1 mars 2025, 11:30

DIRKSCHNEIDER

"Balls To The Wall Reloaded"

Album : Balls To The Wall Reloaded

Nous avons 40 bougies à placer sur le gâteau. Udo, avec son groupe DIRKSCHNEIDER, nous propose le réenregistrement d'un l’album référentiel du heavy metal. C’est vrai qu’un dépoussiérage, ce n'est pas forcément une mauvaise idée. Il va falloir ACCEPT-er des riffs autres que ceux issus des doigts magiques de Wolf Hoffmann, et surtout le concept original de revisiter la structure musicale et vocale, en invitant des acteurs du heavy metal. Et pourquoi pas ?

Commençons par le grand commencement. "Balls To The Wall" ouvre sur un duo entre Udo et Joakim Brodén de SABATON, soit un alpha et un oméga générationnel dans le heavy metal. Nous retrouvons ce balancement de riffs acérés, comme jailli des forges teutoniques, naguère. Peter Baltes à la basse est de retour, léger hoquet de surprise en entendant la voix swedish-pagan complétant celle éraillée du maître ; toutefois, ce n’est pas pour déplaire. Dans l’ensemble, on demeure dans l’hommage respectueux avec des effets plus modernes. Udo a toujours su s’entourer de musiciens talentueux qui connaissent leurs gammes, tout en osant les effets nouveaux. Sans révolutionner son monde, le tube interplanétaire s’écoute avec plaisir en reprenant ces délicieux « ho ho hooo » à son compte. L’hommage PRIEST-ique "London Leatherboys" est joliment rafraîchi, grâce à un mixage énergique et la voix reconnaissable entre mille de Biff Byford de SAXON. Les deux frontmen accordent à merveille leur complémentarité vocale. Nous sommes montés d’un cran dans l’émotion "cris et châtiments". Plus loin, un maître chanteur du thrash en la personne de Mille Petrozza de KREATOR revisite sauvagement "Fight It Back". Judicieux choix qui voit le titre luire d’un éclat heavy thrash de grande qualité. Du metal qui vaut son pesant de gratte et de tabassage rythmique. J’adore !

"Head Over Heels" avec Nils Molin de DYNAZTY, un groupe qui a le vent en poupe, si vous avez écouté son dernier album (une tuerie), porte un classicisme absolu que personne n'altèrera, tout en variant habilement ses soli. C’est le suivant, "Losing More Than You’ve Ever Had", où DIRKSCHNEIDER invite Mickaël Kiske, la légende vivante d'HELLOWEEN, qui va complètement défriser les permanentes des vieux graisseux. Bon dieu, cette voix qui jadis nous offrit les 7 clefs de l’extase musicale vient nous claquer les oreilles avec celle de Udo. Le morceau s’offre ainsi une seconde vie surprenante, chair de poule garantie dans un heavy metal poussé à son paroxysme. C’est vraiment dans les vieux pots qu’on fabrique une confiture divine. En parallèle, vous pouvez retrouver Michael Kiske sur le dernier AVANTASIA. Côté guests "modernes", nous ne sommes pas en reste : "Love Child" voit Ylva Eriksson de BROTHERS OF METAL adosser une subtile voix claire contre le chant tellement mâle d'Udo, tandis que Danko Jones personnalise "Turn Me On" avec un groove metal dépaysant. Le tout emballé dans un son pesant de riffs gras.

Si "Losers And Winners" garde son agressivité, Dee Snider est excellent dans un apport vocal superbement bad boy. Retour en grâce des anciens, Tim "Ripper" Ovens devient l’un des "Guardian Of The Night". La gloire est rendue aux hommes de l’ombre dans une relecture empreinte d’éclats halfordiens. Pour "Winter Dreams" apparaît, sans surprise, la reine Doro Pesch, pour un duo des plus sensuels et romantiquement germain... ou germaniquement romantique ?

Ce « Balls To The Wall Reloaded » de DIRKSCHNEIDER offre un nouveau reg-hard rock. Une remise à niveau qui en soi est une belle réussite. En espérant que Wolf n’ait pas trop les crocs qui luisent de contrariété.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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