
Enfin ! Entre bruits de couloir lassants et rêve improbable devenu réalité, nous n’attendions même plus ce jour. Et pourtant, c’est bien PANTERA que nous admirons écrit en toutes lettres sur notre billet de concert, et nous prenons un plaisir quelque peu coupable à revivre cette effervescence propre aux grands pèlerinages. Certes, nous avions déjà eu droit à un ou deux morceaux par-ci, par-là en festival de la part de Phil Anselmo and Friends, mais là on décroche la cymbale, PANTERA rallume les amplis pour de bon.
On arrive pour la caution thrash de la soirée, POWER TRIP. Son premier point commun avec la tête d’affiche : le Texas. Et dans un registre un peu moins joyeux, il s’agit d’un autre groupe sinistré, retiré mais désormais rescapé, dont il serait fort dommage de ne pas profiter. Son nouveau chanteur Seth Gilmore, remplaçant le regretté Riley Gale, ne ménage pas ses efforts devant cette salle en très grande partie remplie. Leurs compositions aussi abrasives que dotées de cette impression de souplesse, vont leur permettre de grappiller une petite place dans l’intérêt de ce public un tantinet timide, mais de bonne volonté. Oscillant entre tradition et modernité, leur état d’esprit est franchement représentatif de ce style si intemporel. Vaille que vaille, ils semblent bien partis pour que ça dure encore.

Le temps de prendre un verre, de prendre une photo souvenir de l’immense rideau floqué d’un PANTERA rougeâtre, qui masque avec suspens la scène, les cow-boys de l’enfer nouvelle génération débarquent avec un titre de circonstance "A New Level". Ça commence très fort, et le palpitant de toute l’Arena s’emballe. Si les sceptiques avaient entendu "Mouth For War" enchaîné sur le lourd et rapide "Strength Beyond Strength", ils auraient compris qu’ils ne sont pas venus pour coller des gommettes.
Et ce n’est que le début ! La set-list se déroule toute seule, avec tellement de fluidité et de naturel qu’on en oublie toute notion du temps. "Becoming", "I'm Broken", "This Love"... soit un tube à chaque première note. L’équation est simple, et tout le monde en redemande. Le son est nickel et le show à l’américaine - mais à la fois sobre, preuve d’une maturité et d’une sacrée maîtrise de la scène des quatre musiciens - est à la hauteur de nos espérances.

L’image des frères Abbott aura bien évidemment été présente tout au long du concert, avec suffisamment de pudeur et de respect pour ne pas tomber dans le mélodrame, ou la psychothérapie. Évoquons tout de même les vidéos d’archives diffusées sur écrans géants, et leurs visages sur la quadruple grosse caisse de Charlie Benante. Dans une certaine mesure, la présence de Zakk Wylde à la guitare, alter-ego de l’immense et irremplaçable Dimebag, est en soi un hommage vivant, car qui de mieux placé pour prendre une telle relève ?
Comme un show des Texans sans un invité surprise n’est pas vraiment dans les habitudes, le hasard veut qu’un certain Bruce Dickinson, aussi francophile que parisien, soit dans les parages pour donner le clou du spectacle. De noir vêtu, capuche sur la tête, on n’aurait presque pu ne pas le reconnaître. Jusqu’au chant bien sûr, car ce "Walk" magistral entre deux chanteurs de metal d’exception restera, sans nul doute, dans les mémoires.
Ça sent la fin avec le must du must "Cowboys From Hell", dont la chaleur de la pyrotechnie se fait sentir jusque loin dans l’auditoire.
On se quittera en beauté avec "Fucking Hostile" et l’ultime "Yesterday Don't Mean Shit". PANTERA nous a offert une prestation 5 étoiles, digne de celles d’autrefois... Alors, oui, nous n’avons eu qu’une moitié de PANTERA, et ça gigote moins dans tous les sens, comme au bon vieux temps (y compris dans la fosse). Il faut se rendre à l’évidence que la magie d’antan est un lointain souvenir, mais n’en déplaise aux rageux, ce soir, cette magie fut largement ravivée et la belle histoire a continué de s’écrire pour le groupe et son public.
Photos © Régis Peylet - Portfolios : PANTERA - POWER TRIP
