6 février 2025, 19:51

SAOR

Interview Andy Marshall


SAOR, le one-man band de caledonian black metal, revient en ce début d'année avec son sixième album « Amidst The Ruins », une plongée mystique entre passé et présent, entre forêts mystérieuses et montagnes hostiles, au son des guitares saturées et instruments folks. Andy Marshall, le leader, nous fait part de l’inspiration qui l’a animé pour la composition de ces cinq nouveaux morceaux.
 

Tout d’abord, tu étais en France il n’y a pas si longtemps. Comment s’est passée ta venue à Marseille ?
Eh bien écoute, c’était cool ! C’était notre dernier concert de l’année 2024 alors on s’est bien amusés. On a vraiment apprécié. On joue en France assez souvent et le public est toujours très réceptif. C’est génial.

Parlons de ton nouvel album « Amidst The Ruins » qui va sortir. Tu dois être impatient de le voir paraître car il est prêt depuis un moment...
Oh oui, il est prêt depuis plusieurs mois et j’ai vraiment hâte qu’il sorte.

Quelles sont les "ruines" que tu évoques dans l’album ?
Eh bien l’idée du titre de l’album m’est venu en randonnant au milieu de vieilles structures et au début j’ai pensé à « Walking Amidst The Ruins Of The Past ». Mais le titre peut aussi symboliser les ruines de notre société où les projets des gens sont ruinés par internet et les réseaux sociaux, où tout le monde réduit sa capacité d’attention. Il y a donc un double sens.

Un album très optimiste en soi !
Euh, je ne dirai pas cela en effet ! C’est aussi la raison pour laquelle j’ai décidé de faire des chansons si longues sur cet album car j’avais comme une espèce de rébellion qui montait en moi contre la courte capacité d’attention possible aujourd’hui. Je me suis dit que je ne ferai pas de chansons de 3 minutes mais plutôt de 15 minutes !

Pour en revenir aux ruines, tu as beaucoup de ces structures dont tu parlais près de l’endroit où tu vis ?
Oui, je suis approximativement à 20 minutes en voiture du Loch Lomond et à 1 heure de la nature où on trouve seulement des montagnes et des forêts. J’essaye d’y aller le plus souvent que je peux pour me déstresser et être loin des gens.

Est-ce que la spiritualité est importante dans ta vie ? Ta musique est très spirituelle, est-ce qu’elle s’inspire de ta vie personnelle ?
Oui, je n’utilise pas moi-même le terme de spirituel car il peut avoir une connotation religieuse que je n’aime pas spécialement car il peut vite devenir un peu prétentieux. Mais j’aime l’esprit des paysages, je dirais même plutôt l’influence de la nature, de la vie en général. Et c’est ça que je mets dans ma musique.

Et un peu d’atavisme aussi ?
Oui, probablement. J’aime relater le passé et dans cet album j’ai une chanson, "Glen Of Sorrow", qui traite d’un clan qui a été massacré par le gouvernement de l’époque. Comme tu le disais, c’est un album très optimiste ! C’est un événement historique important.


Il y a tout de même beaucoup de sérénité mais aussi de mystère qui règnent tout au long de l’album et qui nous donnent l’impression d’avoir tout un paysage à découvrir dans nos esprits et dans nos cœurs. Cela donne un sentiment de grande profondeur à l’écoute de l’album... Est-ce que c’est l’impression que tu voulais donner ?
Oui, j’aime penser chaque chanson comme un voyage à travers des paysages. Tu y traverses le temps fou de l’Ecosse qui passe de la pluie au soleil en deux secondes. Le moment où les nuages et le brouillard disparaissent est juste magique. Mais ce n’est pas quelque chose à laquelle je réfléchis. C’est comme naturel pour moi. Je ne peux donc pas te dire si c’est vraiment une volonté de véhiculer ce sentiment de sérénité dans mes chansons. Ce que je peux te dire, c’est que les atmosphères sont pour moi une des parties les plus importantes de la musique et ça ne passe pas nécessairement par des guitares heavy, des rythmes blastés, des hurlements. Cela peut résider dans quelque chose de bien plus simple comme des instruments à cordes, de la flûte ou de la cornemuse, des instruments plus folks. Et j’aime les passages de ces chansons où tout commence par du vrai black metal puis continue par quelque chose de beaucoup plus doux, de plus atmosphérique. Ça a toujours été ma vision pour SAOR.

As-tu besoin de te trouver dans un état d’esprit particulier quand tu composes un album ou les idées te viennent-elles à l’esprit juste comme ça ?
Depuis que je suis tout petit, j’aime écrire des chansons et j’ai toujours été très créatif. Pouvoir t’exprimer à travers la musique est incroyable. J’ai appris la guitare pour écrire des chansons, j’aime l’écriture, j’aime construire. Donc je ne crois pas avoir besoin d’être dans un état d’esprit spécial pour composer. Quand j’ai écrit cet album, cela a mis du temps avant que je sois à l’aise avec les compositions. Il y a plein de petites choses pour lesquelles je n’étais pas satisfait. Quant tu écris une bonne chanson, tu peux probablement en écrire dix, mais il y a toujours un moment dans le temps où tu as la source d’inspiration qu’il te faut puis elle repart... Il faut juste attendre que ça revienne, recharger les batteries. Mais j’ai besoin que les idées viennent d’elles-mêmes, naturellement.


