Gift Of Life" se veut plutôt lent et mélodique avec beaucoup d’atmosphères et de claviers, ses hurlements déchirants en font déjà une entrée glaciale dans un monde balayé par le blizzard. C’est avec le dissonant "Proof Of Existence" que cet univers devient de plus en plus mystérieux et obnubilant. Il est ensuite sublimé par l’excellent et riche "The Hollow Hymn". L’acoustique au piano "Inner Peace" renvoie à une plainte lugubre, alors que le très black et incisif "T.E.T.L" au break mélancolique nous pousse dans nos retranchements.
​Pour terminer, l’instrumental magnifique "Decaying Years" fait à nouveau la part belle aux claviers et à une grande nostalgie avec un final très caledonian qui donne la chair de poule. VOID OF HOPE a la frappe chirurgicale et sait nous toucher en pleine âme. C’est très prometteur pour la suite.
(Aude Paquot)


SKALDR : « Samsr » (Avantgarde Music)

Décidément, le label italien Avantgarde Music sort du bon son en ce délicieux mois de janvier. Une deuxième production qui a marqué nos oreilles est celle des Américains SKALDR. Ils sortent cette année leur deuxième album intitulé « Samsr ». Si l’inspiration du groupe vient de la scène black metal scandinave des années 90, elle se démarque par beaucoup de mélancolie avec des passages acoustiques touchants à la guitare arpégée ("Storms Collide" ou "Liminal"). Des titres comme "Parasite" ou "The Crossing" montrent une grande agressivité et l’influence non dissimulée de DISSECTION là où le plus mélodique "The Cinder, The Flame, The Sun" clôt l’album sur une note plus froide mais atmosphérique.
Les deux guitaristes jouant simultanément à de nombreux moments donnent une puissance toutefois maîtrisée et les chœurs épiques apportent un côté guerrier appréciable. Définitivement, le black metal mélodique de SKALDR, avec sa voix marquée et ses influences bien choisies, nous apporte une touche de modernité sur des rythmes et des riffs qui nous paraissent familiers.
​Entre harmonie mélodique et tourbillon chaotique, les sept titres de ce « Samsr » devraient interpeler les plus classiques des black metalleux que vous êtes.
(Aude Paquot)


A TERRE : « Embrasser la Nuit » (Auroproduction)

Originaire de Nouvelle-Aquitaine, ce quintet propose ici son premier album qui fait suite à trois EPs lui ayant permis de peaufiner son post-metal sombre et lancinant. Dans le sillage de groupes illustres tels CULT OF LUNA ou AMENRA, A TERRE a su sortir ici du simple exercice de style pour s’affirmer comme l’une des formations hexagonales les plus ambitieux en la matière. « Embrasser la Nuit » est donc à l’image de son titre : ténébreux. "ÂCÂB" débute d’ailleurs les hostilités par un riff dissonant qui évoque la grisaille avant de se lancer sur le ring avec "Paris sous les Tombes" dans un bruit diffus de larsens qui se mue progressivement en une vague de riffs inquiétants, masse rythmique aux allures de brusque mascaret.
​La basse est proéminente, la batterie monolithique et la voix d’écorché vif profère des incantations qui ne laissent pas de marbre. Les cinq autres titres naviguent avec malice entre ambiances de fin du monde et embardées sauvages où les guitares hurlent leur détresse à qui veut bien l'entendre. Et distillent tout du long un paysage sonore brumeux, inquiétant, tout en dégageant en toile de fond une véritable mélancolie, une sensibilité à fleur de peau. « Embrasser la Nuit » est un album sans la moindre concession, qui fascine autant qu’il envoûte : de la belle ouvrage assurément !
(Clément)


VERTEX : « The Purest Light » (Le Cri du Charbon)

Redoutable quartette originaire de Lyon, VERTEX convie ici à la noce du lourd, du gras, du dissonant sur dix titres où le matraquage se dresse en maître. Avec le rictus en sus. Ce premier album ne laisse guère planer le doute sur les ambitions du groupe : faire mal, mais faire mal avec une précision chirurgicale. Du noir, du gris, du goudron, du ciment au programme, le tout en s’adjoignant les services d'une rage sourde et cruelle. Kik Mastan la hurle, la vomit dès les premières notes balancées sans la moindre précaution.
Appuyé par une section rythmique remontée comme jamais, le vocaliste assure ici le job avec classe. A l’image de ses petits camarades qui viennent piocher dans ce qui se fait de mieux en la matière, le style pratiqué ici aura de quoi réjouir les fans de MESHUGGAH comme ceux des derniers DECAPITATED.« The Purest Light » est à ce titre un véritable labyrinthe truffé d'indices retors et de frénésie rythmique. Un puzzle à la simplicité apparente mais aux structures tortueuses dont le but avoué est de faire régner la confusion.
Une confusion savamment entretenue par l'imposante production où chaque coup de baguette sur les fûts résonne comme une rouste punitive. On en redemande !
(Clément)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
Ses autres publications