Est-ce que c’est difficile de travailler seul à l’écriture d’un album ?
En fait, je n’étais pas vraiment seul à travailler sur cet album car j’avais Ella (Zlotos) qui s’est occupé des flûtes, des cornemuses et du chant féminin. Bien sûr, je reste le compositeur primaire mais j’aime écrire différentes parties de guitare, de basse, de batterie. Je ne trouve pas cela très dur. Je pense au contraire que le plus dur à gérer dans un groupe, ce sont les autres membres car quand tu confrontes toutes les idées, il peut y avoir beaucoup d’argumentations et de temps passé à débattre. Je pense que tous les grands groupes ont un seul compositeur de base. En tous cas, je trouve cela très confortable et en plus très satisfaisant de faire tout moi-même.

Si on compare « Amidst The Ruins » à « Origins », il semble que les chansons soient plus extrêmes dans le sens où les parties épiques sont plus théâtrales et quand viennent les passages plus atmosphériques, ils sont encore plus dans l’émotion. Est-ce le cas où est-ce juste mon ressenti ?
« Origins » était plus expérimental car les chansons étaient très courtes, à peu près la moitié du temps des chansons de cet album. C’était d’ailleurs très étrange pour moi d’écrire des chansons si courtes. Et je pense que le feeling à travers « Origins » est bien plus pagan metal que black metal. Je pense que c’est un bon album mais celui-ci revient aux rythmes blastés, aux guitares lourdes, des moments très atmosphériques. Donc oui, les morceaux sont plus extrêmes sur « Amidst The Ruins » que sur « Origins », bien plus atmosphériques en tous cas. Quand tu écris des chansons de 5 minutes, il est difficile d’y mettre toutes les nuances que tu veux. Alors qu’avec des chansons de 13 minutes, tu as beaucoup plus de temps pour y poser des atmosphères et différents éléments.


En parlant d’atmosphères, est-ce que tu peux nous parler de "The Sylvan Embrace" qui est un morceau très éthéré, céleste, onirique, impressionnant ?
On a fait plein de concerts acoustiques l’an passé et on a eu beaucoup de retours positifs donc j’ai eu l’idée d’écrire un morceau acoustique pour cet album. Quelque chose de différent, pas de metal, juste des éléments folks. J’ai fait appel à Jo Quail qui y joue du violoncelle de façon impressionnante. C’est une espèce d’essai pour éventuellement un futur album acoustique. J’ai hâte de connaître la réaction des gens à cette musique. Ça change des autres chansons très black metal ! Mais je pense que ça ressemble à du SAOR quand même.

Et c’est toi aussi qui écrit les parties de violoncelle, de flûtes... ou est-ce que tu en demandes l’écriture à tes invités ?
C’est à peu près moitié moitié. Je compose tous les éléments principaux ou j’écris les partitions pour guitare et on adapte aux autres instruments mais Ella a créé ses parties aussi, ses lignes de chant. Pour le violoncelle en revanche, c’est exclusivement Jo Quail qui a écrit ses parties.

Est-ce que tu sais toi-même jouer des instruments folks qui t’accompagnent ?
Je sais jouer de la flûte pour laquelle j’ai écrit toutes les parties et dont j’ai joué sur l’album et sur l'album « Forgotten Paths ». Je ne sais cependant pas jouer de violoncelle ni de batterie, que je programme donc. Puis j’ai un batteur de session qui vient enregistrer ses parties. Ce qui est intéressant, c’est d’écrire les parties des autres instruments et les faire jouer à d’autres musiciens qui en changeront complètement le son.

Et est-ce que tu peux nous parler de la pochette de l’album, très spirituelle aussi, avec ce Druide qui pourrait être comme l’auditeur qui parviendrait à maîtriser les mystères anciens ?
Oui, c’est un peu l’idée que je voulais y mettre. Le Druide encapuchonné est un peu comme un voyage dans le temps. Cela représente l’infini des paysages écossais, quelqu’un qui revient du passé et qui est toujours le même. Cette pochette représente parfaitement la musique de l’album à mon avis.

As-tu quelques concerts prévus en France pour la promotion de « Amidst The Ruins » ?
Oui, à Paris déjà en avril, j’en suis sûr, puis Lyon. Mais il y aura sûrement d’autres concerts à venir. On va aussi jouer en Bretagne à l'Ar'Vran Fest en juillet. On a hâte de jouer nos nouvelles chansons, avec une nouvelle set-list. En attendant, j’espère que vous aimerez l’album.​
 

  

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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